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Crise sanitaire et politique

Scandale. Comment le gouvernement refuse de réaliser jusqu’à 300.000 tests par semaine

Le Point a révélé que 75 laboratoires vétérinaires départementaux pourraient réaliser entre 150.000 et 300.000. Mais le gouvernement refuse toujours de les mettre à disposition. Un scandale alors que la vague épidémique a fait au moins 588 morts ces dernières 24h.

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En Corée du Sud, la stratégie choisie a rapidement été celle d’une campagne de dépistage massif et accessible à tous. Près de 400 000 personnes ont ainsi été dépistées en l’espace de deux mois, avec une capacité de dépistage allant jusqu’à 20 000 personnes par jour. Cette politique sanitaire a ainsi permis d’isoler les foyers de contamination et de prendre en charge rapidement les personnes contaminées. En Allemagne, les autorités publiques et sanitaires ont rapidement mis en place un dispositif de dépistage pouvant aller jusqu’à 500 000 tests par semaine. Ces politiques de dépistage massif explique ainsi largement le faible taux de létalité du virus dans ces deux pays.

En comparaison, la France n’a effectué que 195 000 tests entre le 24 février et le 27 mars (selon le dernier point épidémiologique de Santé Publique France du 2 avril). En effet, la stratégie du gouvernement français a été toute autre. La France fait partie des pays qui dépistent peu leur population en comparaison avec l’Allemagne et la Corée du Sud. En matière de dépistage, l’exécutif a privilégié une politique « ciblée », c’est-à-dire de ne tester que les personnes fragiles et à risques, les personnels soignants et les malades qui présentent des symptômes graves et devant être hospitalisés. Alors que de nombreuses morts auraient pu être évitées, ce dispositif continue ainsi de mettre en danger la vie de milliers de travailleurs et apparaît largement insuffisant pour répondre à l’ampleur de la pandémie. A l’inverse des recommandations des personnels soignants, les autorités françaises ont préféré mettre un place un dispositif de confinement toujours plus répressif tout en maintenant parallèlement l’activité productive dans les secteurs non-essentiels de l’économie (alors que récemment, et dos au mur, les gouvernements italien et espagnol ont annoncé un arrêt de la production non-essentielle).

Si cette situation s’explique en partie par la négligence dont a fait preuve le gouvernement, elle s’explique aussi surtout par l’incapacité actuelle du système sanitaire français à répondre efficacement à l’épidémie. En cause : plus de quinze année de casse du système de santé par les politiques néo-libérales et austéritaires des différents gouvernements qui se sont succédés. Or il semble que l’actuel gouvernement ait bien l’intention de continuer dans cette logique, si l’on en croit le récent plan dessiné par la Caisse des dépôts et Consignation qui prévoit une privatisation croissante du système de santé et des hôpitaux publics. Ces politiques néolibérales ont aujourd’hui pour effet un manque criant de moyens matériels nécessaires pour faire face à l’épidémie. Ainsi, en plus du manque de masques, de respirateurs artificiels et de lits, le système de santé fait face à une autre pénurie : celle des tests permettant de dépister le virus. Or une pénurie en alimentant une autre, certains laboratoires en manque de masques, de blouses ou de charlottes, n’ont pas pu réaliser ces tests qui demandent une manipulation impliquant une forte exposition au virus. En outre, cette pénurie s’explique aussi par le manque important de réactifs nécessaires à la réalisation des tests. L’approvisionnement de ces réactifs dépend ainsi presque exclusivement des industriels et des entreprises privées qui les produisent. Dans un communiqué paru le 18 mars sur Médiapart, l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament affirmait d’ailleurs que : « Des leaders du marché du diagnostic existent en France. Leurs unités de production doivent être réquisitionnées pour permettre de produire les tests dont nous avons besoin de toute urgence ».

Face à la pression de l’opinion qui remet en question la gestion gouvernementale, Olivier Veran a dû opérer un changement de discours et admettre la nécessité de test de dépistage massif. Ainsi lors d’une conférence de presse le 28 mars, le Ministre de la Santé a annoncé une commande de 5 millions de tests rapides ainsi qu’une augmentation progressive des tests pour atteindre progressivement les 50 000 tests par jour pour… la fin du confinement. On ne peut que déplorer le retard avec lequel la mesure a été prise, puisque rappelons le, il s’agit d’un dispositif primordial pour endiguer l’épidémie qui aurait pu éviter un nombre important de décès. Et pour l’instant, ce dispositif reste à l’état de simple annonce.

Cependant, si le retard pris peut s’expliquer par le manque de moyens nécessaires pour réaliser ces tests, comment expliquer que le gouvernement refuse toujours de solliciter les laboratoires départementaux d’analyses ? Car comme l’explique un article du Point,ces laboratoires publics pourraient réaliser entre 150 000 et 300 000 tests par semaine ! Au nombre de 75, ces laboratoires recouvrent l’entièreté du territoire français et sont utilisés pour effectuer des analyses importantes d’hygiène alimentaire, de contrôle de l’eau etc. Contrairement aux laboratoires privés de santé humaine, ces laboratoires sont ainsi dimensionnés pour réaliser des tests de manière massive et ont pu réaliser des dizaines de milliers de tests par jour lors d’épidémie comme celle de la vache folle ou de la grippe aviaire. Or ces laboratoires publics rattachés aux départements pourraient facilement réaliser des tests de dépistage du Covid-19. Ils ont d’ailleurs proposé leur service au gouvernement dès le 13 mars. Mais le gouvernement refuse toujours depuis de les mettre à disposition, invoquant de vagues raisons administratives et réglementaires. Alors que l’Académie nationale de médecine, dans un communiqué en date du 30 mars, affirme que « les laboratoires vétérinaires accrédités pour le diagnostic des maladies animales sont capables de réaliser le diagnostic du Covid-19 chez l’Homme en garantissant les mêmes performances que les laboratoires de biologie médicale ». Encore une fois ici, le gouvernement démontre son incapacité à gérer la crise autrement que par les procédés moyen-ageux et répressif de la distance sociale, du confinement et de l’isolement.

Ainsi il nous est une nouvelle fois impérieux de réaffirmer l’urgence de mener dès maintenant une campagne massive de dépistage gratuit accessible à tous. Cependant, aux vues des contradictions manifestes du gouvernement et de son incapacité à répondre efficacement à la crise sanitaire en restant subordonné aux intérêts économiques capitalistes d’une minorité, nous devons y opposer l’alternative du contrôle du système de santé par le personnel de santé en première ligne face à cette crise. Mais aussi revendiquer la réquisition des entreprises non-essentielles sous contrôle des travailleurs, pour y reconvertir l’activité afin de produire le matériel manquant (masques, respirateurs artificiels etc.) nécessaire pour faire face à l’épidémie.


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