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Racisme d'État

Seine Saint-Denis. Trois fois plus de contraventions que dans le reste de la France

En Seine-Saint-Denis, le taux de verbalisation est trois fois supérieur à la moyenne nationale. Sur 252 259 contrôles, ce sont 41 103 qui ont été soldés par une contravention, soit 17%, très loin des 5,9% nationaux.

Lorélia Fréjo

27 avril 2020

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Depuis la blessure d’un jeune à Villeneuve La Garenne, les violences policières et les inégalités de traitement face au confinement se dévoilent. Ce matin, Libération révélait que le taux de verbalisation en Seine-Saint-Denis était trois fois supérieur à la moyenne nationale. Sur 252 259 contrôles, ce sont 41 103 qui ont été soldés par une contravention, soit 17%, très loin des 5,9% nationaux.

Déjà, dès le début de la crise, le premier jour du confinement, 10% des amendes dressées l’avaient été en Seine Saint Denis
Un département où les violences policières se multiplient, avec notamment hier la vidéo terrifiante d’un jeune homme humilié et insulté. Les policiers lui ont ainsi proféré des menaces et des injures racistes pour l’intimider.
Ainsi, la Seine Saint Denis, département le plus touché de l’Ile de France, où les hôpitaux subissent le manque de personnel et de moyens, est le département où le plus de contraventions ont été dressées contre la population. Un exemple des plus clairs de la politique gouvernementale qui a décidé, au lieu d’investir et de donner des moyens pour les soignants, de privilégier une réponse policière à la crise.

Ce sont donc les contrôles policiers et les contraventions qui ont été donnés comme seule réponse à la population, clairement laissée pour compte du confinement. Une politique que le gouvernement assume, puisque Christophe Castaner s’est félicité lui-même à l’Assemblée la semaine dernière, fier d’expliquer : «  Il n’y a pas de quartiers dans lesquels nos forces de sécurité intérieure n’interviendraient pas ». Délibérément, le gouvernement a décidé de laisser le champ libre à la police pour gérer le confinement et dévoile clairement le caractère autoritaire de sa gestion de crise depuis le début.

De plus, les inégalités qui structurent notre société sont de plus en plus visibles en cette période de confinement. Pendant que les uns peuvent partir dans leurs villas secondaires et en faire des vacances, dans les quartiers populaires la misère s’accroît. De fait, à Saint Denis comme dans les départements les plus pauvres, les habitants sont parfois obligés de se loger dans des appartements insalubres et minuscules à plusieurs. Subissant d’importantes difficultés financières à cause de la crise, ils sont obligés, pour beaucoup, de continuer à travailler.

De fait, en Seine Saint Denis, beaucoup des habitants sont en première ligne du fait de leurs activités : ASH, caissiers, infirmières, livreurs, aides-soignants, travailleurs des transports, éboueurs, et autres. C’est donc la précarité et la menace du virus qui rythme la vie de ces travailleurs pauvres mais aussi la sur-présence policière, à qui le pouvoir laisse le champ libre pour réprimer la population.

Mais ce traitement que subissent depuis bien longtemps les quartiers populaires dont la population est délibérément maintenue dans la pauvreté et où les politiques néolibérales de casse de l’hôpital ont été les plus violentes, n’est désormais plus accepté. Après la démonstration du caractère de la police pendant le mouvement des gilets jaunes, aujourd’hui le confinement montre la réalité que vivent les populations pauvres des quartiers, et cela ne sera clairement pas laissé sans réponse.

On a vu, ces dernières semaines, les jeunes se soulever contre cet état des choses qui vise à leur faire payer durement la crise, à coup de pression policière et de menaces. Aujourd’hui, il s’agit de dénoncer systématiquement ces agissements et surtout la politique du gouvernement qui cherche à cadenasser les quartiers populaires, alors qu’ils commencent à montrer leur refus de subir la pauvreté et les violences. Comme notamment à Marseille, où un Macdo a été réquisitionné par ses travailleurs pour organiser des collectes de nourriture pour les populations pauvres des quartiers nord.

Crédit photo : LP/Thomas Poupeau


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