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Et après ?

Salaires, retraites, … : la colère est là, mais il lui faut un vrai plan de bataille !

Selon la CGT, près de 250 000 personnes ont manifesté ce jeudi. Une mobilisation plus importante qu’en mars et en janvier dernier, mais qui est loin d’être un raz de marée au vu de la colère qui traverse le pays. Pour que celle-ci s’exprime, il lui faut un vrai plan de bataille qui remette la grève au centre, en s’appuyant sur les secteurs en grève reconductible qui montrent actuellement la voie.

Nathan Deas

29 septembre 2022

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Crédit photo : Révolution permanente

Entre l’inflation qui continue de progresser et devrait encore s’accélérer dans les mois à venir, la crise énergétique qui fait planer la menace d’un hiver sans chauffage pour les plus précaires et une forte augmentation des factures dès janvier 2023 et le programme de guerre sociale annoncé par Macron, les raisons de se mobiliser ne manquent pas en cette rentrée sociale et politique.

Une mobilisation plus importante qu’en mars et en janvier, mais loin de la colère qui traverse le pays

Dans ce contexte, ce jeudi 29 septembre se tenait une journée de mobilisation interprofessionnelle « pour les salaires, les pensions, les bourses d’études, les minimas sociaux » à l’appel de la CGT, Solidaires et la FSU. La journée a mobilisé plus de manifestants que les précédentes dates interprofessionnelles, 250 000 selon la CGT contre près de 80 000 le 17 mars et plus de 150 000 le 27 janvier.

Pourtant, le bilan est contrasté. Pour cette première journée tardive de mobilisation de rentrée, le cortège parisien a rassemblé 40 000 manifestants. Parmi eux, de nombreux militants syndicaux et quelques secteurs en lutte. Du côté de l’éducation nationale, un cortège du Val d’Oise regroupant professeurs, AESH et personnels de vie scolaire en lutte depuis la rentrée a battu le pavé. Des travailleurs en grève de Roissy, de Stellantis, de la santé et des transports étaient également présents.

Dans les différentes villes, des secteurs en lutte comme les grévistes de Total, Chevron, SIDEL, CIM au Havre ont marché à côté d’une majorité de militants syndicaux et de travailleurs venus participer à cette première date nationale de rentrée. Les manifestants étaient plus de 4500 à Nantes, 5000 au Havre, près de 10 000 à Marseille, plusieurs milliers à Grenoble, Montpellier, ou encore à Lyon. Des cortèges ont également eu lieu à Rennes, Besançon ou encore à Valenciennes où les grévistes de PSA ont ouvert la manifestation.

Cependant, alors que la journée aurait pu être l’occasion de taper un grand coup face à la crise et au gouvernement le pays était loin d’être paralysé, comme en témoignent l’absence de perturbations dans les transports, tandis que les manifestations ont été plutôt routinières.Et pour cause, la grève et le blocage de l’économie n’étaient pas au centre de l’appel à la mobilisation en dépit des éléments récents de mobilisations dans notre classe.

La vapeur est pourtant là

En effet, d’importants secteurs qui ne sont habituellement pas partie prenante de ces journées de mobilisation « carrée » sont actuellement mobilisés pour des augmentations de salaires face aux profits faramineux de leurs patrons. C’est le cas dans des secteurs stratégiques comme la pétrochimie, où les raffineurs de TotalEnergies et ExonnMobil sont en grève reconductible.

A TotalEnergie Normandie les grévistes sont allés jusqu’à déclencher l’arrêt de leur raffinerie, la plus grande de France. De même, les travailleurs de PSA Stellantis étaient très nombreux en grève et ont constitué un cortège important dans la manifestation parisienne.

D’autres secteurs étaient également de la partie, comme les filiales du groupe Hutchinson ou encore de Saft batteries qui ont répondu présents. De même, dans le secteur de l’automobile, où les travailleurs de PSA, au lendemain d’un débrayage historique qui a mis plus de 4000 ouvriers en grève, ont à nouveau déposé le bleu de travail. A la RATP, du côté du dépôt de Saint Maur, ou encore à Arkema Pierre-Bénite où les travailleurs sont en grève depuis 14 jours pour les salaires, la journée a également été l’occasion de voter la reconduction de la grève.

La faute à qui ? Il faut un vrai plan de bataille !

Le décalage entre la colère profonde et réelle sur les salaires, les grèves dans des secteurs stratégiques et une mobilisation nationale, en deçà de ce qu’elle aurait pu être est le produit de l’absence d’un plan de bataille à la hauteur. Malgré l’agenda anti-social du gouvernement et la colère face à la vie chère, les directions syndicales ont depuis la rentrée davantage cherché à construire le dialogue social qu’une véritable mobilisation. Une limite redoublée par le refus de la part de la direction et de la CFDT et de Force ouvrière d’appeler à la mobilisation de ce jeudi.

Alors que des grèves reconductibles ont lieu dans différents secteurs stratégiques, la mobilisation sectorielle de certains secteurs du monde du travail est pourtant la démonstration que la classe ouvrière hexagonale est prête à lutter pour une augmentation des salaires. Les directions syndicales ont d’ores et déjà prévu de se retrouver le 3 octobre prochain pour « préparer la suite » mais il est peu vraisemblable que cette rencontre accouche -au mieux- d’autre chose qu’une nouvelle journée de grève isolée.

De son côté, Jean-Luc Mélenchon s’est « félicité d’une ambiance chaleureuse et unitaire » et en a profité pour ré-appeler à son rendez-vous du 16 octobre. Si la proposition de la Nupes a le mérite de proposer une nouvelle date de mobilisation, ce que les directions syndicales se refusent pour l’heure à faire, dans les faits, cette journée n’est rien d’autre qu’une marche symbolique, visant à soutenir son opposition parlementaire sans poser la question du rapport de forces.

C’est pourtant d’un véritable plan de bataille dont nous avons besoin. La colère est là, la journée de mobilisation de ce jeudi, malgré ses limites, en aura été une illustration. En ce sens, il est fondamental de s’appuyer sur les secteurs en lutte, pour les aider à gagner et à étendre le combat. En outre, l’extension nécessitera un programme qui donne envie de se battre et permette d’unifier l’ensemble de la classe ouvrière. Dans cette optique, il s’agit de revendiquer, d’ores et déjà, l’augmentation de tous les salaires de 400 euros et leur indexation sur l’inflation, seul moyen de faire payer le patronat. Chose que se refuse à faire la CGT.


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