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Black Lives Matter

USA. L’État d’urgence décrété en Géorgie face aux manifestations contre les violences policières

Alors que deux meurtres policiers ont réveillé la colère contre les violences policières racistes à Memphis et à Atlanta, les autorités jouent la carte de la répression. Biden condamne la « violence ».

Raji Samuthiram

28 janvier

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A Memphis (Tennesse) et Atlanta (Géorgie), deux meurtres policiers ont réveillé la colère contre les violences policières qui s’est exprimée dans plusieurs manifestations, fortement réprimées. Le 7 janvier, la police de Memphis contrôle Tyre Nichols, un homme noir, pour « conduite imprudente ». Des policiers le tabassent et, quelques heures plus tard, Nichols est à l’hôpital en condition critique. Il meurt trois jours après des suites de ses blessures dûes aux « incidents dans l’usage de la force par les officiers » selon le bureau d’investigation du Tennessee.

Alors qu’une vidéo de l’arrestation doit bientôt être diffusée publiquement, le président Joe Biden a appelé les manifestants à rester « pacifiques  », expliquant que « la colère est compréhensible, mais la violence n’est jamais acceptable ».

Dix jours plus tard, le 18 janvier, à Atlanta (Géorgie), la police tire sur Tortuguita, jeune militante latino du mouvement contre les violences policières « Defend the Atlanta Forest » qui lutte contre la construction d’un centre de formation de police dans la forêt Weelaunee, au sud de la ville d’Atlanta. Suite à sa mort des tirs policiers, des veilles en sa mémoire sont organisées dans plusieurs villes, suivies par des manifestations contre les violences policières et contre la construction de « Cop City » (« la ville des flics ») le surnom donné au centre de formation policier en construction. Le 21 janvier, six manifestants sont arrêtés, et sont accusés de plusieurs faits dont celui de « terrorisme intérieur ».

Ce jeudi, alors que les manifestations se sont poursuivies à Atlanta, le gouverneur de Géorgie a déclaré l’état d’urgence jusqu’au 9 février, et a mobilisé 1000 soldats de la garde nationale. Cette réponse répressive et autoritaire de la part des autorités montre la peur face à un potentiel nouveau mouvement contre les violences policières et le racisme que pourrait réveiller un nouveau crime policier comme celui de Tyre Nichols, dont la brutalité des images rappelle celles de la mort de George Floyd en 2020. En 2020, les révoltes Black Lives Matter avaient notamment été déclenchées par la diffusion de la vidéo du meurtre de George Floyd, un homme noir, aux mains de la police. Des mobilisations contre les violences policières s’étaient poursuivies à l’échelle de tout le pays.

Au cours du mouvement toute une série de mots d’ordre contre l’institution policière, dénonçant son caractère fondamentalement raciste et répressif, avaient émergés comme : le définancement de la police, le démantèlement de la police ou encore l’abolition pure et simple de l’institution policière. La revendication du « définancement de la police » avait mis en lumière les vastes fonds qui sont réservés aux budgets policiers à l’échelle nationale tant que locale, comparés aux modestes moyens accordés à la santé publique et l’éducation qui diminuent toujours.

En 2021, les dix plus grandes villes des Etats-Unis ont accordé des budgets 3,6 fois plus importants à la police qu’à la santé publique. Les démocrates, arrivés au pouvoir en 2021 avec l’élection de Biden, ont poursuivi cet agenda sécuritaire en appelant toujours à l’augmentation des fonds alloués à la police

Après quelques légères réformes à la marge et la condamnation de Derek Chauvin (le policier coupable du meurtre de George Floyd) pour calmer la colère, la violence et le racisme systémique de la police persiste. Depuis le début de l’année, le Washington Post comptabilise 79 morts aux mains des policiers dans tout le pays. Les mêmes raisons pour lesquelles la colère avait éclaté en 2020 sont remises à jour aujourd’hui avec le meurtre de Nichols, un homme noir, et celui de Tortuguita, un latino(a) qui militait pour l’abolition de la police et de la prisons.

Alors que le gouvernement, la police et les médias évoquent la « crainte » d’un tournant violent de ces manifestations, la répression des manifestants a déjà commencé, avec plusieurs arrestations dans le pays lors des veilles en hommage à Tortuguita. La mobilisation des troupes de la garde nationale en Géorgie montre que la réponse aux manifestants sera brutale et que les appels à la pacification de Biden masquent mal la peur plus profonde d’un mouvement social potentiellement explosif de l’ampleur de celui qui avait secoué les Etats-Unis en 2020.


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