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Greenwashing impérialiste : Biden joue la carte ecolo au sommet climat

Les plus gros pollueurs du monde se sont réunis lors d’un sommet virtuel sur le climat à l’initiative du Président Joe Biden. L’enjeu pour le successeur de Trump : rétablir la place des États-Unis comme interlocuteur majeur dans la crise climatique. Mais Biden n’a rien d’un écologiste.

Inès Rossi

22 avril 2021

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Le Président Biden se veut écolo. C’était l’un des thèmes phares de sa campagne : Trump
était unilatéralement sorti de l’Accord de Paris sur le climat, Biden s’engageait à le réintégrer, ce qu’il a rapidement fait une fois élu. Après des années de climato scepticisme d’État, avec un Président qui s’est notamment illustré en nommant un climato-sceptique à la tête de l’agence américaine de l’environnement ou en prétendant que le réchauffement climatique était un coup monté par la Chine pour faire perdre aux États-Unis son leadership mondial, beaucoup d’Américains se sont dit qu’un vote pour Biden, c’était un vote pour la planète.

C’est dans cette optique que Joe Biden a été à l’initiative, ce jeudi 22 avril, d’un sommet réunissant notamment les plus gros pollueurs de la planète à l’occasion de la Journée de la Terre. L’objectif ? Réhabiliter les États-Unis comme interlocuteur en matière d’écologie, et reprendre symboliquement la tête de la lutte contre le réchauffement climatique, mais pas que. Cette initiative est une tentative de la part de Biden de restaurer l’image ternie des États-Unis à l’international, afin de retrouver son hégémonie d’antan.

C’est sans compter sur la Chine, qui veut elle aussi tirer son épingle du jeu, et qui n’a pas manqué de fustiger ce retournement de situation, comparant les États-Unis à « un mauvais élève qui revient sur les bancs de l’école après avoir séché les cours ». Car si la Chine représente un tiers des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale, un fait qui arrange bien les États-Unis (15% des émissions) dans leur duel au sommet, le bilan est moins glorieux pour ces derniers quand on ramène ces émissions au nombre d’habitants dans les deux pays. Tous deux sont au dessus de la moyenne mondiale, mais la Chine émet environ 7,7 tonnes de Co2 par habitant et par an, contre 15,7 tonnes de Co2 par habitant et par an pour les États-Unis.

De plus, si Biden se veut écolo en chef, son bilan n’est pas brillant sur ce plan. Il est même catastrophique : sous la présidence d’Obama, durant laquelle il a été vice-Président, la production de pétrole aux États-Unis a bondi de plus de 80%. Durant ses mandat, Obama, main dans la main avec Biden, une multitude d’oléoducs et de gazoducs ont fleuri à travers le pays, y compris sur des terres appartenant aux Amérindiens, notamment l’oléoduc Dakota Access, dont le tracé traversait la réserve lakota de Standing Rock. Pire, la mobilisation des Amérindiens et de leurs soutiens contre cette construction a été durement réprimée par la police et même la garde nationale.

Lors de la COP21, qui a donné naissance à l’accord de Paris, les États-Unis d’Obama ont fait partie des puissances s’opposant à la mise en place de plafonds d’émissions sous peine de sanctions. L’accord final n’est guère plus qu’un accord symbolique où chaque pays fixe ses propres objectifs, sans aucune contrainte.
Depuis qu’il est Président, Biden a refusé d’adopter le Green New Deal défendu par les franges les plus à gauche de son parti. Il propose en revanche un plan de lutte contre le changement climatique de 2 000 milliards de dollars que ses partisans qualifient de "révolutionnaire". Mais ce plan ne s’attaque pas à la propriété privée, ni au « libre marché », s’appuyant sur des mécanismes tels que le marché du carbone et sur les subventions au patronat. Biden propose une version néolibérale du Green New Deal, déjà loin d’être suffisamment ambitieux pour faire face à la gravité de la crise à laquelle nous sommes confrontés.

Qu’attendre de ce sommet, si ce n’est une continuation des politiques tièdes que l’on a connues jusqu’à présent ? Deux autres échéances similaires sont d’ailleurs prévues dans les mois à venir, la COP26 de Glasgow, et la conférence de Kunming, consacrée à la biodiversité.Ce sommet ne sera donc rien d’autre qu’une ènième COP21, une occasion de faire des promesses et des beaux discours sans adopter aucune mesure contraignante envers les capitalistes. Pour les grandes puissances, la lutte contre le changement climatique est une question de bataille d’hégémonie ; pour les travailleurs du monde entier, c’est une question de survie. Les capitalistes n’ont aucun intérêt à mettre un terme au changement climatique, et seuls les travailleurs sont à même de mettre en place une véritable transition écologique.


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