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Nouveau couac

Suppression de la taxe d’habitation. La nouvelle « fake news » de Macron

La secrétaire d’État auprès du ministre de l’intérieur, Jacqueline Gourault, a annoncé jeudi que la suppression de la taxe d’habitation serait compensée par un « impôt plus juste ». Rétropédalage et recadrage musclé de Bruno Le Maire dans la foulée, mais le mal est fait, l’ex-sénatrice du Loir-et-Cher a mis sur la table un sujet que le gouvernement voulait éviter.

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L’année 2018 débute par un couac au sein du gouvernement Philippe. Pourtant le premier ministre avait annoncé la couleur sur France 2, la semaine dernière : « Je veux que chacun des membres du gouvernement sache ce que font les autres, au rythme où ils vont le faire, pour que nous puissions avoir un travail d’équipe, sans couac, cohérent, compréhensible et efficace ». La suppression de la taxe d’habitation était l’une des mesures phares du candidat Macron qui qualifiait cette taxe « d’impôt le plus injuste ». Une mesure que l’ancien banquier de Rotschild voulait appliquer en faveur « des classes moyennes et populaires ». Sitôt élu, le président des riches a décidé d’accélérer sa mise en œuvre d’un an : son lancement est annoncé pour 2018.

Pour le gouvernement jupitérien, il s’agit alors de mettre en avant cette mesure populaire. D’en faire un beau « story telling ». De vendre aux français le fait qu’ils paieront un impôt en moins, et éviter la question qui fâche : un impôt supprimé oui, mais remplacé par quoi ? Rien d’étonnant alors à ce que l’Élysée grince des dents quand Jacqueline Gourault évoque un nouvel « impôt plus juste » pour remplacer la taxe d’habitation.

L’entourage de Macron s’est efforcé depuis de tenter d’éteindre l’incendie. D’où ce tweet de l’ex-sénatrice dès jeudi soir : « La taxe d’habitation est définitivement abolie et ne sera pas remplacée par un autre impôt. La fiscalité locale sera entièrement repensée. » Au ministre de l’économie Bruno Le Maire ensuite, de tenter de déminer le terrain sur BFM TV : « On ne supprime pas un impôt pour en rétablir un autre. On ne prend pas dans la poche des Français ce qu’on vient de leur donner de l’autre main. Ça, c’est le principe fondamental ». Son ministère décide quant à lui de botter en touche, et de remettre la question du remplacement aux calendes grecques. « C’est un sujet qui n’est pas encore arbitré, Jacqueline Gourault a parlé trop vite ».

La taxe d’habitation remplacée par un impôt national adossé à une part de CSG ou de CRDS ?

Actée dans la loi de finance de 2018, la suppression de la taxe d’habitation progressivement, sur 3 ans, devrait être effective pour 80% des foyers français. Emmanuel Macron a fait part de sa volonté de la supprimer pour tous, même donc pour les plus riches à qui Macron n’a de cesse de faire de nouveaux cadeaux. « Le grand débat, c’est de savoir si l’on passe d’un système où vous demandez une part d’un impôt national ou si l’on conserve des impôts locaux prélevés sur une assiette définie et avec des taux fixés ? […] je pense que, pour le bloc communal, il est important de laisser un impôt en lien avec le territoire, c’est-à-dire les citoyens » déclarait Mme Gourault jeudi dernier. Mais, avec cette suppression, « il y aura bien évidemment besoin de ressources pour les collectivités locales ».

Comment remplacer la taxe d’habitation ? Emmanuel Macron ne serait pas défavorable à la proposition défendue par plusieurs associations d’élus locaux : récupérer la part départementale de la taxe sur le foncier bâti (environ 14 milliards), lesquels se financeraient sur une part de CSG. Alors que la taxe d’habitation représente quelques 22 milliards d’euros par an, les milliards restants pourraient être récupérés par de la CSG ou du fond bâti. S’appuyer potentiellement sur la CSG qui n’est pas prélevée seulement sur les « actifs » mais aussi sur les demandeurs d’emplois, les détenteurs de patrimoine (à hauteur de 8,2% de leurs revenus), les retraités (6,6% de leur pension) semblerait donc une solution plus juste pour le gouvernement...

Le remplacement de la taxe d’habitation pourrait se faire via un impôt national adossé à une part de CSG ou de CRDS. Un nouvel impôt pour tous. Si la taxe d’habitation était un impôt assez arbitraire puisqu’il se calcule en fonction du lieu d’habitation et non pas des revenus de la personne, ou de la valeur du bien, il ne faut pas s’illusionner sur la nouvelle recette que nous prépare Macron. Car ce seront encore et toujours les classes populaires qui seront la variable d’ajustement. La suppression de la taxe d’habitation serait-elle une « fake news » made in Macron ?


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