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Flashball et crucifix

Toulouse. Retranchés dans une église, cinq étudiants violemment délogés par la BAC !

Samedi dernier, le cortège toulousain composé de gilets jaunes, d’étudiant.e.s et de lycéen.ne.s mobilisé.e.s a été durement réprimé, dès son arrivée au Monument aux Morts. S’en sont suivies des scènes de violences policières tout au long de l’après-midi,sur manifestants et passants, des tirs tendus de flashballs au niveau du visage à la distribution gratuite de coups de matraque et autres grenades lacrymogènes. Cinq étudiant.e.s mobilisé.e.s de Sciences Po Toulouse témoignent d’une scène glaçante : alors retranché.e.s dans une église pour éviter les coups des policiers, la BAC les a violemment délogé.e.s de l’édifice religieux...

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Samedi 15 décembre, à Toulouse comme dans d’autres villes, la répression a été particulièrement dure et totalement indifférenciée. Nous étions cinq étudiant.e.s de Sciences Po Toulouse présent.e.s sur la Place du Capitole ce soir-là, aux alentours de 18h. Sous une pluie battante, l’ambiance est restée festive malgré les violences et attaques subies plus tôt dans la journée. Nous avions mis toute notre rancœur de côté et face à deux cordons de CRS tentant de nasser les manifestants, nous chantions tous à genoux “plus de caresses moins de CRS” en dessinant des cœurs avec nos mains. C’est à ce moment-là que des bombes lacrymogènes ont commencé à pleuvoir dans tous les sens, créant un énorme nuage de fumée blanche qui nous empêchait de voir quoi que ce soit. Essayant de ne pas céder à la panique, nous avons commencé à nous agripper les uns les autres, connu.e.s et inconnu.e.s, afin de nous dégager de ce couloir dans lequel nous étions enfermé.e.s et dans lequel nous ne pouvions respirer.

Arrivé.e.s sur l’artère principale, un nouveau cordon de CRS a chargé, lances-grenades et lacrymogènes pointés au niveau des têtes. Nous nous sommes poussé.e.s pour les laisser passer, et avons commencé à nous diriger Rue du Taur, nous arrêtant de temps en temps pour essayer de reconnaître un visage dans la foule. Alors que nous étions au début de la Rue du Taur, des CRS et des policiers de la BAC ont commencé à charger en notre direction, faisant de nouveau pleuvoir des bombes lacrymogènes et tirant des flashball à hauteur de visage.

« On te fait rentrer dans l’église à coups de trique »

En panique, nous avons pris la première option qui s’offrait à nous, c’est-à-dire se réfugier dans l’église de Notre-Dame-du-Taur. Nous n’étions pas seul.e.s ; deux photographes et d’autres personnes étaient avec nous dans le hall. Deux d’entre nous se sont misà l’intérieur de l’église pour tenter de joindre nos ami.e.s qui avaient été dispersé.e.s partout dans la panique au moment du gazage Place du Capitole. Dans le hall, nous essayions de distinguer ce qu’il se passait dans la rue, attendant le moment opportun pour pouvoir sortir et rejoindre l’appartement de la personne qui habitait au plus proche de l’église. Les tirs ont commencé à se calmer, puis nous avons vu les policiers avancer dans la rue. Nous sommes alors tous les cinq rentré.e.s dans l’église, et nous avons attendu quelques secondes dans l’entrée, en silence, afin de ne pas gêner les personnes qui priaient.

C’est alors que deux policiers de la BAC, portant matraques et flashballs à la main, casqués, leursflashballs en bandoulière, sont entrés en toute impunité. L’un d’eux a pris le temps de se signer avant de nous dire de “dégager” en nous traitant de “gauchistes sans religion”, nous interdisant de nous “réfugier dans les églises, parce-que vous, les gauchos, vous ne croyez en rien”. Les trois filles sont passées devant, alors que les deux garçons se sont fait violemment pousser vers la sortie. L’un d’entre eux a été pris à partie par les policiers, qui l’ont plaqué au mur à la sortie de l’église en criant : “Tu veux jouer à la guerre, c’est ça que tu veux ? Bah vous l’avez la guerre !”, lui demandant de vider son sac, le menaçant en lui disant “si tu as le moindre caillou sur toi, on te fait rentrer dans l’église à coups de trique”.

Une fois le sac vidé et son contenu par terre, les deux policiers nous ont laissé.e.s là, hébété.e.s par leur violence, en actes comme en mots. Notre manifestation s’arrête sur cette note, dans le froid, perdu.e.s entre le vacarme lointain des grenades qui continuent de ponctuer la nuit Toulousaine et les cloches battantes du centre-ville. Il est alors 18h20.


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