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Immersion dans le monde de Jolie Môme

Retours du festival La Belle Rouge. Un plein d’énergie avant de reprendre la (les) lutte(s) !

Depuis 10 ans maintenant, c’est en plein été que la Compagnie Jolie Môme tient son festival dans l’agréable village de Saint-Amant-Roche-Savine en Auvergne. A chaque nouvelle édition, c’est un nouveau succès. Ainsi, du 29 au 31 Juillet, des milliers de participants se sont à nouveau retrouvés dans cette ambiance chaleureuse et combative mêlant art et politique, un riche mélange digne de cette talentueuse compagnie qu’est Jolie Môme. Jaque Mate, Maryline Dujardin, Flora Carpentier et Elise Duvel

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La Belle Rouge, c’est une parenthèse de 3 jours au sein d’un village qui semble coupé du monde, où l’on peut profiter de paysages magnifiques et du ciel nocturne étoilé. Venu des quatre coins de la France, le public était varié, rassemblant des militants aussi bien que des curieux, toutes générations confondues, mais tous animés par ce même constat que quelque chose ne tourne pas rond dans cette société, et que nos énergies rassemblées pourraient bien permettre de changer la donne. Malgré un climat capricieux faisant vivre quatre saisons en un week-end, l’ambiance festive omniprésente dans les lieux redécorés pour l’occasion a gagné en intensité dès le premier soir, avec le concert d’ouverture réalisé par Sidi Wacho dans une atmosphère détonante, donnant le rythme pour le reste du week-end.

C‘est dans ce cadre incroyable qu’étaient proposées des représentations artistiques et humoristiques engagées ainsi que des débats et ateliers politiques sur des sujets variés : travail, revenu de base vs salaire à vie, Palestine, la grève de PSA Aulnay, la révolution Cubaine aujourd’hui, contre les violences faites aux femmes, parmi d’autres, et bien sûr, la mobilisation contre la loi travail.

Le clou du festival a été sans aucun doute le « Cabaret d’Urgence » de la compagnie Jolie Môme, qui mêlait dans une atmosphère enivrante chansons théâtralisées, projections, et un avant-goût hilarant de leur prochaine pièce de théâtre, en cours d’élaboration. Les éclats de rire du public emplissaient alors le grand chapiteau, face à la mise en scène désopilante du mariage de « Pierre Medef » et de François Hollande. Les fantastiques interprétations de ces personnages, d’une Liliane Bettencourt vieillissante mais toujours aussi hargneuse, ou encore d’une Ségolène Royal ridicule, ont déclenché plus d’un fou-rire dans l’obscurité.

Durant ces trois jours, outre le défi de proposer un programme varié allant du spectacle de capes et d’épées à la pianiste conteuse virtuose capable de plaire à un public nombreux et hétérogène, il s’agissait cette année encore pour Jolie Môme de puiser dans l’énergie incroyable et la solidarité produites par le festival. L’investissement de 80 « brigadistes », nom par lequel la compagnie désigne les bénévoles, et les nombreux « spectateurs actifs », telle est la recette qui permet à cette poignée d’intermittents de relever les défis d’organisation propres à la tenue d’un tel festival. Au vu de l’engouement suscité par les différentes représentations, de la fluidité d’enchaînement des différentes activités et de la qualité de l’accueil, ces défis ont été relevés avec succès alors même que d’après Michel Roger, directeur de la compagnie, le nombre de participants dépassait celui des années précédentes. Pour lui, la mobilisation des derniers mois y est sans doute pour quelque chose.

La mobilisation contre la loi travail au cœur du festival

Pour un festival résolument militant comme celui de la compagnie Jolie Môme, on pouvait s’attendre à ce que la mobilisation des derniers mois soit au rendez-vous de cette grande fête. Et c’est peu dire. Dès le premier soir, le concert de Sidi Wacho s’est clôturé par l’entonnement d’une série de slogans de la lutte contre la loi travail, connus de tous et scandés sans relâche.

Quant au débat animé par Révolution Permanente le dimanche après-midi, intitulé « Mobilisation contre la loi travail. Le retour de la lutte des classes en France ? », l’engouement pour le sujet était tel qu’il a fallut le tenir dans le grand chapiteau. Plus de 200 personnes ont assisté à l’introduction présentée par Flora Carpentier et Elise Duvel, de notre comité de rédaction, suivie d’une intervention de Charles Hoareau, président de l’Association Nationale des Communistes.
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L’introduction de Révolution Permanente revenait d’abord sur les étapes et les caractéristiques de la mobilisation, à savoir le rôle de la jeunesse, puis celle de l’entrée en scène de secteurs de la classe ouvrière comme les cheminots, les raffineurs ou les dockers. Une mobilisation caractérisée par la forte répression qui s’est abattue contre les manifestants dès le mois de mars.

Puis, pour ouvrir le débat, nous avons tenté de tirer les leçons de cette première étape et montrer pourquoi la mobilisation, malgré les 5 mois de lutte, n’a pas abouti à faire plier le gouvernement. Nous sommes revenus également sur les acquis du mouvement, sa radicalité par l’émergence d’un « sentiment anticapitaliste » au cœur du phénomène Nuit Debout, mais aussi une régénérescence de la lutte des classes après des années d’atonie. Enfin, il s’agissait d’avancer des perspectives pour la rentrée : militer pour renforcer les cadres d’auto-organisation et pour construire la grève générale, en commençant par mobiliser le 15 septembre, journée appelée par l’intersyndicale.

Le long débat qui a suivi l’introduction montrait une véritable volonté de discuter de la mobilisation et de ses suites. De nombreux travailleurs sont intervenus pour raconter les luttes dans leur secteur mais aussi se poser la question de faire entrer dans le mouvement les précaires, comme le racontait une travailleuse de la RATP. Les interventions illustraient les diverses expériences et les différents vécus de la mobilisation selon les régions. Plusieurs intervenants sont revenus sur les cadres d’auto-organisation et de convergence qu’ils avaient cherché à mettre en place, comme l’AG interprofessionnelle de Saint-Denis ou encore l’AG interluttes d’Ile-de-France. Une militante ayant participé à mai 68 faisait le parallèle avec la mobilisation des derniers mois, en indiquant qu’elle n’avait jamais connu un tel niveau d’affrontement et de répression, et que cela marquait un tournant autoritaire du gouvernement. Le rôle des directions syndicales a également suscité un certain débat parmi les participants.

Une chose est sûre, après un week-end pareil, c’est renforcés d’énergie militante que les participants s’en sont allés finir leur été, pour mieux affronter une rentrée des luttes qui, on l’espère, pourrait bien s’avérer aussi explosive que ne l’a été l’ambiance de ces 3 jours.

Les prochains rendez-vous de Jolie Môme

Pour ceux qui seraient dans les parages, nous vous invitons à retrouver la compagnie ce samedi 20 août après-midi au festival d’Aurillac.

A ne pas manquer également, leur « Cabaret d’Urgence » spécialement dédicacé au MEDEF, le 16 octobre au Théâtre de l’Épée de Bois à Paris, en soutien à Loïc, intermittent de la compagnie, dont le procès a été reporté au 8 décembre. En attendant, il est toujours temps de signer et faire tourner la pétition en solidarité avec Loïc et contre la répression du mouvement social.


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