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Hirak !

Trois jeunes tués par la police en Algérie : c’est la jeunesse qu’on assassine !

C’est encore une fois la jeunesse algérienne qui paie le prix fort d’un régime autoritaire et corrompu, vendu aux politiques libérales et antisociales imposées par l’impérialisme.

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Alors que le bras de fer entre le mouvement populaire et le régime s’accentue en Algérie, trois jeunes sont morts mercredi soir à Oued Rhiou près d’Oran des suites de violences policières. C’est encore une fois la jeunesse algérienne qui paie le prix fort d’un régime autoritaire et corrompu, vendu aux politiques libérales et antisociales imposées par l’impérialisme. Cette jeunesse qui, face aux espoirs brisés et à un avenir condamné à la misère ou à l’exil, avait su relever la tête et redonner fierté et courage à tout un peuple pour affronter un régime en décomposition avancée, à l’image du morbide et désormais ex-président Abdelaziz Bouteflika.

Les faits sont simples. Une course-poursuite mercredi soir à Oued Rhiour, à 150 km d’Oran. Une voiture de police a percuté une mobylette, Peugeot 103 sur laquelle se trouvaient deux jeunes du quartier d’Ouamria, Fethi Belmehdi et Serrar Mohamed Amine. Le premier, conducteur de la mobylette a été grièvement blessé à la tête et est actuellement dans le coma à l’hôpital Ahmed Francis. Le second, passager, avait seulement 15 ans et est mort sur le coup.

Vendeur de fruits et légumes, Serrar Mohamed Amine était à l’image de la jeunesse algérienne. Trop longtemps opprimé par un régime pourri, et rempli de fierté depuis le 22 février et le début d’un hirak qu’il mène avec ses slogans et ses chants de supporters repris par tous dans les manifestations hebdomadaires. A la fois désabusé par l’avenir précaire qu’on lui promet, et capable de la plus grande détermination quand il s’agit de se battre pour la dignité comme il le fait depuis sept mois. Alors lorsque la nouvelle tragique s’est répandue, des centaines de jeunes se sont dirigés vers le commissariat et l’ont encerclé pour demander des comptes.

Pendant que Bouteflika finit tranquillement ses jours en Suisse, la jeunesse des quartiers populaires se coltine misère et mépris à en crever. Pourtant la peur doit changer de camp, et maintenant c’est aux damnés de la terre de prendre leur revanche. Sept mois que chaque semaine le peuple algérien manifeste. « Silmya, silmya » (« pacifique, pacifique » slogans repris dans les manifestations depuis le début du mouvement), mais à quoi bon si c’est pour que rien ne change ? Alors on marche vers le commissariat, puis on l’encercle et de fil en aiguille, on se rappelle tous les anonymes, morts dans l’oubli, mais aussi 2001, le printemps noir et ses 126 jeunes tués par la gendarmerie en Kabylie, les représailles contre les commissariats et tout ce qui symbolise un État dont la profonde nature apparaît au grand jour : une bande d’hommes armés au service des classes dominantes.

Face aux jeunes, la police a répondu comme elle l’a toujours fait. Gaz lacrymogènes, puis coups de feu. La version officielle parle de balles en caoutchouc, mais des témoins affirment avoir entendu des balles réelles. Toujours est-il que deux manifestants sont morts, portant à trois le nombre de morts ce soir-là à Oued Rhiou, ville de 60.000 habitants, où a eu lieu un sit-in le lendemain matin en guise protestation.

La Direction Générale de la Sûreté Nationale parle d’un accident de la route au sujet de la mort de Serrar Mohamed Amine. Le policier n’était pas en service ce soir là dit-elle. Pourtant le parquet d’Oued Rhiou avait établi que la voiture appartenait aux services de police… Mais là aussi la DGSN affirme qu’il s’agirait en réalité d’un véhicule privé. Bref, tout un enfumage pour cacher la vérité. Car seule la vérité est révolutionnaire. Surtout ici, dans un contexte où depuis sept mois les algériens exigent par millions que « yetnahaw ga3 » (« qu’ils partent tous »), du président de la République au policier de quartier en passant par le wali (préfet) corrompu, le patron parasite, et le général gavé des richesses volées depuis l’indépendance nationale.

Et au sujet de l’ancienne puissance coloniale, on apprenait il y a deux semaines que Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires Étrangères, en appelait au « sens de la responsabilité des algériens », pendant que le Fonds Monétaire International préparait une délégation pour se rendre à Alger, et évaluer comment les puissances impérialistes pourront faire payer leur crise au peuple algérien. On comprend mieux l’insistance avec laquelle Ahmed Gaïd Salah, chef de l’état-major de l’armée et pilier du régime, veut faire taire la contestation à coups d’arrestation et organiser des élections au plus vite : pour légitimer le prochain gouvernement charger de restaurer « l’ordre » – celui qui tue des gamins de 15 ans – et de mener les politiques de rigueur et d’austérité néo-libérales et anti-sociales que le capitalisme mondialisé veut imposer partout sur la planète.

Pourtant, avec la rentrée sociale le peuple algérien ne semble pas prêt à se laisser faire, et partout on entend parler de grève et de manifestation. Mais pour s’opposer aux manœuvres de Gaïd Salah pour sauver le système et aux attaques qui se préparent contre les travailleurs, les chômeurs, les jeunes des quartiers populaires, les femmes, il faudra une réponse d’ensemble pour construire un rapport de force par la grève et les manifestations, pour une assemblée constituante révolutionnaire qui en finisse avec les institutions de ce régime, qui rompe avec l’impérialisme, accomplisse les tâches de l’indépendance nationale et qui réponde aux aspirations sociales et démocratiques des masses populaires algériennes.


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