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Habitants expulsés, voyageurs agressés...

Saint-Denis. Une première réunion unitaire pour répondre collectivement face aux violences policières

Ce soir à Saint-Denis, c’est une soixantaine de personnes qui se sont réunies pour discuter d’une réponse aux violences policières quotidiennes et qui s’intensifient ces derniers jours dans la ville. A l’appel du NPA, c’est le Collectif des expulsés du 168 qui a répondu présent, ainsi que Solidaires, Ensemble !, le MRAP, le PG, le PCF, ainsi que des étudiant.e.s du comité de mobilisation de l’université Paris 8 - Vincennes-Saint-Denis. En présence de Guillaume Vadot, enseignant agressé par la police il y a une semaine jour pour jour en sortant de la gare de Saint-Denis, la discussion a permis de faire émerger des témoignages de cette violence quotidienne, et l’abandon institutionnel dont sont victimes les habitants expulsés de leur foyer et jamais relogés. Une réunion qui va à contre-courant en regroupant des secteurs que les politiques ont depuis des années cherché à séparer, géographiquement et idéologiquement. Un cadre donc, qui en se pérennisant, pourrait bel et bien être le début d’une réponse forte de l’unité qu’elle met en place. Mar Martin

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Différentes victimes, une seule police

Après le récit aussi exceptionnel que banal de l’enseignant de la Sorbonne, agressé par la police jeudi dernier à la gare de Saint-Denis alors qu’il tentait de filmer l’arrestation brutale d’une femme qui hurlait de douleur, c’est le porte-parole du Collectif des expulsé.e.s du 168 qui a pris la parole. Il raconte comment les 83 habitants qui squattaient l’immeuble laissé vide, dont 8 familles et des enfants en bas âge, ont été purement et simplement expulsés, puis laissés à la rue, leurs affaires, papiers et autres biens, enfermés à l’intérieur. « C’était un jeudi à 6h du matin, ils sont arrivés et ont frappé à chaque porte. Ils nous ont demandé de sortir avec simplement des effets personnels. Les policiers ont répondu qu’il y avait des personnes en bas qui nous attendaient, nous sommes sortis. Une fois tous rassemblés en bas, ils ont barricadé les murs. Depuis cette date, tous les habitants du 168 sont sous les ponts. »

Puis un autre homme prend la suite : « Je vais aussi donner mon témoignage par rapport à l’histoire de Guillaume, qui est aussi la mienne. Je fais partie des personnes qui étaient à la base du rassemblement créé pour la dame. On a commencé à interpeller les policiers sur la situation. Aujourd’hui, avec les récents événements, on préfère surveiller les agissements de la police. A un moment il y avait tellement de monde devant les forces de l’ordre qu’un agent a décidé de disperser la foule. Comme je faisais partie des grandes gueules, j’ai d’abord reçu un coup de poing puis ai été chargé par trois policiers qui m’ont frappé. Y en a un qui a crié « dispersion » et ils m’ont coursé. J’ai réussi à m’enfuir mais j’imagine que si j’avais été attrapé ils m’auraient collé tout un tas de choses sur le dos, outrages, rébellion etc. Du coup j’ai voulu réagir et quand j’ai su que Guillaume allait porter plainte je l’ai contacté pour qu’on agisse ensemble. »

Ensuite, c’est au tour des étudiant.e.s de témoigner de manière contradictoire : pour une partie, ils sont moins touchés par la répression quotidienne. En revanche, ce qu’ils ont connu de très près, ce sont les agressions policières pour tenter de tuer le mouvement contre la loi Travail. Des vigiles et maîtres-chiens de l’université aux matraques, gaz et bombes de désencerclement des CRS en manifestation, « ce sont les mêmes qui nous répriment ».

L’on mentionne également le harcèlement dont sont victimes les populations rroms, perpétuellement humiliées et chassées de leurs campements. Autant de victimes diverses d’une seule et même police, qu’on l’appelle nationale, CRS ou bac, qui menace, agresse, humilie, emprisonne et assassine.

De la boîte de Pandore au Faisons front !

« Peu à peu ce dont je me suis rendu compte, c’est que la médiatisation des violences policières à partir de mon cas, ça ouvrait une boîte de Pandore ». Guillaume raconte ainsi le nombre de témoignages divers et variés qu’il a reçus en quelques heures seulement après la publication de son appel. Quelques heures seulement face à des décennies de violences et d’impunité policière. Mais une boîte de Pandore qui pourrait bel et bien permettre de faire converger ces témoignages individuels, jusqu’à l’émergence d’une réponse collective à ces agressions qui sont loin d’être des cas isolés. Et si tout est fait pour séparer les victimes, il nous faut alors redoubler d’efforts pour combattre ensemble. C’est dans ce sens que vont les différentes perspectives évoquées.

Côté étudiant, certain.e.s présent.e.s proposent de réfléchir à comment faire de l’université une tribune pour la visibilisation des violences. Que ce soit en ouvrant les portes de la fac pour accueillir un événement, en organisant une collecte pour les expulsé.e.s du 168, ou encore en mettant les connaissances enseignées, les facultés à enquêter sur le terrain, à filmer et monter, à connaître les lois, au service de la lutte contre les violences policières.

Sur la ville, un rendez-vous pourra également être donné pour manifester côte à côte prochainement, contre les violences et l’impunité policières, mais aussi pour le logement et la régularisation de tous.

Enfin, le meeting organisé jeudi 6 octobre prochain à l’université Paris 1, « Faisons front ! » peut être l’occasion d’une grande échéance commune, en faisant de l’université parisienne d’élite la tribune contre une institution policière qui nous agresse et nous réprime.

Une première réunion prometteuse qui rompt avec l’isolement géographique et idéologique qu’on nous impose, séparant les étudiant.e.s « à » Saint-Denis des habitants « de » Saint-Denis, et les habitants de « région parisienne » des « parisiens ».


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