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Après Benalla...

Richard Ferrand mis en examen : Macron le soutient et lui renouvelle sa confiance !

Le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, a été mis en examen ce mercredi pour "prise illégale d'intérêts" : malgré cette procédure judiciaire, Emmanuel Macron continue à le soutenir et lui renouvelle même "sa confiance".

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Crédits photos : AFP/Daniel Meyer

Le fait qu’un président de l’Assemblée nationale soit mis en examen est un fait peu ordinaire ; Richard Ferrand l’a été pour « prise illégale d’intérêts » sur l’affaire des Mutuelles de Bretagne. Il a été longuement entendu ce mercredi 11 septembre, à la demande du Parquet national financier, dans le cadre de l’information judiciaire ouverte en janvier et confiée à des juges de Lille.

Retour sur l’affaire

L’affaire remonte en 2011, quand Richard Ferrand est alors directeur général des Mutuelles de Bretagne, des mutuelles qui cherchent des locaux pour développer un centre de soin à Brest. Le conseil d’administration de l’organisation étudie alors trois offres de location. Bizarrement celui-ci va choisir l’offre portée par l’entreprise "Saca" qui n’a pourtant à cet instant ni existence légale, ni le titre de propriété du bien qu’elle propose. Ce n’est qu’une fois le choix acté par les Mutuelles que Sandrine Doucen, qui n’est autre que la femme de Richard Ferrand, va déposer à son nom les statuts de cette société en préfecture. Grâce au loyer annuel de 42 000 euros qu’acceptent de verser les Mutuelles, elle a pu acheter ce bien immobilier 100% à crédit, sans verser 1 centime.

Mais en plus de ce gain de patrimoine, le Canard Enchaîné, qui était à l’origine de ces révélations, pointait d’autres « détails » : ce sont 184.000 euros, là encore payés par la mutuelle, qui permettaient la prise en charge de la rénovation des locaux qui étaient en mauvais état. En outre, celle-ci semble plus généreuse avec sa famille qu’avec ses amis : propriétaire à 99% des parts, la femme de l’actuel ministre avait constitué une SCI avec un ami du couple qui avait participé à hauteur de 1 euro afin de rendre possible l’opération (la constitution d’une SCI nécessitant au moins deux participants). Or, « en février dernier, l’ami aveyronnais du couple Ferrand-Doucen a revendu sa part unique à l’une de leurs filles » note l’hebdomadaire.
Il aura fallu six ans pour que cette histoire de contrat ré-émerge, en 2017, preuve s’il en fallait que les histoires de corruption sortent difficilement. Depuis la création de la société, la valeur des parts a été multipliée par 3000, la femme du conseiller régional de Bretagne s’est ainsi constituée un patrimoine de 402 000 euros, intégralement financé grâce aux loyers de l’entreprise de Richard Ferrand.

Déjà en 2017, Macron soutenait Ferrand

Après ces révélations en mai 2017, Richard Ferrand recevait le soutien de Macron, qui avait appelé à la "solidarité" contre les demandes de l’opposition de la démission de Ferrand, et demandé à la presse de ne "pas devenir juge". Emmanuel Macron et Richard Ferrand sont en effet très liés : premier du PS à rejoindre les Marcheurs, ils ont fait campagne ensemble pour remporter l’élection présidentielle en 2017.

Aujourd’hui, Richard Ferrand refuse de démissionner, appuyé par toute la macronie qui le soutient comme Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, qui décrit « une société où, dès que vous avez vaguement maille à partir avec la justice, dès que vous êtes impliqué dans une procédure, on vous cloue au pilori ». Le plus amusant est de retrouver les tweets du même Richard Ferrand aujourd’hui à son tour mis en examen contre Fillon qui l’était en 2017 :

En Macronie, tout le monde semble être d’accord sur le fait qu’il soit normal que le président de l’Assemblée nationale, suspecté de détournements de fonds, ... le reste. Ce jeudi 12 septembre, de nombreux représentants du gouvernement se bousculent sur les plateaux des médias pour soutenir en chœur Richard Ferrand et expliquer qu’il n’y a pas de contradiction avec le fait qu’il reste président de l’Assemblée nationale. Sibeth Ndiaye a fait savoir que le président de la République maintenait "toute sa confiance" au chef du pouvoir législatif.

On ne sait jamais si le comble peut être encore plus gros : Sébastien Lecornu, ministre chargé des Collectivités territoriales, fait des prouesses de rhétorique sur le plateau de RMC pour expliquer la séparation des pouvoirs : "Une autorité judiciaire donne une décision, un acte de procédure. Il n’appartient pas à un membre du pouvoir exécutif de dire ce que le président de l’Assemblée, membre d’un troisième pouvoir, doit faire. Ou alors on massacre Montesquieu et on met de côté ce qui fait notre état de droit". Il ajoute en suivant : "Politiquement, ce n’est pas une bonne nouvelle, c’est clair, mais ce qui compte dans cette affaire-là, au-delà de la personne de Richard Ferrand, c’est nos institutions. (…) Faut-il démettre le quatrième personnage de l’Etat sur un doute ? Pour nos institutions, pour notre démocratie, je pense que non.".

Après De Rugy, Benalla, Jean-Jacques Bridey et tous les autres, les affaires en macronie se cumulent, et tous les représentants du gouvernement, jusqu’au président de la République, chantent en chœur la présomption d’innocence, et leur soutien en tentant d’étouffer au plus vite ces affaires qui fissurent chaque fois un peu plus ce gouvernement.


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