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Éducation

Répression après l’occupation de la DSDEN : la lettre des enseignants du collège Diderot (93)

A la suite de l’occupation de la DSDEN dans le 93, des enseignants sont visés par leur hiérarchie. Un exemple parmi tant d’autres de la répression que subissent les enseignants qui s’opposent actuellement à la réforme Blanquer.

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Suite à l’occupation dans le 93 de la DSDEN (Direction des services départementaux de l’éducation nationale) le 10 avril plusieurs professeurs sont accusés de violence et de dégradation par leur hiérarchie. Le but de la manœuvre : faire un exemple et intimider le corps professoral mobilisé contre les réformes Blanquer. Il s’agit pour l’académie et ses relais administratifs de museler les enseignants contestataires quand bien même les mesures du ministre de l’éducation sont largement impopulaires dans un département, où les inégalités sociales combinées au manque de moyens contribuent d’ores et déjà à la détérioration de l’enseignement.

Cette répression ciblée de professeurs de la Seine-Saint-Denis suite à l’occupation de la DSDEN s’ajoute à la large vague de répression de ces derniers mois contre tous ceux qui osent contester les réformes de Macron. L’extension des méthodes managériales dans l’éducation, l’intimidation, les tentatives de « mise au pas » du corps professoral font échos aux autres tentatives d’étouffement des luttes sociales en France. C’est à ce titre que sud Éducation 93 a décidé d’apporter son soutien à Eric, cheminot menacé de licenciement

Dans ce contexte de contestation générale contre les reformes Blanquer et de répression des enseignants que les professeurs du collège Diderot réunis le 7 mai en Assemblée Générale ont voté de faire paraître cette lettre ouverte à destination du DASEN (Directeur Académique des Services de l’Éducation Nationale).

Nous relayons leur lettre ci-dessous :

Collège Diderot Aubervilliers, le 14 mai 2019
5 rue du commandant L’Herminier
93300 Aubervilliers

Objet : lettre ouverte à Monsieur le DASEN de Seine-Saint-Denis

Monsieur,

Vendredi 5 avril, nous recevions au sein du collège Diderot la visite de notre inspectrice « vie scolaire » et de M. le Proviseur « vie scolaire » au sujet d’incidents violents survenus trois jours avant, et de leur mauvaise gestion par la direction du collège. M. le PVS nous assurait de son soutien en nous promettant de nous faire des propositions pour mieux nous organiser, mais sans apporter de réponse à nos demandes de moyens supplémentaires, et nous enjoignait à ne pas rompre le dialogue avec vos services. Mais ni lui, ni Mme l’inspectrice ne nous ont proposé de remplir le Registre Santé et Sécurité au Travail. Ils ne nous ont pas non plus proposé la mise en place d’une cellule d’écoute.

Nous sommes donc particulièrement outré-e-s de la manière dont vous communiquez depuis le mardi 9 avril au sujet de la manifestation pacifique qui a eu lieu à la DSDEN, à l’occasion d’un mouvement de grève contre le projet de loi dit « pour une école de la confiance » et pour des moyens humains en Seine-Saint-Denis. En effet, vous vous permettez de salir l’image des collègues qui sont venu-e-s réclamer une audience qui leur est systématiquement refusée en prétendant qu’ils auraient agressé des personnels. Vous vous positionnez également en protecteur du personnel administratif de la DSDEN en leur proposant de remplir le RSST, et en mettant à leur disposition une cellule d’écoute. Il convient donc de vous rappeler la réalité du territoire que vous prétendez administrer :

  •  les RSST, lorsqu’ils existent dans les établissements, ne sont que rarement visés par les chefs d’établissement, et ne sont jamais suivis d’effet – venez consulter celui du collège pour vous en apercevoir ;
  •  les cellules d’écoute n’existent pas dans les établissements, ou alors uniquement dans les cas d’une extrême gravité et la plupart du temps des jours voir des semaines après les faits.
  •  les personnels d’éducation du département sont régulièrement confronté-e-s à la violence, que cela soit en classe, aux abords des établissements, sur les installations sportives, qu’ils en soient victimes ou témoins, et rien n’est fait contre cela – les nombreux exemples de ces dernières semaines en attestent. En décembre dernier, il est même arrivé qu’une enseignante du collège soit blessée par un éclat de grenade lancé par un policier alors qu’elle encadrait les collégiens qui entraient dans l’établissement lors d’un blocage du lycée voisin. Pourtant personne ne lui a conseillé de remplir le RSST, et aucune cellule d’écoute ne lui a été proposée.

    Vous semblez penser qu’une foule dans un lieu clos est une violence inacceptable pour vous et les personnels de la DSDEN. Nous vous invitons donc à venir traverser la cour de notre collège lors d’une journée normale pendant la récréation de 10h ou de 15h30. Il y a fort à parier que vous serez surpris de ce qui vous y attendra, étant donné la densité d’élèves qui s’y trouve. Vous pourriez aussi tenter de monter au premier étage par l’escalier du préau, escalier sur lequel il y a régulièrement des drames évités de justesse. Vous pourriez peut-être simplement venir voir à quoi ressemble la vie de nos élèves au sein des établissement du 93, cela vous changerait du confort feutré des locaux de la DSDEN.

    Nous réitérons aussi notre demande : veuillez répondre aux nombreux courriers que nous avons envoyés depuis maintenant des années au sujet du manque de moyens humains, du classement REP+ du collège, de la direction unique défaillante du collège et du lycée, des caméras installées illégalement dans le collège… et qui sont restés sans réponse. Sans cela, cessez de prétendre que vous préservez un dialogue, cessez de prétendre que vous écoutez les équipes, cessez
    de prétendre que vous respectez les personnels et les élèves, car vous ne trompez personne.

    Enfin, nous vous exprimons notre colère face à l’enquête que vous avez décidé de mener afin de savoir qui était présent lors de la manifestation du 9 avril, aux appels à dénonciation et aux convocations par les chefs d’établissement. Les personnels qui se mobilisent pour l’école en Seine- Saint-Denis se battent pour leurs élèves et pour le service public. Ils et elles sont dignes et respectables. Vos pratiques ne font que souligner une nouvelle fois le mépris de l’institution, institution qui ne cherche qu’une chose : cacher les problèmes et étouffer toute voix qui ose dire la réalité de notre métier… cela au profit des agendas politiques des uns, et des plans de carrière des autres.

    Soyez assuré, Monsieur le DASEN de notre attachement au service public d’éducation.

    Les personnels enseignants du collège Diderot réunis le 7 mai en Assemblée Générale avec le soutien des sections syndicales SUD éducation et SNES du collège


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