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Violnces policières

« Un bicot ça nage pas ». Des condamnations mais les policiers n’iront pas en prison

Six des sept policiers ayant tabassé et traité de « bicot » qui ne sait pas nager un jeune homme sur l’ïle Saint Denis en avril 2020 ont été condamnés pour injure à caractère raciale, violences volontaires, et empêchement d’un délit par le Tribunal judiciaire de Bobigny. Si cette condamnation est inédite, la légèreté des peines de sursis, du port du bracelet électronique et d’interdiction d’exercer pendant un an témoigne une nouvelle fois de l’impunité policière.

Ariane Anemoyannis

6 janvier 2022

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« Un bicot comme ça, ça ne nage pas », « Ahah, ça coule, tu aurais dû lui accrocher un boulet au pied », « Tu l’as éclaté au sol ». Les policiers qui avaient tabassé en bande un jeune homme sur les quais de l’ïle Saint Denis une nuit d’avril 2020 ont été condamnés ce jeudi par le Tribunal judiciaire de Bobigny après avoir été entendu cet automne par la 14e chambre correctionnelle.

Les juges ont prononcé des peines diverses après avoir relaxé un des policiers. Un policier a été condamné pour injure à caractère racial et écope de six mois de sursis simple, quatre d’entre eux ont été condamnés pour violences volontaires et vont purger une peine de 12 mois de prison dont six mois ferme avec bracelet électronique, et un dernier a été condamné à douze mois de prison avec sursis pour non-empêchement d’un délit.

À l’époque, la scène avait été intégralement filmée par un résident puis relayée par le journaliste indépendant Taha Bouhafs, ce qui avait participé à dévoiler au grand jours l’atrocité des violences policières et suscité l’indignation de la population. Difficile donc, pour les policiers, de ne pas avouer les faits, quand bien même plusieurs d’entre eux avaient tenté cet automne de minimiser la réalité : « J’étais en train de ranger du matériel de maintien de l’ordre pour faire de la place pour l’interpellé » avait rétorqué une policière pour expliquer les bruits sourds entendus dans la vidéo alors que Samir E. était en train d’être tabassé.

En outre, la très forte mobilisation contre les violences policières au sortir du confinement en juin 2020 rendait invraisemblable de relaxer des policiers assumant avoir violenté le jeune homme « pour décompresser ». Pourtant, le procureur avait plaidé la relaxe pour la majorité d’entre eux en novembre, expliquant « Je ne peux vous demander d’entrer en voie de condamnation au bénéfice du doute. Je ne dirais pas qu’il n’y a pas eu de violences. Je n’en sais rien. ».

Un discours caractéristique de l’impunité policière en toute circonstances que n’ont donc pas suivi à la lettre les juges du Tribunal judiciaire de Bobigny ce jeudi puisqu’ils ont déclaré coupables de violences en réunion et d’injure à caractère racial six des sept policiers impliqués.

Néanmoins, les peines prononcées ont de quoi indigner : aucun policier ne mettra les pieds en prison après avoir traqué puis tabassé pendant plusieurs minutes un jeune homme. De fait, si quatre policiers écopent de six mois de prison ferme, cette période sera purgée en liberté avec un bracelet électronique. Une clémence qui n’a rien à voir avec le millier de gilets jaunes incarcéré, la détention de 5 ans de Bagui Traoré ou encore de l’enfermement de dizaines de centaines d’étrangers faute d’avoir pu présenter un test PCR. La prison c’est pour les étrangers, les pauvres et les quartiers populaires. Jamais pour la police, même lorsqu’elle tue, frappe, mutile.

Ainsi, si la condamnation de ces policiers témoigne de la force de la mobilisation contre les violences policières à l’été 2020 et contraste avec les innombrables relaxes prononcées dans le cadre d’affaires de violences policières, la faiblesse des peines démontre une impunité structurelle de la police dans les tribunaux. Une nouvelle fois, il s’agit d’exiger toute la lumière et toute la justice pour cette affaire et pour toutes les victimes de la police.


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