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Tensions impérialistes

Trump : la politique de Merkel est « très mauvaise pour les USA »

Les relations tendues entre la chancelière allemande et le président des États-Unis ont pris un tour plus virulent depuis les récentes déclarations d'Angela Merkel sur le président américain. Face à la politique anti-écologique et militariste de Donald Trump, Berlin n'a pas mâché ses mots. Trump a répondu, comme à son habitude, par un tweet assassin.

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Les relations germano-américaines ont immédiatement été sous tension dès l’accession au pouvoir de Trump. La chancelière allemande avait directement mis en garde son homologue sur le respect des valeurs démocratiques. Ce dernier avait ensuite refusé de lui serrer la main lors d’une rencontre en mars dernier, ce qui avait jeté un froid entre Berlin et Washington.

Depuis le G7 à Taormine, en Sicile, Merkel montre de plus en plus son exaspération face à la politique de Trump, notamment en matière d’écologie. En refusant de ratifier l’Accord de Paris sur le climat, le président américain poursuivait la politique de déni du réchauffement climatique à laquelle les États-Unis sont habitués. La chancelière n’avait pas hésité à déclarer : « toute la discussion sur le sujet du climat a été très difficile, pour ne pas dire pas du tout satisfaisante ».

Sigmar Gabriel, ministre des Affaires étrangères allemand, avait enchéri en affirmant : « Toute personne qui accélère le changement climatique en réduisant la protection de l’environnement, qui vend plus d’armes dans une zone de conflit et qui ne veut pas résoudre politiquement des conflits religieux, eh bien cette personne met en danger la paix en Europe ». Il critiquait « la politique à courte vue du gouvernement américain » et son aveuglement sur les enjeux majeurs du climat.

Mais l’argument écologique est surtout un prétexte pour l’Allemagne dans le cadre de l’augmentation des rivalités impérialistes. Alors que la politique diplomatique allemande s’appuie traditionnellement sur des liens forts avec États-Unis et privilégie de bonnes relations avec son allié outre-Atlantique, force est de constater que Merkel oriente sensiblement le sens des relations vers une plus grande indépendance de l’Allemagne et de l’Union européenne par là même vis-à-vis de l’influence américaine. Ses propos sont sans ambiguïté : « L’époque où nous pouvions entièrement compter les uns sur les autres est quasiment révolue ». Elle en appelle à une reprise en main du destin de l’Europe par les européens eux-mêmes.

Face à cette situation de crise diplomatique larvée, Trump s’est fendu, comme à son habitude, à un tweet rageur pour clarifier sa position : « Nous avons un ÉNORME déficit commercial avec l’Allemagne, en plus elle paye BIEN MOINS qu’elle ne le devrait pour l’Otan et le secteur militaire. Très mauvais pour les USA. Ça va changer ». Dans la continuité des débats du G7, Trump a esquivé la question écologique pour se concentrer uniquement sur le terrain militaire pour rappeler à l’ordre l’Allemagne sur sa contribution à l’OTAN. C’est donc sur l’aspect militaire que le dirigeant américain a choisi de répondre. L’impérialisme américain a besoin de financement pour reprendre la main au Moyen-Orient et contrer l’influence croissante de la Russie dans le conflit syrien et la région.

L’augmentation des tensions entre Merkel et Trump est à prendre avec attention. Le nouveau président américain n’a jamais caché son intention de mettre fin au modèle multilatéral de la diplomatie internationale pour basculer sur un mode plus unilatéral. Depuis plusieurs mois, celui-ci cherche à « montrer les muscles » et réalise des coups de force et des tournants brutaux, comme lors du bombardement surprise de la Syrie début avril. Une dynamique d’autant plus accentuée par le fait que, mis en difficulté dans l’opinion publique américaine par ses liens supposés avec la Russie et ses promesses non tenues, son discours agressif cherche à prolonger la dynamique de « l’Amérique d’abord » [« America First »] qui l’a fait élire. En bon « chef de guerre », Trump cherche à se retrouver des alliés pour ses visées impérialistes, notamment au Moyen-Orient. Après son rendez-vous avec Macron, et la « volonté affichée [des deux pays] de renforcer leur partenariat et leur coopération en matière de lutte contre le terrorisme », le président américain semble bien décidé à faire monter la pression sur l’Allemagne.


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