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Sommet azerbaïdjano-arménien. La Russie cherche à réaffirmer son influence régionale dans le Caucase

Ce 31 octobre, la Russie organisait un sommet avec l'Arménie et l'Azerbaïdjan, dans le cadre du conflit qui les oppose, après une tentative de médiation européenne. Un moyen pour Poutine de réaffirmer son rôle de stabilisation dans l'aire historique d'influence russe, alors qu'il se trouve de plus en plus remis en cause.

Hélène Angelou

1er novembre 2022

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Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, plusieurs conflits gelés se sont réchauffés, notamment dans la sphère d’influence historique de la Russie. C’est le cas du conflit qui voit s’opposer l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Ravivé dès 2020 par l’offensive azérie contre le Haut-Karabakh, région disputée, les tensions entre les deux pays ont à nouveau donné lieu à un affrontement en septembre 2022, dans le contexte de l’embourbement russe en Ukraine, l’Azerbaïdjan cherchant à pousser son avantage dans des affrontements frontaliers qui ont fait près de 300 morts.

Si une déclaration commune a été adoptée à l’issue du sommet, donnant pour perspective la préparation d’un accord de paix, celle-ci semble en réalité entériner le très fragile statut quo issu de la victoire militaire de l’Azerbaïdjan.

Un sommet aux enjeux stratégiques

Au-delà des limites de la déclaration, l’enjeu essentiel pour la Russie était de réaffirmer son influence dans la région et d’envoyer un message de stabilité alors même que son rôle de stabilisation est fragilisé depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.

La séquence ouverte par la guerre en Ukraine voit en effet les tensions internationales s’approfondir et une logique de bloc s’affirmer de plus en plus : d’une part le bloc occidental autour des États-Unis et d’autre part le bloc formé par l’axe Chine-Russie et leurs alliés. C’est dans ce contexte de polarisation que les États-Unis et l’Union européenne ont cherché à jouer le rôle de médiateur dans le conflit opposant l’Arménie et l’Azerbaïdjan. A ce titre, Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants américaine était en visite à Erevan en septembre et, le 6 octobre, une réunion entre les deux chefs d’États, Nikol Pachinian pour l’Arménie et Ilham Aliev pour l’Azerbaïdjan était organisée lors du sommet de la Communauté politique européenne, autour de Macron et du président du Conseil européen, Charles Michel. Un rapprochement jouant notamment sur les limites de la médiation russe, puisque la présence de 2000 soldats russes, déployés dans le Haut-Karabakh n’a pas permis d’éviter les affrontements sporadiques qui ont eu lieu dans cette région et les attaques frontalières de l’Azerbaïdjan en septembre.
« Nous voyons cela comme une nouvelle tentative de l’UE d’interférer par tous les moyens dans la normalisation des relations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, pour saper les efforts de médiation de notre pays », dénonçait alors la porte-parole du ministère russe des affaires étrangères, Maria Zakharova, montrant la tension qui se joue entre les deux blocs.

Cette médiation occidentale s’explique aussi par le fait que l’Azerbaïdjan est un producteur de gaz important et joue un rôle de premier plan dans la diversification des sources d’approvisionnement énergétique de l’Union européenne dans le cadre de la guerre en Ukraine. Une position stratégique qui permet aujourd’hui au pays, appuyé par la Turquie, de mener une politique d’expansion. Ainsi les puissances occidentales ont cherché depuis le début du conflit à calmer le jeu, tout en ménageant leurs relations avec l’Azerbaïdjan.

Un conflit encore ouvert

Le sommet réuni par Poutine à Sotchi, dans le sud-ouest de la Russie visait donc à reprendre la main sur l’aire d’influence historique de la Russie et, malgré l’escalade, de démontrer sa capacité à être non seulement un médiateur mais aussi un acteur de stabilisation dans la région, au vu de ces enjeux stratégiques.

Pour autant, le statut quo entériné pour le moment par la déclaration, malgré la promesse de Bakou et d’Erevan de « ne pas recourir à la force », reste très limité. Le premier ministre arménien a ainsi réaffirmé que sa priorité était le retrait azerbaïdjanais des zones du Haut-Karabakh. Le conflit reste en ce sens largement ouvert.


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