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États-Unis

Trump limoge Bolton : Vers une évolution dans la politique étrangère américaine ?

Ce fut à travers un post sur Twitter comme en a l’habitude l’administration Trump, que le président des Etats Unis d’Amérique a annoncé le limogeage de son conseiller à la sécurité nationale John Bolton. Des divergences stratégiques majeures dans les dossiers iraniens, afghans et russes sont à l’origine de son départ de la maison blanche.

Blas Giunta

14 septembre 2019

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John Bolton était le troisième conseiller à la sécurité nationale de Trump, c’est pour l’instant celui qui avait duré le plus longtemps au poste, un an et demi : l’un de ses prédécesseurs, Michael Flint, avait renoncé au bout d’un mois au poste à cause à ses liens avec la Russie de Poutine. Ou encore le général McMaster qui au bout d’un an s’est vu limogé, évincement qui avait permis à Trump de mettre un coup d’arrêt à l’influence que les militaires avaient dans l’administration gouvernementale.

Bolton a aussi été au service des trois autres gouvernements républicains, Reagan, Georges H Bush père et Georges W Bush. La politique va-t-en guerre menée par ce fidèle serviteur des néoconservateurs, rentrait en contradiction avec la base électorale trumpiste, penchée sur l’isolationnisme. Malgré cela, l’unilatéralisme de Bolton s’articulait parfaitement avec la devise America first du gouvernement Trump, notamment sur le sujet du Brexit et la guerre commerciale contre l’Union Européenne. Son bref mandat a aidé malgré tout à « rompre » avec le multilatéralisme prôné par le gouvernement Obama, notamment par rapport à l’accord sur le nucléaire iranien et russe mais aussi pour approfondir les liens avec l’État d’Israël, leur plus proche allié dans la région.

Ces divergences laissaient entrevoir une durée de vie limitée à la collaboration entre le faucon Bolton et l’administration Trump, notamment dans le conflit contre la Corée du Nord, où Bolton agitait le drapeau d’une intervention préventive, mais plus précisément dans les dossiers Iranien et Afghan, là où les divergences entre le président et le conseiller à la sécurité nationale ont atteint leur paroxysme.

En Afghanistan Bolton a frustré une rencontre avec les Talibans pour mettre fin au conflit de plus en plus impopulaire qui persiste depuis dix huit ans. Dans le domaine iranien Trump s’est vu forcé d’aller plus loin qu’il ne le souhaitait et avait failli lancer des représailles en réponse à la destruction d’un drone qui survolait l’espace aérien iranien. Bolton étant un fervent partisan de la politique de « changement de régimes » et souhaite mettre à bas (avec l’aide israélienne) le régime des ayatollahs. La stratégie gouvernementale penche plutôt pour établir un nouveau rapport de force en renforçant les sanctions économiques et forcer ainsi l’Iran à renégocier l’accord sur le nucléaire, dans des termes plus favorables aux États-Unis.

Le successeur au poste de conseiller à la sécurité nationale n’a pas encore été tranché, mais en vue des noms avancés par les analystes, un tournant dans la politique extérieure étasunienne se laisse entrevoir. Les candidats les plus probables comme Stephen Biegun, qui est actuellement le représentant des États-Unis pour la Corée du Nord, ou encore le militaire retraité Douglas Mcgregor, annoncent des positions plus modérées mais surtout « réalistes » en rapport avec la politique internationale, après des multiples allers-retours incertains dans ce domaine.

Soucieux de sa réélection, le limogeage de Bolton n’est pas anodin, la base électorale de Donald Trump s’oppose à toute intervention militaire à l’étranger et les rêves aventuriers du faucon risquaient de coûter cher dans les urnes au président. De plus, les annonces bellicistes de notre « Docteur Folamour » étaient une source d’instabilité financière et source d’une récession latente aux États-Unis d’Amérique.

La période de « crise organique » ouverte suite à la crise des sub-primes en 2007 est loin de se refermer et s’approfondit de plus en plus. Les sorties populistes droitières, l’instabilité et faiblesses gouvernementales sont à l’ordre du jour dans les pays centraux et ne risquent pas de s’essouffler, mais aussi les phénomènes par la gauche comme les Gilets jaunes en France, le mouvement algérien, soudanais et les velléités démocratiques Honk-kongaises démontrent que cette nouvelle période qui s’ouvre sera riche en luttes contre les offensives du capital international en voie de décomposition.


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