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Violences d'État

« Un policier me braque son LBD sur le visage » : témoignage d’un lycéen interpellé lors d’un blocus

« Ils me sautent dessus, je me retrouve plaqué au sol, un policier appuie de tout son poids son genou sur mon dos, pendant qu’un autre me braque son LBD sur le visage » : dans le cadre de la campagne contre la répression lancée par Le Poing Levé, nous relayons ci-dessous le témoignage de Simon, élève en première au lycée Jean Macé à Rennes.

Le Poing Levé

23 mai 2023

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« Un policier me braque son LBD sur le visage » : témoignage d'un lycéen interpellé lors d'un blocus

Crédits photo : Hubert2T

Ce témoignage a été recueilli dans le cadre de la campagne anti-répression menée par le collectif jeune de Révolution Permanente, le Poing Levé. Pour y participer également et témoigner, vous pouvez remplir ce formulaire.

Le Poing Levé : Bonjour, merci de nous accorder ton témoignage. Peux-tu commencer par te présenter et revenir sur ton investissement dans la mobilisation contre la réforme des retraites ?

Bonjour, je m’appelle Simon*, et je suis en première au lycée Jean Macé à Rennes. Je milite depuis environ un an, mais surtout activement depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites, me mobilisant dans mon lycée et en manifestation.

Le Poing Levé : Tu as été placé en garde-à-vue lors d’une journée de mobilisation lycéenne le mardi 16 mai. Peux-tu nous raconter ce qu’il s’est passé et comment s’est déroulée ton arrestation ?

Il était 7h du matin, j’étais présent à un blocus de mon lycée, quand les policiers sont arrivés pour tenter de débloquer, sans succès. La police municipale et la CI (compagnie d’intervention) sont arrivées avec 2 camionnettes. Nous étions une quinzaine de lycéens à ce moment, et les policiers nous ont chargé une première fois, ils étaient une dizaine. Les policiers nous provoquaient, étaient très agressifs : « on va vous enculer, allez y venez ! ». Je me suis mis à courir et je me suis retrouvé à être poursuivi par une camionnette de la CI.

Alors que je suis en train de courir, le fourgon accélère, me dépasse, et dérape devant moi. 5 policiers sortent du camion, ils me sautent dessus, je me retrouve plaqué au sol, un policier appuie de tout son poids son genou sur mon dos, pendant qu’un autre me braque son LBD sur le visage alors que j’étais immobilisé et au sol. Mon k-way a été déchiré dans la violence de l’interpellation et mon bonnet m’a été arraché et ils ne me l’ont jamais rendu.

Ils m’ont ensuite précipité dans leur camionnette, et un policier m’a tiré les oreilles et les cheveux très très forts en me traitant de « petit con », qu’il me défonçait en un contre un, et autres nombreuses insultes, menaces physiques et intimidations.

J’ai ensuite été amené au commissariat, il était environ 7h30. C’était ma première garde à vue, je ne pensais pas que ça pouvait m’arriver un jour. J’étais dans une cellule avec deux autres personnes, je n’avais même pas un mètre carré d’espace, j’étais tellement coincé que j’ai eu mal au dos pendant deux jours ensuite. Ma garde-à-vue a duré 10h, je suis sorti à 17h30.

Pendant que j’étais encore dans le commissariat, un rassemblement de soutien avait été organisé devant le commissariat central, et entendre les slogans comme « libérez notre camarade » m’a fait énormément de bien et m’a donné beaucoup de courage.

Le Poing Levé : Après ces violences, est-ce que ton rapport à la mobilisation a évolué ? Et ton rapport avec la police ?

Je suis toujours très sonné des violences que j’ai subies mardi et j’ai conscience du fait que maintenant les policiers me connaissent, et cela ne me rassure pas. Mais au fond ça ne va pas changer grand-chose, je n’ai pas envie d’arrêter de me mobiliser, c’est bien trop important pour moi, même si maintenant je suis beaucoup plus conscient du « risque » de la violence de l’État et de sa police. Par contre, c’est vrai que j’éprouve de l’appréhension à l’idée de bloquer à nouveau mon lycée.

J’étais déjà très radical avant mon arrestation, donc cela ne fait que radicaliser ma haine de Macron, son monde et sa police qui tabasse des lycéens. Cela me motive encore plus à me mobiliser, à l’inverse de l’effet voulu.

Mon interpellation n’a pas été la seule violence de la journée, les policiers sont revenus plusieurs fois mettre la pression aux camarades qui bloquaient, en volant des tracts et en multipliant les contrôles d’identité, face à l’administration du lycée qui est restée complètement passive, face à des policiers qui allaient même jusqu’à menacer directement les surveillants du lycée.

Ci-dessous le communiqué du collectif Jean Macé en lutte :

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*Le prénom a été modifié.

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