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Violences policières

« T’apprends aux élèves à se couper les couilles » : la BAC interpelle violemment un enseignant à Paris

À la fin de la manifestation du 29 septembre à Paris, un enseignant a été violemment interpellé par la BAC. Frappé, emmené en garde-à-vue, il a également reçu des insultes transphobes, un policier expliquant : « ton métier c’est d’apprendre aux élèves à se couper les couilles pour changer de sexe. »

Gabriel Ichen

3 octobre 2022

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Crédits photo : Capture d’écran vidéo Emma Audrey

La manifestation de ce jeudi 29 septembre pour la hausse des salaires et contre la vie chère à l’appel de la CGT a réuni plusieurs milliers de personnes à Paris. La manifestation s’est déroulée de façon classique et a tranquillement suivi son trajet déposé en préfecture. Pourtant cela n’a pas empêché les forces de police mobilisées pour encadrer la manifestation de réprimer des travailleurs et des jeunes présents.

Pierre*, enseignant dans un collège de Seine-Saint-Denis (93), en grève et mobilisé ce jour-là, a ainsi été la cible d’une violente interpellation par des policiers en civil aux environs de 17h, aux alentours de la place de la Bastille, à la fin du trajet de la manifestation. Une partie de son interpellation a été filmée et postée sur Twitter par la journaliste Emma Audrey, on peut voir Pierre être brutalement interpelé à la fin de la vidéo :

Comme on peut le voir sur les images, les policiers en civil ne sont pas identifiables. Contacté par Révolution Permanente, Pierre raconte la situation : « j’ai fait toute la manifestation avec mes collègues enseignants. Arrivés à Bastille on allait partir pour boire un verre et on a entendu une adolescente crier « je peux plus respirer » et j’ai vu des types en noir non identifiables s’attaquer à cette jeune adolescente. J’ai pas réfléchi je suis intervenu, je me suis dit que ça pouvait être une de mes élèves, et j’ai été suivi par d’autres manifestants. On a suivi les types qui embarquaient la fille jusque dans une rue adjacente où il y avait un cordon de CRS. Et là je comprends que ces types sont des policiers en civil, sûrement de la BAC ».

Une fois dans la rue face aux CRS et aux policiers en civil, Pierre se retrouve isolé et est très violemment interpelé. « Ils m’ont mis une grosse balayette et m’ont frappé au sol avant de me menotter et de m’amener derrière le cordon de CRS » raconte-t-il. Derrière le cordon de CRS il est remis violemment à terre, « tu seras mieux assis » lui dit un policier. « Ils se défoulaient et cherchaient à m’humilier » témoigne l’enseignant.

À ce moment, les policiers lui lancent des insultes transphobes, qui le ciblent en tant qu’enseignant. « Ton métier c’est d’apprendre aux élèves à se couper les couilles pour changer de sexe » balance un policier. Une phrase qui montre combien l’institution policière est biberonnée aux idées les plus réactionnaires comme l’idée d’un « complot LGBT » au sein de l’école, promue par l’extrême-droite à l’international, et en France par Zemmour et des médias comme Valeurs Actuelles.

Pierre est ensuite emmené au poste de police avec quatre jeunes femmes, dont deux mineures, également interpelées en marge de la manifestation. Il est placé en garde-à-vue pendant 24h où il doit subir la maltraitance des policiers. Durant la garde-à-vue, il assiste au traitement raciste de la police envers les personnes qui partagent sa cellule. « Ils n’ont pas voulu éteindre la lumière et n’ont pas voulu nous donner de couvertures pour pas qu’on dorme. Les policiers étaient racistes. Quand c’était moi qui parlait aux policiers, ils me répondaient. Mais quand c’était les autres de la cellule qui demandaient quelque chose, ils ne leur répondaient même pas ».

Après ces 24h enfermé, Pierre apprend que sa garde-à-vue va être prolongée de 24h. « C’était un coup de pression » explique-t-il, puisqu’il sera relâché trois heures après, et sort du poste de police vendredi à 20h, soit 27 heures après son arrestation. Pierre est relâché sans aucune poursuite judiciaire, pas même un rappel à la loi.

Marqué par cette interpellation, Pierre « réfléchit à porter plainte », mais hésite, tant face à l’impunité policière « je sais que ça ne fera rien ». « Avant, je pensais que les policiers étaient des fonctionnaires comme les autres. Mais toutes les images de violences policières en manifestations et maintenant mon interpellation me fait comprendre qu’il y a un problème profond avec l’institution policière » finit-il par nous confier.

De fait, loin d’être accidentelles, les violences policières dont a été victime cet enseignant montrent une fois de plus comment les forces de police sont mandatées pour réprimer les travailleurs qui osent revendiquer de meilleures conditions de travail et de salaires, comme ils répriment quotidiennement les habitants des quartiers populaires.

Elle souligne également la façon dont cette répression est empreinte du racisme, de l’homophobie et de la transphobie la plus crasse qui caractérisent cette institution. De ce point de vue, difficile de ne pas faire le lien entre les insultes transphobes contre Pierre, la rhétorique de l’extrême-droite mais aussi l’offensive « anti-wokistes » du gouvernement.

Contre cette répression et pour refuser toute intimidation, il est central que les organisations du mouvement ouvrier, en alliance avec les organisations du mouvement social qui luttent déjà sur ce terrain, à commencer par le mouvement anti-raciste, fassent front et se mobilisent avec force contre l’ensemble des violences policières.


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