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La plus grande lutte au monde

Rihanna, Greta Thunberg : des personnalités soutiennent la révolte des agriculteurs indiens

Depuis trois mois, les ouvriers agricoles indiens se battent contre trois lois du gouvernement de Narendra Modi en faveur des multinationales de l'agroalimentaire. Le soutien des personnalités mondiales n'a pas été bien accueilli par le régime.

Valeria Foglia

6 février 2021

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Article initialement publié en espagnol sur La Izquierda Diario

Depuis le mois d’août, les agriculteurs indiens organisent de grandes manifestations contre trois lois foncières adoptées par le gouvernement de Narendra Modi en septembre dernier au Parlement. Ils les décrivent comme des "lois anti-agriculteurs", car elles les laissent à la merci du contrôle des prix par les méga-entreprises de l’agroalimentaire. Des organisations de gauche, des syndicats, des écologistes comme Greta Thunberg et des artistes comme Rihanna et Mia Khalifa soutiennent la revendication des agriculteurs.

Les faux appels au dialogue de Modi sont exposés puisque la réponse à la mobilisation est la répression, le blocage des communications et les clôtures de fil de fer barbelé pour empêcher leur passage. Les agriculteurs craignent que, sur la base de ces trois lois, l’agroalimentaire définisse les conditions de l’activité qu’ils exercent et que le gouvernement cesse d’acheter des céréales telles que le blé et le riz à un prix minimum garanti.

« Pourquoi ne parlons-nous pas de cela », a tweeté mardi Rihanna à ses plus de 100 millions d’abonnés, en l’accompagnant d’un article décrivant comment le gouvernement Modi, sous prétexte de maintenir la "sécurité nationale", a coupé l’internet dans plusieurs districts (dans certains pour une durée allant jusqu’à 48 heures), a demandé la suspension des comptes Twitter et a lancé une sévère répression contre les travailleurs ruraux organisés dans plus de 50 syndicats. Greta Thunberg, figure écologiste qui s’oppose à l’agrobusiness et de ses pratiques, a également exprimé sa solidarité avec la lutte paysanne dans un tweet qui est rapidement devenu viral.

Ces publications ont mis l’administration indienne en colère : elle a accusé l’ingérence de personnalités mondiales dans une « affaire interne » d’être « sensationnaliste » et a lancé un communiqué dans lequel elles parlent de « propagande » contre son gouvernemen. La vérité est que depuis le début des protestations, les autorités ont répondu par une répression sévère du mouvement paysan, qui a commencé principalement dans le Punjab, un État du nord de l’Inde. Selon le gouvernement du Parti populaire indien, les lois sont bénéfiques pour les agriculteurs car elles leur permettront de vendre leurs produits directement à de gros acheteurs privés.

Mais le mouvement des agriculteurs n’est pas du même avis, de sorte que les protestations continuent de croître. Le 26 novembre, le soutien à la lutte pour l’abrogation de ces lois a conduit à une grève générale impliquant 250 millions de travailleurs. Le 30, des centaines de milliers de personnes marchaient de différents points vers New Delhi, la capitale du pays.

Mardi dernier, à l’occasion de la fête nationale et d’une manifestation militaire à laquelle devait assister Modi, l’énorme manifestation agricole, en grande partie composée de jeunes, avait pris d’assaut le Red Fort de New Delhi, un bâtiment historique déclaré patrimoine mondial en 2007. Après une forte répression, Navreet Singh, 30 ans, a été tué lorsqu’un tracteur s’est renversé près du quartier général de la police.

Les barricades de pointes et de clous sur l’accès à la capitale n’arrêteront pas la marche des paysans. C’est ce qu’Anoop Chanaut, membre de l’Armée sociale du Kisan, a déclaré à la BBC. Bien que le gouvernement se vante d’être « à un coup de téléphone » de la résolution du conflit, qui dure depuis trois mois, « ils ont ensuite mis en place des barricades comme s’il s’agissait d’une frontière internationale ». Le but des manifestants était d’encercler le Parlement.

L’Inde est le deuxième pays le plus peuplé au monde et l’un des plus grands contributeurs aux émissions polluantes dans le monde après la Chine, les États-Unis et l’Union européenne. Au-delà de ses discours lors des événements climatiques internationaux, le profil nationaliste, xénophobe et raciste du gouvernement Modi n’a fait que s’accentuer pendant la pandémie, qu’il a utilisée pour faire avancer des plans anti-ouvriers et des lois néolibérales contre l’avenir de la planète et les acquis les plus élémentaires des travailleurs agricoles, en faveur de la pénétration de l’agrobusiness multinational dans le marché agricole local. Ces protestations, qui ont attiré l’attention de la communauté internationale, constituent l’un des défis les plus importants pour le régime Modi.

Traduction : Julian Vadis


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