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Offensive anti-grèves

Réquisitions : Macron veut briser nos grèves reconductibles, le mouvement ouvrier doit réagir !

Alors que se maintient la grève des éboueurs et que se généralise la grève reconductible dans la pétrochimie, Macron multiplie les réquisitions pour tuer dans l’œuf toute possibilité de pénurie. Face à l’offensive anti-grève de Macron, la défense des secteurs à l’avant-garde du mouvement est un enjeu essentiel pour réussir à généraliser la grève.

Damien Bernard

25 mars 2023

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Réquisitions : Macron veut briser nos grèves reconductibles, le mouvement ouvrier doit réagir !

Crédits photo : Révolution Permanente

Depuis la puissante journée de mobilisation du 23 mars, Macron semble être (un peu) redescendu sur terre. Fini les provocations qui visent les manifestants, ces « factieux », lors du JT de 13 h. Place maintenant au report de la visite de Charles III et à l’annulation de sa venue au Stade de France vendredi soir. Affaibli, isolé, Macron a pris acte que, loin de s’essouffler, le mouvement s’amplifie, se radicalise et se massifie.

Retour du « dialogue social » et renforcement des réquisitions

Face à une telle situation, Macron cherche à renouer avec la recette classique qui vise à agiter la carotte d’un côté, manier le bâton de l’autre. D’abord, il remet une nouvelle fois au centre la question du « dialogue social ». Après l’appel du pied de Laurent Berger sur RTL à « mettre sur pause » la réforme des retraites, Macron a ainsi répondu qu’il se tenait « à la disposition de l’intersyndicale » à l’issue du Conseil Constitutionnel. Sous pression, Macron affiche désormais sa « disponibilité ». Pourtant, une chose est claire pour les manifestants depuis le début du mouvement : le retrait de la réforme est un minimum. Aucun « compromis » n’est possible avec Macron.

De l’autre, Macron a ouvert une offensive d’ampleur avec d’un côté la répression des manifestants, de l’autre la multiplication des réquisitions. Alors que la grève reconductible des éboueurs se maintient et qu’elle se généralise dans le secteur de la pétrochimie, le gouvernement a mis les réquisitions au centre de sa stratégie pour briser les grèves reconductibles. Si celles-ci demeurent « ciblées » par peur que se radicalisent ces secteurs ou que s’opèrent des phénomènes de jonction en solidarité, elles se multiplient à force que se durcissent les grèves. Des réquisitions qui pour l’heure visent essentiellement à minimiser blocages et pénuries tout en cherchant à briser la détermination de secteurs qui construisent, par leurs grèves reconductibles, un rapport de force déterminant pour le mouvement.

En réquisitionnant les éboueurs, Macron veut briser leur grève éminemment politique, au sens où elle remet en question le « maintien de l’ordre » dans la capitale. Avec les réquisitions des raffineurs, le gouvernement a un autre objectif : éviter une situation cauchemardesque où se combinerait une pénurie généralisée du type de l’automne dernier avec le mouvement actuel qui tend à se radicaliser. Ces réquisitions préventives visent ainsi à éviter que ne s’ouvre, après le 7 mars, une nouvelle fenêtre pour la généralisation de la grève à d’autres secteurs.

Derrière les réquisitions, Macron veut briser toute possibilité de généralisation de la grève

C’est dans ce cadre que le gouvernement surveille comme le lait sur le feu la dynamique de grève dans les raffineries. Si, pour l’heure, il intervient sur les goulots d’étranglements comme le manque de Kérosène aux aéroports – pénurie au caractère stratégique – et la pénurie de carburant très avancée dans les Bouches-du-Rhône, la situation pourrait très rapidement changer.

En effet, d’un côté, on observe l’amenuisement des stocks dans les dépôts pétroliers dont certains sont bloqués ou en grève. Avec notamment des éléments très inquiétants pour le gouvernement, comme le relate Le Parisien : « à noter également un début de grève ce week-end dans la plus grosse réserve stratégique de carburant du pays : le dépôt Géosel, à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence). « De mémoire de syndicaliste, je n’avais jamais vu une grève dans un dépôt stratégique, remarque de son côté Emmanuel Lépine. Ça montre la détermination de ce mouvement.  » De l’autre, on pourrait assister la semaine prochaine à l’impact effectif de l’arrêt de la plus grande raffinerie de France, celle de Normandie, mais aussi à celle de Lavera, d’ExxonMobil de Port-Jérôme – contrainte à l’arrêt ce samedi en raison de la grève du dépôt pétrolier stratégique de la CIM, cela dans un contexte où deux raffineries sont à l’arrêt, Donges en raison d’une panne technique, la bioraffinerie de La Mède pour des questions de maintenance.

Autant d’éléments qui pourraient provoquer une accélération très rapide de la pénurie non seulement en raison de difficultés logistiques, mais aussi en raison d’une pénurie réelle de produits finis. Une telle pénurie pourrait faire basculer la situation, et encourager d’autres secteurs à entrer en grève reconductible et mettre le pays à l’arrêt.

Lutte contre les réquisitions : soutenir les grévistes pour généraliser la grève !

La lutte contre la guerre d’usure du gouvernement et ses réquisitions « ciblées » constitue dans la situation actuelle une tâche stratégique du mouvement. En effet, la défense des places fortes que sont la grève des éboueurs et des raffineries est une condition nécessaire quoique non suffisante pour maintenir la radicalité du mouvement et construire la généralisation de la grève.

De ce point de vue, la réponse des grévistes a été exemplaire : à Fos-Sur-Mer, à Normandie et à Donges, les raffineurs ont immédiatement appelé à des rassemblements de soutien pour s’opposer aux réquisitions, rejoints par des centaines de militants de différents secteurs. Un appel à la solidarité auquel s’est immédiatement rallié le Réseau pour la Grève Générale, qui a affrêté deux bus et amené 150 étudiants, travailleurs, artistes et intellectuels pour se rendre sur le piquet de grève des raffineurs de Normandie ce vendredi, permettant de récupérer le piquet face aux cordons de CRS.

L’action de solidarité face à la répression, défendue à l’unanimité dans la dernière réunion du Réseau Grève Générale, est une démonstration essentielle qui doit être systématisée afin de défendre les secteurs à l’avant-garde de la grève reconductible contre les menaces de répression de l’État et du patronat. Si l’action de solidarité n’a pas permis d’empêcher les réquisitions, elle constitue cependant une victoire morale pour les grévistes qui ont majoritairement reconduit leur grève comme à Normandie et à la raffinerie de Donges.

Surtout, une telle démonstration de solidarité avec des intellectuels comme Frédéric Lordon, des figures artistiques comme Adèle Haenel et Médine, ou encore un soutien très important de nombreux jeunes, envoie un signal important face au gouvernement : s’ils s’attaquent encore aux grévistes, ce sera avec un coût politique important, avec le risque de créer un élan de solidarité encore plus large.

Silence scandaleux des directions syndicales : le mouvement ouvrier doit réagir

Face aux attaques du gouvernement, une nouvelle fois, Philippe Martinez et Laurent Berger étaient absents des piquets de grève. Par leur silence scandaleux et leur absence, ils portent ainsi de fait une responsabilité dans les réquisitions. Encore une fois, l’ensemble des directions syndicales doivent dénoncer urgemment les réquisitions des personnels grévistes, mais doivent également construire la solidarité concrète autour des grévistes.

Pour leur imposer de telles exigences, il va falloir s’organiser à la base, entre travailleurs, syndiqués ou non syndiqués, de différents secteurs, de la jeunesse et des quartier populaires. C’est ce sur quoi ont insisté les nombreux travailleurs réunis dans le Réseau pour la grève générale mardi dernier. Dans un appel publié hier, ils appellent à la mise en place de comités d’action partout, pour réunir toutes celles et ceux qui veulent construire la grève générale et vaincre Macron.


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