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23 mars

SNCF. Ce 23 mars, il faut reconduire le mouvement et s’organiser à la base pour élargir la grève !

Ce jeudi, la grève s'annonce massivement suivie à la SNCF. 49.3, répression des manifestations, menaces de réquisition des grévistes... Les provocations de Macron ont jeté de l'huile sur le feu, comme au Technicentre de Châtillon où les cheminots ont déclenché une grève sauvage. C'est le moment où jamais : il faut généraliser la grève reconductible pour chercher la victoire.

Gabriella Manouchki

22 mars 2023

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SNCF. Ce 23 mars, il faut reconduire le mouvement et s'organiser à la base pour élargir la grève !

Photo : Rassemblement sur le parvis de la gare Matabiau à Toulouse - Dorian M

Alors que depuis le 7 mars, un mouvement de grève reconductible a commencé à la SNCF, mais aussi chez les raffineurs, les énergéticiens ou encore les éboueurs, la journée de grève du 23 mars à l’appel de l’intersyndicale s’annonce décisive. Puisque Macron entend passer en force avec le 49.3 et la répression, à la SNCF et dans l’ensemble du monde du travail et de la jeunesse, imposons lui notre propre 49.3 : celui d’une grève générale.

Face aux provocations du gouvernement, généraliser la grève reconductible

À la SNCF comme ailleurs, la dernière semaine n’a fait que radicaliser la colère qui s’exprime depuis deux mois dans des journées de grève historiques. Entre l’utilisation profondément anti-démocratique du 49.3, le rejet de la motion de censure et le déchaînement de violences policières contre les grévistes et la jeunesse, nombreuses sont les raisons de durcir le mouvement pour mettre un coup d’arrêt au gouvernement.

Ce jeudi, les taux de grèves annoncés à la SNCF restent ainsi très importants, malgré les deux mois qui nous séparent du début du mouvement : d’après Sud-Rail, qui tient ses chiffres de la direction à partir des DII déposées, ce sont 35% de grévistes qui sont attendus tous services confondus et 56% chez les conducteurs.

Néanmoins, pour que cette colère partagée très largement parmi les collègues puisse s’exprimer dans toute sa profondeur, le plan dicté par l’intersyndicale est plus qu’en deçà de la situation. Alors que la stratégie de pression sur les députés qui était la sienne a clairement montré ses limites face aux institutions profondément anti-démocratique de la Vè République, plus que jamais face à la fuite en avant répressive de Macron, il est évident qu’une nouvelle journée de grève isolée ne saurait suffire à arracher la victoire. En ce sens, il est fondamental de se saisir de la journée de grève du 23 mars pour insuffler à la grève des cheminots une radicalité à la hauteur de celle du gouvernement.

La grève aux grévistes : il faut organiser la colère à la base

À ce stade de la mobilisation, il n’est plus question de journées de grève carrée et routinières : à l’instar des cheminots du technicentre de Châtillon, qui sont entrés en grève sauvage suite à l’annonce du 49.3 et appellent à durcir le mouvement à la SNCF, il est fondamental que les grévistes se retrouvent en AG pour prendre acte de la situation et adopter un plan de bataille qui leur appartienne pour durcir le mouvement selon leurs propres modalités au côté des autres secteurs en grève reconductible.

Clément, cheminot à Châtillon et élu Sud-Rail, explique ainsi à notre micro : « On fait trois AG par jour, quand on vote la reconduction ceux qui sont pour sont immédiatement en grève, on ne s’encombre plus des DIII. Nous on s’organise comme ça, mais c’est à chaque site de choisir les modalités qui correspondent le mieux pour durcir la grève, et ça se décide en AG. Nous notre objectif, c’est de fermer la gare Montparnasse, et on appelle les autres technicentres et tous les cheminots à prendre leur grève en main ! »

Élargir les revendications à la question des salaires

Pour entraîner d’autres secteurs, en particulier ceux qui sont plus précaires et hésitent encore à entrer dans la bataille notamment dans le privé, les cheminots ont également un rôle de premier plan à jouer dans l’articulation de la question des retraites à celle des salaires, qui prend une importance décisive dans un moment où l’inflation fait flamber les prix.

Alors que l’intersyndicale nationale continue de refuser d’étendre ses revendications au-delà du retrait de la réforme, les cheminots qui sont nombreux à avoir fait grève pour leurs salaires, notamment chez les contrôleurs en décembre, ont la possibilité de faire ce lien dans la perspective de rallier d’autres secteurs pour amplifier le mouvement. La grève cheminots du Bourget, en grève depuis le 21 novembre pour les salaires puis également pour les retraites, est particulièrement éloquente de ce point de vue.

Depuis que le gouvernement a décidé de passer en force, la situation ouverte dans le pays offre de grandes potentialités. À l’instar des raffineurs de Normandie qui ont lancé l’arrêt des installations, à la SNCF, la colère pourrait prendre un tournant radical à condition qu’elle puisse trouver un terrain pour s’exprimer dans des assemblées générales nombreuses et démocratiques. En ayant décidé en AG de cesser le travail pour imposer au gouvernement « le 49.3 de la grève », les grévistes de Châtillon nous montrent la voie à suivre : « On ne peut pas les laisser briser nos vies alors on bloque, vive la grève ! »

Grève marchante et comités d’action : coordonner et élargir la grève reconductible

Durcir la grève à la SNCF est donc une nécessité, non seulement pour bloquer le pays, mais aussi pour se lier aux autres secteurs en grève et entraîner ceux qui ne sont pas encore entrés dans la bataille malgré une colère unanime. Les cheminots, forts de leur tradition de lutte et de leurs expériences de grève récentes, des salaires à la réforme des retraites, ont la capacité de se mettre en grève marchante pour aller chercher ces secteurs et construire des cadres de coordination inerprofessionnels comme ce fut le cas en 2019 avec la coordination RATP-SNCF en région parisienne. De tels cadres sont d’autant plus urgents à construire qu’une réponse coordonnée est nécessaire pour faire face à la répression qui frappe les grévistes, la jeunesse et les manifestants.

Dans de plus petits villes également, les cheminots ont aussi un rôle important à jouer. À Mulhouse par exemple, des cheminots ont été à l’initiative de la structuration d’un comité de lutte intepro qui rassemble différents secteurs, avec des travailleurs de l’éducation, de l’automobile, des artistes et des étudiants. Comme nous l’explique Mathieu, cheminot à Mulhouse, ils mènent depuis ce cadre des actions interprofesionnelles qui ont permis de lier leur combat à celui de la jeunesse, ayant soutenu les étudiants dans leur blocage de la fac, occupé les voies de tramway ou encore mené opérations « Borne HS » permettant aux usagers de voyager gratuitement depuis la gare. Autant d’initiatives qui contribuent à installer un climat de mobilisation inédit dans le pays.

La colère et la volonté sont là. Pour aller chercher la victoire, il est maintenant impératif de se structurer à la base en participant massivement aux AG de grévistes dès demain afin de reconduire la grève mais aussi de décider de la stratégie à adopter pour élargir le mouvement, organiser la solidarité, soutenir les piquets de grève, et faire face à la répression contre les militants du mouvement. C’est en ce sens que le Réseau pour la grève générale qui a réunit plus de 350 participants hier – raffineurs, énergéticiens, cheminots, ouvriers dans l’automobile, sous-traitants dans la pétrochimie et la métallurgie, éboueurs et égoutiers, enseignants, lycées et étudiants mobilisés... - appelle à constituer des comités d’action partout. C’est la seule possibilité pour faire en sorte que la colère qui s’exprime ne se dissipe pas dans une multitude de combats isolés sous les coups de la répression, et nous mène vers une victoire dont nous avons toutes et tous besoin.


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