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Justice pour Georges Floyd !

Un procès sous haute tension : Derek Chauvin comparaît pour le meurtre de George Floyd

Cette semaine s’ouvrait le procès de Darek Chauvin, le policier responsable de la mort de Georges Floyd. Un procès hautement politique, dont l’enjeu sera de calmer l’immense colère contre le racisme systémique qui s’est exprimée dans les rues au printemps dernier.

Enora Lorita

10 mars 2021

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Le 25 mai 2020, Georges Floyd était sauvagement tué par des policiers américains. Alors qu’il hurlait plus de vingt fois « Je ne peux pas respirer ! », menotté et couché sur le ventre au sol, Derek Chauvin, policier, était filmé à genoux sur son cou. Georges Floyd mourrait d’étouffement quelques instants plus tard.

Cet acte barbare avait provoqué, d’abord aux États-Unis puis partout dans le monde, des mobilisations sans précédent contre les violences policières et le racisme systémique. Aux États-Unis notamment, la succession de nuits de révolte avait conduit à l’instauration d’un couvre-feu dans plus de quarante villes du pays, et le déploiement de la garde nationale. Trump avait même été contraint de se réfugier dans un des bunkers de la Maison Blanche, alors que des manifestations étaient en cours devant le bâtiment présidentiel.

C’est dans ce contexte que s’est ouvert, cette semaine, le procès de Darek Chauvin. Ce dernier comparaissait libre, après avoir été libéré sous caution en octobre dernier. Les trois autres policiers, mis en examen pour « complicité de meurtre », seront quant à eux jugés en août.

« Homicide involontaire » ou « meurtre non-prémédité »

Après la mort de Georges Floyd, la justice a tout d’abord qualifié l’évènement d’« homicide involontaire ». Cette qualification impliquait donc que Derek Chauvin aurait malgré lui provoqué la mort de Georges Floyd. Face aux manifestations historiques qui ont succédé au 25 mai, s’étendant à l’international, les autorités judiciaires ont été contraintes de reculer et de requalifier le crime en « meurtre non-prémédité ». La question de la qualification est importante, puisque la peine de prison est bien plus lourde lorsque l’acte est volontaire.

C’est sur ce point qu’a commencé le procès, reporté d’un jour sous la pression de la Cour d’appel du Minnesota, qui a exigé un réexamen de la possibilité d’une qualification en « meurtre de troisième degré », excluant donc la notion d’intention. La question de la qualification n’étant toujours pas tranchée, le juge Peter Cahill a tout de même décidé d’ouvrir le procès mardi 9 mars. Si la qualification meurtre était retenue, il s’agirait d’une première. Entre 2005 et 2015, selon une étude du Washington Post, seuls onze policiers ont été condamnés, pour des milliers de meurtres racistes. Un moindre coût à payer pour les autorités américaines, pour qui l’enjeu est d’apaiser la colère qui s’est exprimée autour de cette affaire, mettant notamment en lumière le caractère systémique des violences policières.

Un procès pour calmer la colère

A Minneapolis, la veille de l’ouverture du procès, plusieurs milliers de manifestants ont défilé derrière un cercueil blanc, en hommage à Georges Floyd.

Lundi 8 mars, un millier de personnes se sont également rassemblées pour l’ouverture du procès. L’ensemble de la ville a été militarisée, par l’opération Safety Net, qui consiste à augmenter le nombre de policiers mobilisés. De plus, 2000 soldats de la Garde nationale ont été sollicités, et des clôtures en béton ornées de barbelés ont été installées tout autour du tribunal. Une installation qui aurait coûté un million de dollars.

L’avocat de Derek Chauvin a donné les premiers éléments de sa défense. Ce dernier compte avancer la thèse selon laquelle Georges Floyd serait mort d’une overdose au fentanyl, alors même que l’autopsie a admis que c’était la pression exercée sur le cou par le policier qui lui avait été fatale.

De leur côté, les démocrates ont avancé un projet de loi dont l’objectif serait d’interdire certaines pratiques policières, porté par la députée Karen Bass. Bien que le projet ait été adopté par la chambre basse du Congrès américain, les chances pour qu’il passe au Sénat sont minces puisqu’il faudrait le soutien de dix sénateurs républicains. De plus, ce projet apparaît clairement comme une tentative de cooptation de Biden, tant les changements proposés sont marginaux.

Un procès donc hautement politique, puisque l’enjeu pour la justice et pour Biden est de canaliser la forte colère qui s’est exprimée dans les rues au printemps dernier. Le délibéré ne sera pas prononcé avant fin avril, mais il est fort à parier que celui-ci sera plus sévère qu’à son habitude, pour ne pas provoquer une nouvelle vague de révoltes. Pourtant, il y a encore quelques jours, la justice américaine nous rappelait son vrai visage, innocentant les policiers mis en cause dans le meurtre raciste de Daniel Prude, alors même que celui-ci avait également été filmé.


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