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Violences d'État

Témoignage de garde à vue : « J’ai dû me mettre en culotte devant deux policières »

Gardes à vue, détention provisoire, gazage et matraquage : le gouvernement a mobilisé tout son arsenal répressif durant la mobilisation pour faire taire celles et ceux qui relèvent la tête. Dans le cadre d’une grande campagne contre la répression, nous publions ci-dessous le témoignage de Thelma, étudiante à Paris 3, qui a passé 12 heures en garde à vue après la manifestation du 23 mars.

Le Poing Levé

9 mai 2023

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Ce témoignage a été recueilli dans le cadre de la campagne anti-répression menée par le collectif jeune de Révolution Permanente, Le Poing Levé. Pour y participer également, vous pouvez remplir ce formulaire.

Le Poing Levé : Bonjour, merci de nous accorder ton témoignage. Peux-tu te présenter et nous raconter comment s’est déroulée ton arrestation ?

Je m’appelle Thelma, j’ai 30 ans et je suis en reprise d’études à Paris 3. J’ai été arrêtée le 23 mars, juste après la manifestation. La manifestation a pris fin vers 18h et la police a commencé à gazer les gens vers Opéra. On était pris en étau par la police et elle a commencé à disperser la manifestation. J’étais avec un groupe d’amis et on a décidé de ne pas rentrer chez nous parce qu’on n’avait pas pu aller jusqu’à Opéra. On est partis en manifestation et vers 21h30, on était vers République avec une centaine de personnes quand les policiers nous ont dispersés.

On a essayé d’échapper aux policiers et de partir mais des camions de CRS sont passés sur le boulevard Voltaire. Pendant qu’on marchait, ils nous ont chargés en ligne, sans aucune sommation ni mise en garde. Un ami à moi s’est pris un coup de matraque et mon copain s’est pris un coup dans le genou. Avec une autre amie on s’est fait arrêter pendant que les pompiers arrivaient pour les blessés. Quand ils nous ont transportées dans le véhicule de police, le policier conduisait comme un chauffard, sirène allumée et en grillant les feux rouges : ça n’avait aucun sens de conduire comme ça pour juste deux manifestantes pacifiques et absolument pas menaçantes.

Le Poing Levé : Que s’est-il passé au commissariat ?

Ils nous ont emmenés dans un commissariat du 18ème arrondissement, celui de Rosa Parks, qui est un commissariat « spécialisé » dans lequel ils n’amènent d’habitude que des personnes arrêtées dans les transports. Il y avait beaucoup d’autres personnes avec nous, dont certains qui n’étaient même pas à la manifestation. Pendant une heure on ne savait pas ce qui allait se passer, ils nous ont dit qu’on allait juste avoir une amende.

Les policiers m’ont envoyée en cellule et j’y ai passé la nuit. Le matin, ils m’ont réveillée et mon amie est partie se faire auditionner. Ils ont pris mes empreintes et après ça ils m’ont dit que j’étais libre. Sur mon procès-verbal, il y a marqué que j’étais en groupe « en vue de commettre des dégradations ou des violences », alors que j’étais juste en train de marcher dans la rue.

Le Poing Levé : As-tu subi des violences avant ou pendant ta garde à vue ?

Je n’ai pas subi de violences physiques à proprement parler mais j’ai dû me mettre en culotte devant deux policières qui m’ont fait me mettre presque nue pour vérifier que je ne cachais pas d’objet dangereux sur moi. On me met en garde à vue parce que je marche dans la rue et je me retrouve en culotte sans raison, donc c’est quand même une agression. Ce n’est pas normal, ce n’est pas acceptable, je ne méritais pas ça, il n’y avait aucune raison que je me retrouve dans cette situation. Le matin, des personnes faisant partie d’un organisme étaient là pour vérifier les conditions de détention et une d’entre elles m’a expliqué que les policiers n’étaient pas censés avoir le droit de nous demander d’enlever nos soutiens-gorges.

Quand on était en garde à vue, une fille qui était dans le commissariat depuis plusieurs heures nous a expliqué que dans la journée, elle les avait entendu dire qu’ils ne devaient arrêter personne dans la journée pour garder de la place pour les manifestants le soir. Donc on sait qu’ils reçoivent l’ordre de nous arrêter. Cette situation n’est pas normale, on sait qu’ils ont arrêté des centaines de personnes pendant les manifestations pour nous terroriser.


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