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BLACK LIVES MATTER

Trump promet de déployer la Garde nationale pour étouffer la « ruche des terroristes » de Portland

Alors que Portland est devenu le principal foyer de contestation contre les violences policières et le racisme aux États-Unis, l'offensive sécuritaire du régime de Trump va en s'accroissant. Après les enlèvements de manifestants et l'emploi par la police d’engins de vaporisations initialement dédié aux insectes, Donald Trump menace désormais d'y envoyer la Garde Nationale.

Prune Fabre

31 juillet 2020

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Photo Kathryn Elsesser/AFP

Depuis le meurtre raciste de George Floyd, par la police, le 25 mai à Minneapolis (Minnesota), ce sont des manifestations partout dans le pays, résonnant sous le slogan Black live Matters qui inondent les rues. Notamment à Portland (Oregon) où les habitants manifestent chaque jour depuis. Donald Trump a menacé jeudi, lors d’une conférence de presse d’envoyer la Garde nationale, si la police fédérale n’arrivait pas àç venir à bout des manifestants à Portland avant le 31 juillet. Cette annonce de Donald Trump, tombe seulement un jour après l’accord que le département de la sécurité intérieure (DHS) a conclu avec la gouverneure de l’Oregon, afin de retirer progressivement la police fédérale présente. Celle-ci devait ainsi désormais principalement servir à défendre un palais de justice fédéral et d’autres biens du gouvernement.

C’est dans ce contexte que Donald Trump a annoncé : « Nos gens restent là-bas pour voir s’ils peuvent le faire aujourd’hui et demain, et s’ils ne le font pas, nous enverrons la Garde nationale, et nous nous en occuperons ». Il n’a pas hésité à étiqueté le mouvement et ses membres de « ruche de terroristes » d’« Anarchistes professionnels » ou encore « de gens qui détestent notre pays ».

Cette nouvelle menace, fait suite à deux mois de répression, toujours plus intense pour les militants antiracistes. En effet depuis mi-juillet des agents fédéraux sont présents dans la ville. Ces même fédéraux qui d’après le quotidien britannique The Guardian sont habituellement, déployées aux frontières ou sur des terrains de guerre à l’étranger.

Une note interne du département de la Sécurité intérieure (Homeland Security), publié par le New York Times, révélerait même un département inquiet par ces forces d’élite "pas assez entraînées pour contrôler les populations". De plus leur déploiement a également une réalité historique, ils servent de bras armé du pouvoir depuis les révoltes sous Georges Washington, premier président des États-Unis. Ils s’illustrent donc sans surprise depuis leur arrivée à Portland, par l’usage de tirs de balles en caoutchouc, de gaz lacrymogènes ainsi que de boules de poivre.

De nombreux témoignages relatent même des interpellations de manifestants, sans aucun motif par des membres des agents fédéraux en tenus de camouflages. Ces manifestants sont ensuite emmenés dans des véhicules de location banalisés. Les descriptions de ces scènes pourraient être identiques à celles d’enlèvements, d’où le témoignage de Jann Carson, responsable d’organisation de défense des droits civiques (Aclu) dans l’Oregon : « Habituellement, lorsque vous voyez des gens dans des voitures non siglées prendre de force quelqu’un dans la rue, cela s’appelle un enlèvement ». La colère des manifestants n’a fait que redoubler depuis le début de ces enlèvements qui remonteraient au 14 juillet.

Selon un tweet de Cerveaux non disponibles, la police utiliserait des « engins de vaporisations conçus pour tuer les moustiques ». Ces nouvelles révélations montrent une nouvelle fois l’escalade de la violence étatique tant par le choix des forces de répression déployés sur la ville que par les armes choisit.

En parallèle de cette tentative de musellement du mouvement de contestation, ces dernières semaines, selon FranceTV Donald Trump a dépensé 20 millions de dollars pour des spots publicitaires sur l’insécurité. Avec l’emploi d’une rhétorique sécuritaire sur les réseaux sociaux contre « des groupes dangereux d’extrême gauche [qui] courent dans nos rues et provoquent un chaos absolu » (tweet du 21 juillet), il tente d’incarner « la loi et l’ordre », afin de consolider sa base sociale la plus radicalisée contre le mouvement. Une stratégie qui n’est pas sans rappeler celle qui avait permis à Richard Nixon d’accéder à la Maison-Blanche en 1968.

Finalement que ce soit par l’envoi de la police fédérale à Portland, et maintenant la menace d’y déployer la garde nationale, ou bien encore l’hypoothèse anti-démocratique d’un report des életions à trois mois du scrutin sur fond de rhétorique sécuritaire, Donald Trump démontre avant tout son propre affaiblissement face au rejet de sa politique autoritaire et antisociale par une large partie de la population.


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