×

MOYEN-ORIENT

Un drone américain abattu par l’Iran : nouvelles tensions au Moyen-Orient

Un drone de surveillance de l’armée américaine a été abattu par les forces iraniennes. Selon ces dernières, le drone volait dans l’espace aérien iranien, mais Washington affirme qu’il se trouvait en zone internationale, au-dessus des eaux du détroit d’Ormuz.

Facebook Twitter

Crédits photo : TRISTAN D. VIGLIANCO / AFP

Hossein Salami, le commandant des corps des Gardiens de la révolution islamique, l’armée au service de l’ayatollah qui a abattu l’engin, a déclaré que l’Iran “n’a aucune volonté de faire la guerre avec quiconque, mais nous y sommes prêts” et a averti les États-Unis que les frontières iraniennes étaient “une ligne rouge” à ne pas dépasser. Les États-Unis contestent la version de Téhéran : le drone aurait été abattu alors qu’il survolait une zone internationale.

Escalade des tensions entre les États-Unis et l’Iran

Cet incident ne fait qu’accentuer les tensions dans la région, au plus haut depuis le 13 juin, jour de l’attaque de deux pétroliers japonais et norvégien dans le détroit d’Ormuz. Trump et son administration ont rapidement accusé l’Iran, s’appuyant sur des informations fournies par les services américains, et ont dénoncé “une menace claire pour la paix et la sécurité internationales, une attaque flagrante contre la liberté de navigation”.

Trump avait annoncé en réponse l’envoi de 1000 soldats américains supplémentaires dans la région. Cette décision renforce la ligne de pression maximale envers l’Iran définie par Trump, et accroît encore les risques d’escalade dans un conflit au Moyen-Orient.

Le détroit d’Ormuz est une zone stratégique clé qui voit transiter quotidiennement jusqu’à 20% du pétrole mondial, et qui cristallise aujourd’hui les tensions entre les deux puissances. Le Washington Post explique que le détroit “est l’une des voies de transport de pétrole les plus cruciales au monde. Environ un tiers du trafic pétrolier mondial passe par le détroit, bordé par l’Iran et Oman. En 2016, 18,5 millions de barils de pétrole y étaient acheminés chaque jour, ce qui en faisait la voie maritime la plus importante au monde pour les approvisionnements en pétrole de nombreux pays.”

Vers une guerre entre les deux pays ?

Jusqu’à présent, la stratégie du gouvernement de Trump en Iran a consisté à pressurer le pays et l’isoler par le biais de tout un arsenal diplomatique et économique. A terme, l’objectif est de faire entrer de force l’Iran dans des négociations qui seraient favorables aux intérêts de l’impérialisme américain. Trump s’est ainsi retiré des accords avec l’Iran sur le nucléaire, et a imposé des sanctions économiques au régime iranien et à ses partenaires commerciaux. De plus, il a déployé des navires de guerre aux abords de la région, plus dans un objectif d’avertissement politique que de préparation militaire pure.

Sur le plan électoral, Trump n’a pas non plus intérêt à déclencher une guerre probablement très longue et coûteuse qui,l, bien qu’envisagée par l’aile la plus dure de son administration, notamment les hauts responsables Mike Pompeo et John Bolton, le rendrait globalement impopulaire.

En privant Téhéran d’une partie de ses ressources économiques, Washington a réduit son influence dans la région et a accentué les tensions internes dans le pays, menaçant de déstabiliser une région hautement inflammable. Le pays est désormais étranglé suite à la pression maximale de la ligne Trump et a menacé de reprendre son programme nucléaire. D’un point de vue politique et militaire, l’Iran n’a pas les moyens d’entrer dans une guerre directe avec la superpuissance étatsunienne ; en outre, cela ne lui permettrait pas de sortir de l’isolement géopolitique imposée par les Etats-Unis depuis plusieurs années, et renforcée depuis l’arrivée au pouvoir de Trump. Loin d’avoir servi ses objectifs, la ligne de pression maximale n’a fait que renforcer la confrontation avec l’Iran.

Ainsi, bien qu’aucun des deux pays n’aient intérêt à provoquer un conflit armé direct, de nombreux facteurs sont toutefois susceptibles d’entraîner les deux acteurs dans une escalade imprévue, étant donnée la difficulté de leurs relations diplomatiques, qui pourrait entraver toute tentative de désescalade de la situation.

Si un conflit semble pour le moment peu probable, le regain de tension provoqué par l’abattage du drone, qui s’ajoute à l’envoi de militaires supplémentaires par les États-Unis accentue grandement le risque d’incident qui pourrait avoir des répercussions géopolitiques profondes sur marché de l’énergie et des conséquences funestes s’étendant à toute la région du Moyen-Orient.


Facebook Twitter
Frappes iraniennes : le soutien des pays arabes à Israël marque un nouveau rapprochement

Frappes iraniennes : le soutien des pays arabes à Israël marque un nouveau rapprochement

Génocide à Gaza : des armes, des affaires et des complices

Génocide à Gaza : des armes, des affaires et des complices

Attaque contre l'Iran : Israël limite sa riposte mais les tensions persistent

Attaque contre l’Iran : Israël limite sa riposte mais les tensions persistent

Etats-Unis. A l'université de Columbia, la répression du soutien à la Palestine s'intensifie

Etats-Unis. A l’université de Columbia, la répression du soutien à la Palestine s’intensifie

28 salariés de Google licenciés pour avoir dénoncé le génocide en Palestine

28 salariés de Google licenciés pour avoir dénoncé le génocide en Palestine

Veto à l'adhésion de la Palestine à l'ONU, ou l'hypocrisie des Etats-Unis sur les « deux États »

Veto à l’adhésion de la Palestine à l’ONU, ou l’hypocrisie des Etats-Unis sur les « deux États »

Argentine : Les sénateurs augmentent leurs salaires de 170% en pleine crise économique

Argentine : Les sénateurs augmentent leurs salaires de 170% en pleine crise économique

Invasion de Rafah : comment la bourgeoisie égyptienne tire profit des menaces d'Israël

Invasion de Rafah : comment la bourgeoisie égyptienne tire profit des menaces d’Israël