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5 décembre

Retraites. Contre les tentatives de division, construire la grève à la base dans tous les secteurs

Le gouvernement et le patronat se préparent pour un conflit dur. Nous devons leur rendre la pareille et pour cela les grévistes doivent être maîtres de leur grève.

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Crédit photo : O Phil des Contrastes.

À moins d’une semaine du 5 décembre, point de départ d’une grève reconductible dans plusieurs secteurs du monde du travail, la lutte s’organise et se prépare. La clé d’une mobilisation massive et victorieuse : l’auto-organisation à la base, des assemblées démocratiques souveraines et des cadres de convergence interprofessionnels.

Le 5 décembre s’annonce d’ores et déjà massif. Mais la question que se posent les travailleurs et la jeunesse, qui préparent la grève et la mobilisation, c’est les suites de cette première journée. Car le patronat et le gouvernement s’organisent aussi de leur côté, misant sur la division corporatiste entre les secteurs et les effets d’annonce.

Devant l’ampleur du mouvement qui s’annonce, le gouvernement cherche à la fois à apparaître intransigeant, tout en appelant à des négociations « secteur par secteur », prêt à concéder quelques miettes pour mieux imposer son attaque à l’ensemble du monde du travail. Une porte ouverte à des compromis corporatistes, dans laquelle s’est par exemple engouffré Sébastien Mariani, secrétaire adjoint de la CFDT cheminots, qui déclarait il y a quelques jours que « si le gouvernement prend des engagements clairs » pour maintenir le régime spécial de retraite des salariés de la SNCF embauchés, « il y aura une levée du préavis et les agents seront au service le 5 décembre ».

Pourtant la réforme des retraites concerne tout le monde, toutes générations et corps de métiers confondus, public et privé. C’est précisément pour cette raison que la colère qui s’exprime dans de nombreux secteurs – santé, SNCF, RATP, éducation, jeunesse lycéenne et étudiante… – doit se cristalliser autour de revendications unificatrices, d’un programme d’action commun, dont le point de départ est évidemment le retrait total, sans conditions ni négociations aucunes, du projet de réformes des retraites.

Mais le rapport de forces qui va s’engager à partir du 5 décembre devrait aussi nous permettre d’avancer des revendications en positif, des objectifs de lutte contre la précarité qui se généralise et l’ensemble des attaques qui ont été faites à des pans entiers de la population. Il faut que la jeunesse et les travailleurs en lutte exigent des conditions de vie dignes ; une hausse du SMIC indexée sur le coût de la vie ; un revenu étudiant financé par un impôt fortement progressif sur les grandes fortunes ; le partage du temps de travail pour que plus personne ne meure au travail tandis que d’autres se tuent à en chercher ; la retraite à 60 ans maximum, sans conditions d’annuité !

Et pour arracher ces revendications au gouvernement et au patronat, une lutte d’ensemble, massive et radicale est évidemment nécessaire. Après les expériences de mobilisations qui ont été défaites (de la bataille contre la réforme des retraites de 2010 avec ses journées d’action isolées à la grève perlée des cheminots en 2018, en passant par la loi travail de 2016), la clé réside dans l’auto-organisation des grévistes et dans leur détermination. C’est aussi ce qu’ont montré les Gilets jaunes, qui se mobilisent depuis plus d’un an et qui ont réussi à faire trembler le gouvernement. Les travailleurs doivent s’emparer de leur lutte pour ne laisser personne décider à leur place des modalités d’action et des revendications.

Pour une véritable démocratie dans la grève, il s’agira d’organiser des assemblées générales souveraines, regroupant syndiqués et non-syndiqués dans chaque secteur mobilisé, afin que les grévistes décident par le vote de la reconduction du mouvement et des perspectives, que chacun d’entre eux s’empare de la grève et fasse vivre la lutte.

Pour lutter contre toutes les tentatives de divisions corporatistes – qu’elles viennent du gouvernement, du patronat ou de certaines directions des confédérations syndicales – la grève doit être coordonnée par des assemblées générales interprofessionnelles, regroupant les grévistes de tous les secteurs en lutte et de tout horizon, syndical ou non. Ces cadres interprofessionnels pourraient permettre à chacun des acteurs de la grève de décider des actions, des revendications et mots d’ordre et des suites de la mobilisation, jusqu’à une victoire d’ensemble.

Plusieurs réunions interprofessionnelles ont été organisés en ce sens, à commencer par la rencontre entre les travailleurs de la RATP et de la SNCF, ouverte à d’autres secteurs du monde du travail et de la jeunesse, qui s’est tenue à la bourse du travail de Saint-Denis ce mercredi. Comme l’explique Anasse Kazib, cheminot et militant, à la sortie de cette rencontre : « Il y a cette envie de commencer à s’approprier cette grève, qu’elle appartienne aux grévistes. On voit clairement le lien avec les Gilets jaunes, beaucoup le revendiquent, notamment autour de la question d’éviter de négocier, de trahir. C’est précurseur du 5, ça part de cadres comme celui d’aujourd’hui, où on se sera préparés. On est prêts, et après il faudra construire la grève dans le vif, avec les grévistes, au quotidien ».


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