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Une justice à deux vitesses

Toulouse. La révolte dans les quartiers fortement réprimée

A Toulouse, des jeunes des quartiers du Mirail et des alentours, la Reynerie, Bellefontaine, Bagatelle, se sont révolté cette semaine contre le racisme d'Etat et la répression quotidienne qu'ils subissent. Ce qui a mis le feu aux poudres : un énième contrôle policier violent et la mort d'un jeune homme à la prison de Seysses. Face à cette contestation naissante, la répression policière et judiciaire sont très fortes. Les premières condamnation commencent à tomber. Un jeune de 18 ans a pris 3 mois ferme pour avoir jeté un... caillou ! Crédit photo : REMY GABALDA / AFP

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Dimanche, dans le quartier de Bellefontaine, un énième contrôle policier, d’une femme portant le niqab, a mal tourné. Les policiers ont été violents envers elle, la plaquant au sol, usant également de flashball et de grenades lacrymogènes. La veille, à la prison de Seysse, un jeune détenu de 27 ans, Jaouad, est mort. Alors que l’administration pénitentiaire parle de suicide, beaucoup, notamment ses co-détenus et sa famille, parlent de violences de la part des matons qui auraient entraîné sa mort. Trois jours après, mercredi, c’est un autre détenu de la prison de Seysse qui est mort, le suicide étant à nouveau évoqué. Des morts qui en disent long sur la réalité du milieu carcéral, à l’heure où les morts violentes et les suicides s’enchaînent, comme le dénonce l’Observatoire International des Prisons.
C’est contre cette réalité, celle de la répression policière et judiciaire, d’un système carcéral plus dur à l’égard des personnes issues des quartiers populaires, du racisme d’Etat, de la précarité croissante, que les jeunes du Mirail, de la Reynerie, de Bellefontaine, se sont révoltés ces derniers jours.

« On veut la vérité, que justice soit faite. Qu’on voit dans les médias ce qu’il se passe réellement dans nos quartiers » ; « Ils (les policiers) passent en voiture, te font des doigts, t’insultent. Chaque fois qu’il se passe un truc on entend un frère à nous qui meurt, ils font ce qu’ils veulent » déclarent t-ils. Un ras le bol à l’égard de l’impunité policière et du harcèlement policier quotidien dont ils sont victimes.

Autant de causes politiques légitimes mais totalement occultées par les médias, qui ont traité les faits de manière odieuse, parlant d’ « émeutiers », de personnes dangereuses, menaçantes et violentes, à l’égard notamment des forces de police,, inversant de fait les rôles et passant sous silence les causes de ces révoltes et la légitimité de celles-ci. Pourquoi se révoltent t-ils ? Pourquoi tant de colère ? On ne sait pas, et surtout on ne veut pas savoir.

Une vingtaine d’interpellés et un condamné à 3 mois de prison ferme pour avoir lancé un.. caillou !

Alors que la colère commençait à monter, la préfecture et la mairie ont répondu en envoyant une armada policière pour « rétablir l’ordre », entendons nous son ordre, celui de la ghettoïsation, de la ségrégation et du racisme. Une répression policière, mais également judiciaire, qui porte ses fruits puisque aujourd’hui le calme semble être revenu, comme aiment à le marteler les médias et le maire de Toulouse.

Depuis dimanche, 26 personnes ont été placées gardes à vue. Les premières comparutions immédiates sont tombées mercredi et les autres interpellés devraient être auditionnés ce vendredi. Mercredi, un jeune de 18 ans a été condamné par le tribunal correctionnel à une peine de 6 mois d’emprisonnement, dont 3 mois ferme, et ce pour avoir... lancé un caillou sur une voiture de police ! Une peine injuste et totalement disproportionnée, qui témoigne du peu de valeur que la vie d’un jeune issue des quartiers populaires a aux yeux de la justice. Le procureur avait à la base requis une condamnation de 8 à 12 mois ferme ! Qualifiant ces quatre jours de révoltes de « scandaleux », tout en louant le courage des policiers qui « au péril de leur vie interpellent des individus »..

Lors de ces heurts, c’est à une police sur armée - flashballs, lacrymos, matraques, hélicoptère – qu’ont eu affaire des jeunes, eux munis de pétards et de cailloux ! Où est la véritable violence alors ? Bel et bien du côté des forces de répression qui matraquent, humilient quotidiennement les personnes issues des quartiers populaires et toutes celles et ceux qui osent relever la tête contre le système actuel et son lot d’exploitation, d’oppression et de violences. Une violence qui s’est à nouveau exprimée aujourd’hui, contre les occupants de Tolbiac mobilisés contre la sélection, blessant grièvement deux personnes, et qui reste constamment impunie.

Ces lourdes condamnations démontrent une nouvelle fois la réalité d’une justice à deux vitesses. Justice qui offre totale impunité aux policiers qui tabassent, matraquent, voire tuent, et aux patrons et politiciens qui détournent des millions d’euros ; et incarcère les personnes des classes populaires pour rien ou bien trop peu.


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