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Port de Calais

Sea France finit par couler

Karel Venuvitch Un mois après la mise en liquidation de la SCOP Sea-France, un protocole d'accord a été signé lundi soir pour mettre fin au conflit entre la coopérative et Eurotunnel, ex-propriétaire des bateaux de la compagnie MyFerryLink assurant la liaison transmanche. La réunion au ministère s'est déroulée en présence du liquidateur judiciaire d'Eurotunnel et de son concurrent danois DFDS Seaways, nouvel affréteur de deux des trois bateaux MyFerryLink, et du Syndicat maritime nord (SMN). Alors que les marins de Sea France avaient démontré, encore une fois ces derniers mois, une combativité exemplaire, cet accord est-il synonyme de victoire comme l’explique Eric Vercoutre, secrétaire général du Syndicat Maritime Nord ?

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Dans la nuit de dimanche à lundi, les marin de l’ex-SCOP Sea France ont mis fin au blocage du port de Calais, assurant le trafic transmanche vers Douvres. Créée sur les cendres de la compagnie Sea France en 2012, la coopérative aura connu autant d’année de lutte que d’existence pour faire face au attaques successives visant à son démantèlement pur et simple au profit de l’entreprise DFDS. Trois années de résistance qui se sont soldées, le 31 Juillet dernier, par la capitulation des syndicats et la liquidation de la SCOP par le tribunal administratif de Boulogne-sur-mer, officiellement prononcé afin de régler les impayés de salaires. L’accord trouvé ce lundi soir met donc fin à un processus de démantèlement voulu dès 2009 par les différentes parties prenantes dans cette affaire, de la SNCF à Eurotunnel jusqu’à l’entreprise danoise DFDS, et ce au détriment des travailleurs.

En échange des bateaux occupés par les marins, qui ont été restitués ce mercredi, le ministère informe, dans un communiqué que « les discussions ont permis de dégager des moyens nécessaires pour le paiement par le liquidateur des salaires du mois d’août ». En terme d’emploi, 402 des 487 salariés seront repris par Eurotunnel et DFDS et une indemnité transactionnelle de 20 000 euros sera versée pour les salariés sans emploi au 1er janvier 2016. Si la mobilisation a pu imposer la réembauche d’une partie des marins sous des conditions de travail dégradées, cet accord scelle le démantèlement de MyFerryLink et sa privatisation totale, orchestrée de longue date. L’alternative représentée par le modèle SCOP s’est heurtée à l’impitoyable machine à broyer capitaliste, et a affiché ses limites. L’avenir des travailleurs qui ne seront pas repris, conformément à l’accord signé, s’annonce ainsi bien sombre. La région Nord Pas de Calais Picardie, avec un taux de chômage de 15,9% au premier trimestre 2015 - le plus haut taux de chômage en France - ne semble en effet n’offrir que peu de possibilités pour les salariés laissés sur le carreau.

Présenté comme une victoire par Eric Vercoutre, secrétaire général du comité d’entreprise de la SCOP et du Syndicat Maritime Nord (SMN), qui se félicite du "combat admirable" des salariés, tout en masquant la capitulation de sa centrale lors des négociations et après le verdict du tribunal administratif en affirmant que le combat " n’est pas terminé pour autant" notamment sur "l’application stricte des différents points", l’accord qui entérine le démantèlement total de Sea France est en réalité une victoire pour l’entreprise DFDS, Eurotunnel et la direction du port de Calais, dont le président Jean-Marc Puissesseau a affirmé dès ce mercredi une augmentation "au minimum de 2,5% par an" du trafic transmanche. Le gouvernement, qui orchestre la privatisation rampante depuis 2009, s’en tire à bon compte. Il n’a pas eu besoin de se mouiller et aura joué le rôle d’un médiateur. Si la résistance des travailleurs a pu permettre de sauvegarder un certain nombre d’emplois, la direction syndicale du Syndicat Maritime Nord (SMN), a joué, elle, un rôle de contention de la combativité des marins de Sea France en optant pour une stratégie de négociation avec les différents capitalistes et le gouvernement. Face aux armateurs et à leur soif de profits, ce qu’il aurait été légitime de poser, c’est bien le maintien de l’ensemble des emplois et la nationalisation sous contrôle des marins de Sea France et de toute la branche, notamment dans le cadre du trafic transmanche.


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