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Retraites

Retraites : la macronie tente d’intimider la lauréate de la Palme d’or pour son soutien au mouvement

Samedi, Justine Triet, lauréate de la Palme d’or, a revendiqué la lutte contre la réforme des retraites en direct du prestigieux festival de Cannes. Une prise de position qui lui a valu une offensive de la macronie et de la presse bourgeoise.

Cathu Isnard

29 mai 2023

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Retraites : la macronie tente d'intimider la lauréate de la Palme d'or pour son soutien au mouvement

Le Festival de Cannes s’était ouvert dans la tension entre silence assourdissant de l’industrie cinéma sur l’affaire Depardieu, mise en avant en ouverture du dernier film de Maïwenn et Johnny Depp et actions de la CGT contre la réforme des retraites. Il s’est refermé sur un épisode non moins politique : la revendication de la bataille contre la réforme des retraites par la lauréate du prix le plus prestigieux du festival.

Récompensée pour son film Anatomie d’une chute, la réalisatrice française Justine Triet a apporté samedi soir son soutien à la « contestation historique, extrêmement puissante, unanime, de la réforme des retraites ». Surtout, elle a dénoncé la « négation » et la « répression » dont est victime le mouvement social et toutes les formes de contestation de la politique néolibérale du gouvernement. Justine Triet a conclu sa tirade sur la « marchandisation » dont est victime le monde de la culture, sous l’égide d’« un gouvernement néolibéral ».

Offensive réactionnaire contre le soutien de Justine Triet à la bataille des retraites

Ce discours hautement politique n’a pas tardé à faire réagir le gouvernement. Fous de rage, les ministres macronistes ont multiplié les attaques et les menaces ces derniers jours : Rima Abdul Malak, ministre de la Culture, se dit « estomaquée » par un discours qu’elle juge « injuste ». Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’industrie dénonce « l’ingratitude » dont le gouvernement serait victime. Rima Abdul Malak, encore elle, explique au micro de BFM les contradictions exprimées par « un fond idéologique d’extrême gauche ».

Des attaques partagées par la droite conservatrice et réactionnaire incarnée par Eric Ciotti, président des Républicains, qui parle d’un « discours ridicule » et « pitoyable », qui n’ont pas tardé à se transformer en un chantage réactionnaire.

Des menaces à peine voilées de refus de financements publics à l’avenir pour la réalisatrice française étaient déjà perceptibles dans les propos de la ministre de la Culture. Mais des députés de Renaissance ont surenchéri. Deborah Abisror de Lieme, secrétaire générale du groupe Renaissance à l’Assemblée Nationale intime à Justine Triet de « ne pas oublier grâce à qui on peut travailler  ». Guillaume Kasbarian, député d’Eure-et-Loir, va plus loin encore en estimant « qu’il est peut-être temps d’arrêter de distribuer autant d’aides ». Le message pas même subliminal ? Ne mordez pas la main qui vous nourrit.

Une crise qui dure, y compris dans la culture

La réaction de la macronie est à la hauteur de sa colère face au symbole que constitue l’évocation de la bataille des retraites en plein festival de Cannes. Alors que le gouvernement voudrait donner l’impression que le mouvement qui a débuté le 19 janvier est terminé, Justine Triet a rappelé samedi que la crise ouverte par la réforme des retraites est encore loin d’être refermée, et touche tous les pans de la société française. Une sortie qui fait écho à celle de Dominik Moll, réalisateur de La Nuit du 12, qui avait dénoncé le « mépris » du gouvernement en recevant le César des lycéens en avril dernier.

Surtout, à l’heure où les médias et éditorialistes bourgeois se saisissent du sujet pour ajouter leur pierre à l’édifice macroniste en s’en prenant à leur tour à la réalisatrice, l’accusant de « gâcher la fête », dénonçant une « mascarade » difficile de ne pas penser aux réactions suscitées par les prises de position de la comédienne Adèle Haenel.

De ses déclarations lors d’un meeting organisé par Du pain et des roses à Paris 8 à sa lettre de démission du cinéma, celle-ci a subi des tombereaux d’attaques pour sa dénonciation du capitalisme, du milieu du cinéma et son engagement aux côtés des grévistes. La ministre de la culture avait notamment taclé des « tribunes à l’emporte-pièce. »

Contre tous les discours assimilant les sorties de Adèle Haenel à des « divagations » individuelles d’une artiste qu’il faudrait faire rentrer dans le rang, les déclarations de samedi soir rappellent que Adèle Haenel n’est pas seule à s’opposer au gouvernement. Pire, la colère contre Macron est profonde et largement partagée, au point de ressurgir au moment de recevoir une des consécrations ultimes du cinéma. Malgré la négation, les menaces et la répression, la situation n’est pas près de revenir à la « normale ».


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