Un mégaphone à la main, une lycéenne sur un muret s’écrie : « être 30 dans une classe ce n’est pas normal avec le corona, et moi je refuse que nos parents soient en danger ! » Ce matin, les élèves de Paul Eluard, lycée situé à Saint-Denis, ont décidé de bloquer leur établissement pour dénoncer la gestion gouvernementale de la crise sanitaire.
Retour en images sur le blocage au lycée Paul Éluard (93) ce matin 🎥#BlanquerDemission
Solidarité avec ces lycéens et ces profs qui ont raison de s'indigner face à cette gestion catastrophique de la crise sanitaire 💥 pic.twitter.com/4FBllPSNqL— Révolution Permanente (@RevPermanente) November 2, 2020
À notre micro, cette même lycéenne qui, quelques minutes plus tôt, animait la foule, nous explique les raisons de ce blocus : « les protocoles sanitaires sont largement insuffisants, là tous de suite on va rentrer à 2000 dans le lycée, s’il y a quelqu’un qui est contaminé, on se contamine tous. On est 30 par classes, il n’y a pas de gel, avant les vacances il y avait quatre classes de générale qui étaient fermées. »
"On rentre à 3000 dans le lycée et on se contamine. Les protocoles sanitaires de base ne sont même pas respectés. Ça sert à quoi de laisser ouverts les lycées ? Ils veulent qu'on mette en danger nos parents, nos frères, nos sœurs !"
Blocage de Paul Éluard 💥#BlanquerDemission pic.twitter.com/9miMR9lPoI— Révolution Permanente (@RevPermanente) November 2, 2020
Au milieu des jeunes visages masqués, un lycéen entouré de ses amis s’exprime : « Ici on fait cours normalement, comme si tous était normal, alors qu’il risque d’y avoir deux fois plus de morts qu’à la première vague ! ».
"On fait cours normalement, comme s'il ne se passait rien. Nous on choper le corona et on va le refiler à qui, à la grand-mère de Mohammed du lycée ? On veut qu'ils trouvent une solution pour qu'il y ait par exemple une réduction de 80%"#BlanquerDemission pic.twitter.com/UmVTJXJMWW
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Mais ce qui prédomine avant tout chez ces lycéens, c’est la peur de contaminer leurs proches. Un jeune lycéen témoigne : « On risque de refiler la maladie à nos parents, nos frères, nos sœurs. Ma grand-mère vit avec nous, je risque de la contaminer ». Dans la foule on reconnaît aussi des professeurs, ils sont 25 à être en grève aujourd’hui et ils sont venu soutenir leurs élèves : « Je suis en grève aujourd’hui, parce que effectivement les élèves ont raison, les conditions sanitaires de la rentrée ne sont pas correctes et sont mêmes en dessous de tout ! »
Mme Renaud, enseignante en lettres à Paul Éluard (St-Denis) : "je suis en grève aujourd'hui parce que les élèves ont raison de trouver que les conditions sanitaires de la rentrée ne sont pas correctes"
25 enseignants sont en grève à Paul Éluard 💥 pic.twitter.com/42RMDSVCJy— Révolution Permanente (@RevPermanente) November 2, 2020
Ce blocus dès le premier jour de la rentrée s’inscrit dans un contexte particulier. En effet, après l’annonce du confinement et le maintien des écoles ouvertes, le protocole sanitaire mis en place dans les écoles, collèges et lycées a indigné les élèves et les professeurs. Annoncé mercredi 28 novembre par Jean-Michel Blanquer, il se limitait à plusieurs "mesures" déjà appliquées depuis le début de la rentrée : « respect des gestes barrières, port du masque pour les adultes et les élèves dès le CP, hygiène des mains, nettoyage et aération des locaux, limitation du brassage ». En réaction à ces annonces qui ne permettent en aucun cas de protéger les enseignants et les élèves, ainsi que certaines actions prises par le ministère de l’éducation nationale, comme l’appel à la délation ou la réduction de l’hommage de Samuel Paty à une minute de silence, on a vu depuis le samedi 21 octobre le hashtag « #BlanquerDemission » fleurir sur les réseaux sociaux.
Il est aujourd’hui nécessaire que les enseignants, personnels de l’éducation nationale et lycéens s’organisent pour faire valoir des revendications légitimes, face à une deuxième vague qui s’annonce d’ores et déjà très meurtrière (l’institut pasteur prévoyait un scénario avec à la mi-novembre plus de 8600 personnes en réanimations). En ce sens il paraît urgent d’instaurer un rapport de force en ne reprenant pas tant que les conditions minimales de moyens, d’embauche, d’aménagement et d’augmentation de salaires n’auront pas été mises en place, afin de permettre de réelles mesures telles que le dédoublement des classes, la désinfection des salles, et, surtout, la mise en place de tests massifs par l’ouverture d’un centre dans chaque établissement scolaire. Le gouvernement n’a pas su anticiper une deuxième vague pourtant annoncée depuis longtemps, c’est à lui de payer la crise en investissant massivement dans l’éducation et l’hôpital public !