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« Partir ou rester : à nous de décider ! »

Toulouse. Moudenc veut détruire 971 logements à la Reynerie, les habitants s’organisent

A Toulouse, la métropole continue son projet de destruction d'habitations dans le quartier de la Reynerie. Face à ce projet de gentrification raciste, les habitants s'organisent. Ce jeudi 30 mars, soyons nombreux devant le tribunal administratif à 9h45 pour les soutenir !

Léo Stella

29 mars 2023

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971 logements menacés et des centaines de familles expulsés pour « redorer » l’image de la Reynerie

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La destruction de la Reynerie est un projet de longue date pour la métropole et le Conseil départemental. Le projet qui a connu un coup d’accélérateur en 2015 sous la présidence de George Méric, Président du Conseil départemental affilié au PS, et Jean-Luc Moudenc, ex-LR philo-macroniste, maire de la ville rose et président de la Métropole. Le projet prévoit la destruction au de 971 logements ainsi que deux collèges. Ces logements occupés pour la plupart par des familles précaires issus de l’immigration se concentrent autour de six grandes tours : Gluck, Messager, Poulenck, Cambert et Grand d’Indy.

La destruction de ces bâtiments, déjà entamée pour certains, a pour but de laisser place à la construction de 971 logements neufs, de 1 500 m2 de nouveaux commerces, de 3 000m 2 de locaux d’activités et de 3 500 m2 d’équipements publics » comme on peut le lire dans le journal Actu Toulouse. L’objectif est également de construire un un nouveau centre commercial dernier cri sur la place Abbal et un centre aquatique près du lac de la Reynerie.

Ce grand projet impulsé par la métropole a pour but de gentrifier les quartiers populaires de Toulouse par la création de nouvelles zones économiques avec des loyers plus chers. Ce qui entraine une hausse des loyers qui pousse les habitants les plus pauvres à partir. Des projets dont les profits iront directement dans les poches du bailleur social et des entreprises privées.

En clair, il s’agit d’ expulser les habitants toujours plus loin et de faire de la Reynerie, Bellefontaine et le Mirail « The place to be » pour reprendre les mots du maire de quartier Gaetan Cognard. Sous couvert de mettre en avant la « mixité sociale », Cognard et Moudenc font cadeaux de l’argent public au bailleur social Les Chalets qui va s’occuper des travaux.

Pour justifier ces destructions et la mise en place du nouveau projet urbain, tous les acteurs locaux cités plus haut appuyés par l’Agence Nationale pour le Renouvellement Urbain (ANRU), s’appuient sur des stéréotypes courants sur les quartiers populaires. La rhétorique consiste à stigmatiser les quartiers de la Reynerie, du Mirail ou encore Bagatelle en les montrant comme des « ghettos » qui seraient devenus des zones de non-droit. Comme le rappelle Brigitte, retraitée, habitante et membre de l’Assemblée du quartier de la Reynerie, le discours de la Mairie s’appuie de plus sur le cliché islamophobe de communautarisme comme on peut le lire dans l’article de Ballast :

 « A la suite des attentats, il y a eu la volonté de disperser les habitants du quartier, considéré comme communautariste. Pour eux, la Reynerie était une bombe à retardement, qui fabriquait en masse de futurs petits terroristes. [...] Comme ils ne peuvent pas ouvertement parler de mixité ethnique, ils parlent de mixité sociale, un argument qui fait consensus au niveau politique ».

Tous ces arguments sont utilisés par l’État et les autorités locales pour justifier la gentrification. La réalité c’est que ce projet urbain va coûter des millions aux collectivités territoriales, détruire des bâtiments reconnus par les architectes du monde entier, sans parler de l’impact écologique que vont engendrer les travaux comme le rappelle le communiqué de l’Assemblée des habitants de la Reynerie qui luttent contre la destruction de leurs immeubles.

Un projet immobilier qui touchera directement les classes populaires

Comme nous l’avons vu, le projet de la métropole a pour but de déloger les habitants des bâtiments qui sont pour la plupart issus de l’immigration et dans des situations précaires. Sans aucun dédommagement, la métropole compte les reloger en dehors de la ville à des kilomètres de là où ils ont construit leurs vies. Ainsi on propose à ces derniers d’être relogés à Colomiers, Cugnaux ou encore Muret avec des loyers plus chers et des appartements plus petits. Une politique que la ville à déjà mis en place à de nombreuses reprises comme ce fut le cas pour le quartier Saint-Cyprien.

Comme le rappelle un des habitants du quartier pour Actu Toulouse :« Ici vous avez des T5 à 400 euros. Les loyers qu’on propose aux habitants sont entre 100 et 300 euros plus chers ! Il y a des gens qui ne peuvent pas se le permettre ». De l’autre côté, la Reynerie va accueillir un nombre bien inférieur de logements sociaux pour permettre une augmentation du niveau économique de la zone. Les habitants se retrouvent ainsi relogés par le bailleur social perdant leurs accroches et leurs lieux de vie tandis que ceux qui vont rester vont subir une exclusion sociale et économique avec l’augmentation du coût de la vie dans le quartier.

De plus, les témoignages des habitants révèlent bien les méthodes utilisées par le bailleur social en lien avec la métropole et l’État pour expulser les familles des bâtiments. Malik dans l’article de Ballast cité plus haut raconte : « Certaines personnes ont honte de dire qu’elles se sont fait avoir. Il y avait une vie de quartier : on se connaissait tous. Maintenant la plupart des gens que je connaissais cheminement d’Indy ont déménagé. Dans mon bloc il reste Jacques, et une vieille dame. Une autre a déménagé il n’y a pas longtemps. Elle avait les larmes aux yeux. Les gens ont abdiqué à cause des pressions. Des personnes âgées s’accrochent, mais les familles sont parties. [...]Quand on ne sait pas lire où écrire, difficile de réagir et de s’opposer aux propositions."

Face à ces attaques et à ses méthodes, des familles ont décidé de lutter face aux expulsions. Des dizaines d’entre elles présentes, notamment dans les bâtiments Messager et Gluck, s’organisent et refusent les propositions de relogement, en occupant leurs appartement pour empêcher la destruction. Une assemblée des habitants de la Reynerie a ainsi été créée pour se coordonner et lutter pour une réhabilitation de ces bâtiments.

Ce projet est de plus soutenu par de nombreux collectifs comme Abbal, le DAL 31 ou encore un collectif d’architecte. Ce dernier voit dans ces tours construites par George Candilis dans les années 1970, des tripodes qui tant d’un point de vue social, économique ou encore écologique sont d’une grande importance et un héritage pour la question des logements. Le collectif propose ainsi aux côtés de l’Assemblée des habitants de la Reynerie une réhabilitation de ces tours et du grand Mirail qui sont laissées à l’abandon par le bailleur social et la métropole.

Alors que la mairie préfère expulser des familles plutôt que d’utiliser les 29 000 logements de la ville, exigeons la réquisitions des logements vides pour en finir avec le mal logement ! Face à la destruction et la gentrification raciste qui a lieu au Grand Mirail comme il y a eu à Arnaud Bernard ou Saint-Cyprien, seule une large mobilisation permettra d’empêcher les démolitions mais aussi d’obtenir l’argent pour une réelle réhabilitation des quartiers populaires.

Pour les soutenir, soyons nombreux jeudi 30 mars à 9h45 devant le tribunal administratif de la ville à l’appel de l’Assemblée des habitants de la Reynerie ainsi que le 4 avril au métro de la Reynerie !


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