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Soudan. La mobilisation continue contre les militaires

« Qui est Burhan ? C’est un enfant du régime ! Qui est Burhan, c’est un traître ! » Dimanche, alors que le général al-Burhane s’engageait à remettre le pouvoir dans les mains du peuple, Mohamed al-Amin, un porte-parole du mouvement de protestation, annonçait la suspension des discussions avec le Conseil militaire de transition, le considérant comme un prolongement du régime d’Omar el-Béchir et appelait à intensifier la mobilisation.

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Crédit photo : Ozan Kose / AFP

Ce dimanche, les Soudanais attendaient l’annonce des noms qui devaient composer un conseil civil. Au lieu de ça, ils ont appris l’arrêt des négociations entre les militaires et les représentants du mouvement.

Devant l’état-major de l’armée à Khartoum, Mohamed al-Amin, un porte-parole du mouvement, a expliqué à la foule : « Nous suspendons nos discussions avec le Conseil militaire de transition que nous considérons comme un prolongement du régime d’Omar el-Béchir ». Il a appelé, devant des milliers de personnes qui agitaient des drapeaux soudanais et illuminaient les bâtiments avec les lampes de leurs téléphones portables tout en criant « Liberté, paix, justice », à « poursuivre et intensifier les manifestations jusqu’à ce que nos demandes soient satisfaites ».

Les militaires promettent et menacent

Le général Abdel Fattah al-Burhane, chef du Conseil militaire de transition, avait annoncé plus tôt dans la journée que dans la semaine le pouvoir serait confié à la société civile.

Les militaires tentent de se débarrasser de cette image de pilier du régime, notamment via la perquisition dans la résidence d’Omar el-Béchir où 113 millions de dollars - en devise américaine, euros et livres soudanaises - ont été saisis. Un nouveau procureur général a été nommé et il a annoncé mettre en place des procédures pour contrôler les biens des hauts responsables du régime d’Omar el-Béchir et de leurs familles. Une façon de sacrifier quelques membres du système pour sauver le régime, car on peut douter du fait qu’il s’attaque aux généraux de l’armée.

De l’autre côté, le général Abdel Fattah al-Burhane a menacé et a « condamné le blocage de routes et la fouille de personnes sans en avoir l’autorité ». C’est le mouvement qu’il condamne directement, puisqu’il fait référence aux barrages établis par les manifestants aux abords de l’état major de l’armée, montrant ainsi que les tentatives des soudanais pour s’auto-organiser en marge du régime, quoi que de façon extrêmement embryonnaire, ne seront pas tolérés par les militaires. 

D’autant plus que les manifestants ne se contentent pas des miettes avancées par les généraux. Dans la nuit de dimanche à lundi, les Soudanais entonnaient un nouveau chant qui ne laisse pas de place au doute : « Qui est Burhan ? C’est un enfant du régime ! Qui est Burhan, c’est un traître ! ».

Si les exigences des manifestants restent les mêmes, notamment le transfert immédiat du pouvoir à la société civile, on peut légitimement se demander : quelle société civile ? Au vu des négociations en cours avec les différents partis soudanais, il faut s’attendre à ce que les politiciens qui ont profité et collaboré au régime d’Omar el-Béchir fassent entièrement partie de ce processus. Un régime dit démocratique, accordant même quelques concessions aux masses pour préserver l’intégralité du régime peut être mis en place mais le pouvoir ne sera pas pour autant entre les mains des Soudanais.

Comme l’a démontré la déposition par l’armée d’el-Béchir, on a vu des dictateurs tomber et des élites mises au pouvoir pour servir les intérêts de la classe dirigeante et des impérialistes. Il est donc plus que temps que les Soudanais se dotent de leurs propres organes d’auto-organisation et dirigent eux mêmes leur révolution, comment l’ont montrées la jeunesse et les femmes, à l’avant-garde des mobilisations.


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