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Victoire de la classe ouvrière

Sri Lanka. Démission du premier ministre après une grève générale dans tout le pays

Après des semaines de protestations et de journées de grève, le premier ministre du Sri Lanka a démissionné lundi au cours d'une journée sanglante, où 5 personnes ont été tuées lors de manifestations contre le gouvernement. Les manifestants réclament également l'éviction du président, qui fait partie du même clan familial, face à une crise économique qui rend la vie insupportable pour la population.

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Le Premier ministre sri-lankais Mahinda Rajapaksa a annoncé sa démission lundi après plusieurs semaines d’affrontements entre les partisans du gouvernement et les manifestants, qui réclament son départ depuis des semaines en raison de la grave crise économique qui traverse le pays.

Depuis plus d’un mois, des manifestations permanentes et des grèves générales exigent la démission de l’ensemble du gouvernement ultranationaliste, y compris le président et son premier ministre, tous deux appartenant au même clan familial, dans un contexte de dévaluation de la roupie (la monnaie nationale) et d’inflation des produits de base.

Lundi, à la suite d’affrontements et de la répression contre les manifestants anti-gouvernement, qui ont fait 5 morts et entraîné l’instauration de l’état d’urgence, il a été annoncé que le Premier ministre quittait finalement ses fonctions. Rajapaksa "a démissionné. Il a présenté sa lettre de démission", a déclaré un fonctionnaire du bureau du Premier ministre.

Le Premier ministre, âgé de 76 ans, a envoyé sa lettre de démission à son frère cadet, le président Gotabaya Rajapaksa, afin d’ouvrir la voie à ce qu’ils appellent un "nouveau gouvernement d’unité", qui chercherait à apaiser les tensions de la rue. Cependant, les manifestants demandent également l’éviction du président.

Crise économique et accord avec le FMI

Le Sri Lanka traversait déjà une crise économique depuis des années, qui a été aggravée par la pandémie et, ces derniers mois, par la guerre en Ukraine. Les prix des carburants se sont multipliés tant pour le gaz que pour les autres combustibles de cuisson, comme le pétrole brut. Cela a provoqué des pénuries et des augmentations de prix pour les produits de base, ainsi que pour le prix du pain et de la farine. C’est ce dernier produit qui a rendu la situation explosive alors que le pays, qui a vu ses revenus diminuer en raison de la baisse du tourisme pendant la pandémie, traversait déjà une spirale d’inflation et de dévaluation de la monnaie qui a plongé une partie de la population dans la pauvreté.

Dans ce contexte, le gouvernement, aux mains du clan familial ultra-nationaliste Rajapaksa, a commencé à négocier avec le FMI un prêt dont les détails devaient être finalisés cette semaine et qui comprenait à la fois un versement de liquidités par l’organisation et une série d’exigences qui, comme dans le reste du monde, incluaient des ajustements et des coupes budgétaires dans des domaines clés, la santé, l’éducation et le secteur public, ainsi qu’une flexibilité du marché pour encourager l’entrée de capitaux étrangers dans l’achat d’entreprises publiques.

État d’urgence et grève générale

C’est pourquoi le président Gotabaya Rajapaksa a déclaré l’état d’urgence vendredi dernier, quelques heures à peine après le début d’une grève générale massive appelée en solidarité avec les manifestations qui se déroulent depuis des mois face à l’incapacité de l’île à surmonter la plus grande crise économique depuis son indépendance de la domination coloniale britannique.

Cette mesure a donné aux militaires des pouvoirs spéciaux pour faire face aux manifestations qui se sont multipliées ces derniers jours et ont atteint leur paroxysme vendredi dernier avec une grève générale massive, à l’appel de plus de 2 000 syndicats, qui a paralysé les écoles, les services publics, les transports et les entreprises privées.

Cette escalade s’est terminée lundi, par une répression des manifestants et des affrontements avec des gangs pro-gouvernementaux qui ont fait 5 morts.

Les manifestants ont perdu la peur du gouvernement après des années d’autoritarisme du clan Rajapaksa. Démissions de ministres, répression, tentatives de censure des médias sociaux sont des signes désespérés du gouvernement pour rester debout, mais cela ne calme pas la fureur des manifestants pour autant.

"Si le président Gotabaya Rajapaksa et le premier ministre Mahinda Rajapaksa ne démissionnent pas, à partir du 11 mai, cette grève deviendra une grève quotidienne", avait menacé la semaine dernière un membre du syndicat du département postal, T. Gunasekera.

La grève coordonnée de ces derniers jours montre qu’une intervention déterminée de la classe ouvrière, avec ses propres méthodes de lutte comme la paralysie de l’économie et les manifestations de rue, peut mettre le gouvernement en échec. C’est ce qu’a démontré la démission du premier ministre lundi, et qui va continuer avec la revendication de la démission du président.

Cette conscience de leur propre force, dans la rue, devrait également les aider à ne pas faire confiance à l’opposition politique qui cherche à profiter des mobilisations pour occuper elle-même des postes de pouvoir, voire une partie d’un gouvernement d’union nationale, qui fonde ses espoirs sur le fait que seul un accord avec le FMI peut sauver l’économie du pays, en occultant les exigences austéritaires, de fin des subventions, d’augmentation des tarifs, de privatisations et de réduction du déficit qui font partie des demandes inhérente à l’organisation internationale.


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