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Le droit des femmes à disposer de leur corps refusé par le Royaume-Uni

Theresa May contre la légalisation de l’IVG en Irlande du Nord

Le 25 mai 2018, les Irlandaises et les Irlandais ont voté, lors d'un référendum, à plus de 66 % en faveur de la libéralisation du droit à l'avortement, limité jusqu'alors au seul cas où la vie de la mère était en danger. Les remous au Royaume-Uni ne se sont pas fait attendre : même des députés conservateurs réclament un assouplissement du droit en Irlande du Nord (Ulster), province de l’île occupée par Londres. C'est sans compter sur l'intransigeance réactionnaire de Theresa May et des ses alliés unionistes sur cette question.

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Loin de clore le débat autour de la question de la libéralisation du droit à l’avortement, les résultats du référendum en Irlande ont secoué la province du Nord. L’Ulster reste maintenant le petit îlot conservateur sur le droit des femmes à disposer de leur corps. Le droit à l’avortement y est en effet extrêmement contrôlé, limité aux cas où « la vie ou la santé de la mère est en danger ».

Le viol, ou même une malformation fœtale, ne justifient pas pour la législation nord-irlandaise le recourt à l’Interruption Volontaire de Grossesse. Les femmes y aillant recours s’exposent à une répression intolérable, pouvant aller à jusqu’à l’emprisonnement. Le cas d’Ashleigh Topley est révélateur de ce système : alors que, lors de sa grossesse, une échographie détecte une ostéogenèse – maladie génétique grave qui empêche le développement des poumons -, Ashleigh Topley ne pourra pas avorter. Elle accouchera par la suite d’un enfant mort-né.

A Londres, 160 parlementaires (parmi lesquels des membres du Parti Conservateur au pouvoir) ont signé une lettre initiée par une députée travailliste et destinée à la Première Ministre du Royaume, stipulant leur souhait de soutenir une loi pour autoriser les avortements en Ulster. Theresa May, pour sa part, ne souhaite pas soutenir cette démarche. Deux raisons expliquent la position de la Première Ministre, deux raisons qui dévoilent sa vraie nature : premièrement, les opposants à l’IVG estiment qu’il n’est pas du ressort de Londres de s’immiscer dans le droit nord-irlandais. L’Ulster dispose en effet d’un parlement propre, compétant notamment en matière de loi sociétale et les députés conservateurs y siégeant martèlent que c’est à Belfast que le débat doit avoir lieu, et nulle part ailleurs. Pourtant, Theresa May, dans le cadre du Brexit, n’a pas hésité à poursuivre des discussions concernant « la loi de sortie de l’UE », décision contestée par l’assemblée écossaise, qui proteste notamment contre le transfert à Londres de certaines prérogatives. La deuxième raison est un pur calcul politique. A Londres, le Parti Conservateur dispose de la majorité grâce aux dix parlementaires du Parti Unioniste Protestant (DUP), parti protestant de droite d’Irlande du Nord, farouchement opposé à l’IVG. Soutenir une modification de la loi nord-irlandaise impliquerait une difficulté politique pour le Parti Conservateur. Pour elle, c’est la stabilité qui compte avant tout ; les femmes devront attendre des jours (politiques) meilleurs.

Alors même que les conservatrices Penny Mordaunt et Sarah Wollaston (respectivement Ministre des femmes et de l’égalité et présidente de la commission de la santé aux Communes) réclament des avancées sur la question de l’avortement en Ulster, Theresa May fait aujourd’hui le choix, avec le soutien du DUP , du conservatisme social, moral et religieux, au détriment de la liberté des femmes et de leur santé.

Ce n’est pas seulement le droit des Irlandais du Nord à disposer d’eux-mêmes que refuse depuis maintenant près d’un siècle le gouvernement britannique. C’est même le droit des Irlandaises à disposer de leur corps qui est refusé, aujourd’hui, par Londres et par les unionistes protestants de droite, main dans la main encore une fois.


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