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Mouvement étudiant

Un congrès de l’UNEF en plein milieu des présidentielles

Photo : Unef C'est dans ce contexte difficile, dans un congrès se tenant l'année où l'UNEF perd sa place de « première organisation étudiante » au profit de la FAGE que Hamon, Alexis Corbière pour la France Insoumise et François de Rugy pour En Marche sont venus défendre leurs propositions pour les universités et la jeunesse, et n’ont pas manqué de se faire interpeller.

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Un enjeu important pour les deux candidatures de gauche (Hamon et Mélenchon)

 
Pour Hamon, qui avait pu compter sur le Mouvement des Jeunes Socialistes (qui dirige l’UNEF et dont il a été président) pour mener sa campagne à la primaire du PS, l’enjeu était d’autant plus important qu’il est en proie à la solitude dans son propre parti et que même dans le MJS, les défections commencent à poindre. En effet, entre les démissions dans le 93 critiquant la « timidité » des frondeurs et celle des autres cadres de l’organisation qui souvent rompent pour rejoindre la France Insoumise ou en signe de protestation du fait que la gauche se présente en ordre dispersé, Hamon est loin d’être certain de ses appuis dans la jeunesse.

Or comme le savait Valls en intégrant dans son équipe de campagne à la primaire l’ancien président de la FAGE Alexandre Leroy, s’assurer des relais dans la jeunesse est une condition importante pour se constituer une base sociale dans ce secteur de la population.

Le fait que cette année l’UNEF tienne un congrès deux semaines avant les élections, contrairement à 2012 où il n’y en avait pas eu, aurait pu constituer un point d’appui important pour le candidat socialiste qui par ailleurs finance le syndicat sur ses réserves parlementaires. Seulement la concurrence était au rendez-vous avec Alexis Corbière, représentant de Mélenchon. Le fait que Hamon ait eu droit à une estrade et un pupitre ainsi que presque 50 minutes de paroles contre une vingtaine pour ses deux concurrents, par ailleurs assis sur des chaises et invités tous deux le lendemain de Hamon, est certainement dû au fait qu’il reste LE candidat de la direction de l’organisation, en grande partie au MJS, mais ça n’est en rien une garantie qu’il sera LE « candidat de l’UNEF » de la base, tiraillée entre les deux principaux candidats de gauche.

Dans cette situation où le Parti Socialiste est mis à mal après le quinquennat antisocial de Hollande, la France Insoumise tente de s’engouffrer dans la brèche. En effet, pour Mélenchon qui est en train de prendre peu à peu l’espace politique du PS désormais en lambeaux, pouvoir influencer une organisation telle que l’UNEF serait une aubaine. C’est en ce sens qu’Alexis Corbière, se présentant lui aussi comme ancien militant de l’organisation syndicale a avancé comme première « bataille » nécessaire, de mettre un terme à l’autonomie des universités et à la privatisation de celles-ci, une attaque à demi-mots contre Hamon qui a soutenu ces politiques lorsqu’il était au gouvernement.

Hamon, rempart à la libéralisation de l’université ?

 
Quand un militant lillois l’interpelle sur cette même question ainsi que sur celle de la fusion des universités (comme c’est actuellement le cas de celles de sa ville), le candidat à la présidentielle est resté très évasif sur le sujet. En effet non seulement il ne s’est pas prononcé sur la question de l’autonomie mais il n’a pas remis en cause les processus de fusion, dont les conséquences sont pourtant dramatiques, s’en tenant à dire que la fusion ne « devait pas être imposée », alors qu’il sait très bien que celle-ci est souvent votée par des conseils d’administration où une majorité d’élus étudiants y sont opposés et qui bien souvent doivent se tenir sous protection policière, ce qu’il n’a par ailleurs jamais dénoncé. Ce n’est en réalité pas étonnant car Hamon a été un acteur important de la mise en place de ces processus de fusion qui connaissent dernièrement une accélération nationalement, de même que de l’autonomisation des universités.

En effet, celui-ci a succédé comme ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche en 2014 à Fioraso, qui avait mis en place la loi LRU 2 dans la continuité de celle de Pécresse, enfonçant le clou de l’autonomie des universités, de la présence des intérêts privés en son sein et bien entendu des fusions. Non-seulement celui-ci n’a jamais dénoncé la politique de sa prédécesseuse, la direction de l’UNEF dont il est très proche a ouvertement trahi le mouvement étudiant en signant la loi, mais il est aussi ouvertement partisan de ces « regroupements » qui constituent une offensive néolibérale de très grande envergure sur les universités. Et le candidat aura beau avoir longuement parlé dans son discours de la lutte contre la sélection et l’augmentation des frais d’inscriptions, ce que celui-ci a oublié de dire c’est que bon nombre des fusions aboutissent à... une élitisation drastique des universités ainsi qu’à une augmentation de parfois plusieurs milliers d’euros des frais d’inscriptions.

Et lorsque le candidat tente de rattraper celles et ceux tentées par Macron pour faire barrage au FN en disant que le programme de celui-ci, de par son caractère anti-social, est un « marche-pied à l’extrême droite », ce qu’oublie de dire le candidat du PS c’est que lui non-plus n’est pas en reste dans l’attaque de nos droits et acquis, notamment ceux de la jeunesse. Et ses mesures telles que le revenu universel ne sauraient le faire oublier, d’autant plus lorsqu’on y regarde de plus près, il n’y a en réalité pas grand-chose à se mettre sous la dent.

Force est de constater que les liens se sont clairement distendus entre l’UNEF et l’organisation auxquelles-celle-ci était traditionnellement lié, le PS, un parti résolument du côté des classes dominantes et qui n’a rien à offrir d’autre à la jeunesse que des attaques contre ses conditions de vie et d’études. C’est une bonne nouvelle. Être totalement indépendant des partis des classes dominantes et des gouvernements est une condition fondamentale pour que l’organisation et sa direction puissent cesser d’être un outil de contention du mouvement étudiant comme il l’a été encore une fois, et dans le mesure où il a pu, pendant la mobilisation contre la Loi Travail, jouer contre l’auto-organisation du mouvement, de même qu’en accompagnant la sélection en master 1 lors de la rentrée de septembre. Autour de ce congrès de l’UNEF, c’est l’enjeu plus général de la recomposition du mouvement étudiant qui est posé. Un an après la mobilisation contre la loi Travail, où des dizaines de milliers de jeunes ont défilé contre le gouvernement, il manque toujours une organisation capable de défendre leurs intérêts et de remettre en cause une université toujours plus au service du patronat et des classes dominantes.


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