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Cheminots

SNCF. Grève nationale des aiguilleurs le 25 mai pour les salaires et les conditions de travail !

Le 25 mai prochain, à l'initiative de la Fédération Sud Rail, une grève nationale de tous les métiers de la circulation est appelée par une intersyndicale Sud Rail, UNSA Ferroviaire et CFDT Cheminots. Les mots d'ordre sont clairs : augmentation générale des salaires, embauches et amélioration des conditions de travail. La direction de SNCF Réseau, fébrile, a convoqué une table ronde le 13 mai pour chercher à décompresser et commence à être dos au mur face aux premières remontées du terrain, où la grève semble particulièrement suivie dans plusieurs établissements Infra-circulation.

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Crédit photo : AFP

Inflation, bas salaires, sous-effectif : ça suffit !

Cela ne fait aucun doute, le ras-le-bol est bel et bien là dans les métiers de la circulation. Pour les aiguilleurs, les agents circulation, les régulateurs, la coupe est pleine. Après avoir continué de travailler pendant toute la crise sanitaire, sous prétexte d’être "essentiels à la nation", y compris weekends, jours fériés et fêtes, le mépris de la direction de SNCF Réseau est à la limite du supportable. Il y a plusieurs mois, la prime "pouvoir d’achat" a été moitié moins pour tous les cheminots de SNCF Réseau (circulation et infrapole), par rapport aux cheminots de SNCF Mobilités (conducteurs de train, agents de maintenance, contrôleurs, agents en gare, etc). En effet, à l’époque, la direction de SNCF Mobilités avait annoncé qu’elle doublait la prime "pouvoir d’achat" par rapport à celle annoncée pour les cheminots de SNCF Réseau, notamment suite aux débrayages et au ras-le-bol qui s’exprimaient notamment chez les conducteurs et les agents de maintenance, pour tuer dans l’œuf une potentielle mobilisation qui aurait pu avoir de forts impacts dans la circulation des trains, créant de fait un rapport de force global.

Concernant les salaires, il est également important de comprendre qu’un agent circulation en début de carrière gagne à peine le SMIC alors qu’il est obligé de travailler les week-ends, les jours fériés, tôt le matin, tard le soir ou encore la nuit entière car ce sont des métiers dans lesquels on travaille en horaires décalés. Les cheminots sacrifient ainsi leur vie de famille et tout simplement leur santé, en échange de salaires de misère, dans un contexte où en plus tout augmente de manière spectaculaire.

De plus, une casse structurelle des conditions de travail est à l’œuvre et orchestrée depuis des années et les conséquences se font sentir fortement. La casse de l’entreprise, les restructurations, la casse des conditions de travail est une réalité de l’ensemble des cheminots. A la circulation, cela s’est matérialisé par la suppression de nombreux postes d’aiguillage ces dernières années, afin de construire des "commandes centralisées du réseau" qui n’est rien d’autre que la suppression de postes pour centraliser le travail fait auparavant par plusieurs cheminots, dans les mains d’un seul et même agent, sous prétexte de "modernisation". Dans l’objectif de toujours plus de rentabilité, le sous-effectif est devenu la règle dans la plupart des établissements Infra-Circulation de l’ensemble de la France. Les conséquences de cette situation sont très concrètes pour de nombreux cheminots : changements de planning à la dernière minute, non respect de la réglementation concernant le repos des agents, surcharge de travail, refus de congés, etc.

Une multiplication des grèves locales qui expriment le ras-le-bol des cheminots

Depuis plusieurs semaines, des grèves et mobilisations locales voient le jour à la circulation, exprimant clairement un ras-le-bol de la part des cheminots beaucoup trop longtemps méprisés. Dans les établissements Infra-Circulation d’Aquitaine Poitou Charentes, Languedoc Roussillon, Paris Est des cheminots de la circulation se sont mobilisés pour exiger de la reconnaissance et des meilleures conditions de travail. Des grèves massives ont vu le jour dans les établissements de Midi-Pyrénées au mois d’avril, ou encore en Lorraine Champagne-Ardennes, en Occitanie ou en PACA.

Ces grèves et mobilisations locales, lorsqu’elles sont massives, montrent qu’il est possible d’arracher quelques victoires. Dans ces différents établissements, des revalorisations de la prime de travail ou encore des aménagements des plannings ont pu être obtenus par les cheminots. Cela montre que le rapport de force peut payer et que même si souvent on cherche à nous faire croire que lorsque nous faisons grève dans les métiers de la circulation, nous sommes systématiquement remplacés, la réalité est que si la grève est massive, la direction n’a pas d’autre choix que de se rendre à l’évidence.

Une direction fébrile et quelques annonces loin d’être suffisantes

Comme à chaque fois que la colère et le ras-le-bol commencent à se faire sentir, la direction cherche à "décompresser" en appelant les organisations syndicales à s’asseoir autour d’une table "par en haut" pour au pire détourner les cheminots de l’essentiel, à savoir la construction du rapport de forces, et au mieux laisser tomber quelques miettes de la table pour voir si certaines organisations syndicales plient bagages en essayant de faire croire aux cheminots que le maximum possible a été obtenu dans les négociations et qu’il ne serait plus nécessaire de se mettre en grève.

Dans ce contexte particulièrement explosif, la direction de SNCF Réseau n’a pas dérogé à la règle et une table ronde a été convoquée pour le vendredi 13 mai. Pour l’instant, on ne sait pas quelles seront les propositions mises sur la table par la direction, mais il est clair qu’ils essaieront, tout au plus, de donner quelques concessions minimales pour voir si elle arrive à éviter un embrasement dans l’ensemble des métiers de la circulation et au niveau national pour les jours et semaines à venir. Elle a également annoncé 200 embauches supplémentaires au niveau national, ce qui est totalement insuffisant pour réellement pallier au sous-effectif chronique qui existe dans la plupart des établissements.

Un appel national à la grève : un premier pas pour coordonner les grèves locales et unifier l’ensemble des cheminots et des travailleurs pour des revendications communes !

Cette fébrilité de la direction, ainsi que les premiers retours positifs du terrain concernant l’appel à la grève nationale dans les métiers de la circulation pour le 25 mai prochain, montrent bien que c’est par la lutte et la construction du rapport de forces que les cheminots arriveront à arracher des véritables augmentations de salaires et améliorations dans les conditions de travail.

L’appel à une journée noire dans les EIC (établissements Infra-circulation) à l’appel de l’intersyndicale Sud Rail, UNSA Ferroviaire et CFDT Cheminots, se construit et dans plusieurs établissements et régions la grève s’annonce d’ores et déjà massive. Pour ce qui est de la CGT Cheminots, elle n’a pas souhaité se joindre aux autres organisations syndicales pour l’appel à la grève, en opposant les grèves locales existantes à un potentiel mouvement national. Néanmoins, dans plusieurs chantiers des militants et adhérents CGT ont d’ores et déjà envoyé leur déclaration de grève, et bien d’autres se disent prêts à se mettre en grève aux côtés de leurs collègues, quelque soit l’étiquette syndicale et le logo en haut du tract. Lorsque les motifs ne manquent pas, et que les collègues ont envie de se battre et de relever la tête, les batailles d’appareil n’ont pas leur place. 

Les mots d’ordre sont clairs : des embauches massives dans tous les EIC, le respect de la réglementation et du repos des agents, une augmentation générale des salaires de 300 euros par mois, la revalorisation des primes de travail pour les agents au statut et les contractuels, et des jours de repos supplémentaire en compensation du temps de remise de service en poste. Ces mots d’ordre permettent d’unifier la colère ressentie à la base, quelque soit la région ou le chantier, et si la journée est suivie sur l’ensemble du territoire, cela permettra aussi de faire une véritable démonstration de la force de frappe des métiers de la circulation.

La réussite de cette journée serait un premier pas vers un nécessaire élargissement de la lutte et la mobilisation à l’ensemble de cheminots, et qui ferait également écho à l’ensemble des grèves pour les salaires qui existent dans le pays actuellement, dans le contexte d’une inflation qui ne cesse de grimper. Pour décider des prochaines étapes, d’éventuelles revendications et mots d’ordre pour la suite, il est indispensable que les cheminots s’emparent de cette grève à la base. Il faut qu’elle soit massive, mais il faut également que les cheminots se réunissent en assemblée générale, sur chaque unité opérationnelle ou chaque établissement, pour décider des prochains pas, et pour que la grève appartienne aux grévistes, seule garantie pour qu’aucune organisation syndicale puisse décréter la fin de la partie alors que nous avons encore des raisons de nous battre.

Sur le même sujet : Inflation et salaires : quelle stratégie pour gagner ?


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