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Face à Omicron

Rentrée, aération et tests gratuits : les sujets que le gouvernement évite et qu’il faut imposer

Des annonces sans mesures : c’est ce que le gouvernement a offert lundi soir. Pourtant face au variant Omicron et à la dangereuse dynamique épidémique, il est nécessaire d’imposer de réelles mesures sanitaires : protocoles et moyens dans les écoles, filtres adaptés au virus et tests gratuits vont être incontournables.

Philomène Rozan

28 décembre 2021

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Crédit photo : Ludovic Marin / POOL / AFP

La situation sanitaire se dégrade rapidement avec un nouveau record de près de 180 000 nouveaux cas sur la journée du 28 décembre qui dépasse de loin la barre des 100 000 contaminations quotidiennes déjà constatée le 25 décembre. Alors que les hôpitaux sont déjà sous tension, les plans blancs activés et le tri des patients mis en place dans certains hôpitaux, le variant Omicron fait pressentir une situation dangereusement explosive. En effet il arrive à grande allure, et du fait d’une combinaison inédite de mutations il est hautement transmissible et se propage bien plus rapidement que le variant Delta pour le moment majoritaire dans la plupart des régions et qu’il devrait bientôt supplanter. 

Face à l’augmentation des cas et au saut dans la situation épidémique, le gouvernement a fait des annonces ce lundi 27 décembre. Des annonces… vides de mesures sérieuses qui permettraient de faire face à la situation. Masque obligatoire dans les centres villes, consommation assise, interdiction de boire ou de manger dans les transports ou les cinémas et renforcement du télétravail, sont là toutes les mesures prises. Un panel très restreint et bien loin d’être à la hauteur de la situation sanitaire. Et pour cause, le masque rendu obligatoire en extérieur tend plus à la mesure politique et répressive, qui sert à donner le change qu’à une réelle mesure sanitaire, les transmissions en extérieur étant marginales bien qu’Omicron soit plus transmissible. Dans le même sens, le télétravail que Castex assure rendre « obligatoire », s’il est souhaitable tant la vague qui arrive est inquiétante, n’est réalisable que dans une partie restreinte des professions.

Le gouvernement choisit, encore une fois, de maintenir et de privilégier les intérêts et exigences du Medef au détriment d’une gestion sanitaire et de la vie des malades. Le gouvernement repousse aux calendes grecques la prise de mesures pourtant nécessaires, choisissant de jouer sur le temps et espérant pouvoir passer la fin du quinquennat entre les mailles du filet Omicron. 

Défendre une rentrée avec des moyens et des protocoles adaptés à la situation sanitaire

Parmi les mesures que le gouvernement a annoncé ne pas prendre, on retrouve en tête de liste, celle de la rentrée scolaire. Pas de moyens supplémentaires, ni de report, mais « au moins deux tests négatifs » pour revenir en classe, voilà les annonces de Jean-Michel Blanquer. Une mesure aux contours plus que flous, qui dit surtout qu’aucun changement n’est envisagé. Mais à l’heure où le mois de janvier pourrait être marqué par des taux d’incidences record et le nombre de cas en explosion, se refuser à des moyens supplémentaires d’urgence et à une réorganisation de l’école –avec des enfants encore peu vacciné et pour qui les gestes barrières sont plus difficiles à respecter- est une fuite en avant, qui vise avant tout à maintenir à 100% la garderie du MEDEF. 

Face à cette situation où les professeurs qui ne pourront pas éviter les contaminations sans plus de moyens de protection et risquent de se retrouver en arrêt maladie, Blanquer choisit de faire appel à des vacataires ou aux enseignants retraités… A rebours de cette approche qui entérine les manques criant de personnels dans l’Education Nationale, la rentrée ne peut se faire comme si Omicron n’existait pas. Il est nécessaire pour préserver les enseignants comme les familles, de mettre en place des protocoles alternatifs choisis par les personnels de l’éducation et la santé, avec des groupes réduits. Pour permettre leurs applications il est nécessaire d’augmenter les moyens, non seulement pour ouvrir des postes mais également pour mettre en place les équipements qui manquent encore au bout de deux ans de pandémie : masques -FFP2 notamment- installation de système d’aération avec des filtres qui permettent de purifier l’air et de ne plus faire des salles des incubateurs à clusters. 

Exiger l’installation de filtres pour lutter contre la propagation du virus

Face au caractère hautement transmissible du variant, la lutte contre la transmission doit nécessairement s’attaquer à la contamination par aérosol. Ces derniers sont de fines particules avec une charge infectieuse et sont à l’origine d’une grande partie des contaminations. Et ce notamment dans les intérieurs non aérés ou trop peu ventilés, à l’image des transports, pour lesquels on apprenait il y a un mois que contrairement à ce qu’avait assuré le gouvernement ils étaient des lieux de « sur-risque de contamination » avec dans le métro +20% de sur-risque de contamination et dans le train +30%. Tout cela sans que ne soit installé massivement des filtres HEPA (High Efficiency Particulate Air Filters) à même de protéger du virus. Cet enjeu majeur pour la suite de l’épidémie n’a pourtant fait l’objet de mesure sérieuse du gouvernement, ni depuis le début de l’épidémie, ni dans les dernières annonces en date.

Pourtant dans un entretien donné au Monde, Dominique Costagliola, épidémiologiste et biostatisticienne insiste : « Au-delà des écoles, le sujet de la qualité de la ventilation et du contrôle du niveau de CO2 devrait aussi s’imposer dans les entreprises, les trains… Il y a eu une prise de conscience par le gouvernement de l’importance de la transmission aérienne du virus, mais pas au point de se dire que cela nécessite des mesures qu’on va favoriser voire imposer dans les écoles, les entreprises et les lieux accueillant du public. » Ainsi partout dans les lieux accueillant du public, entreprises, écoles, universités ou transports publics, il est devient plus nécessaire encore, d’exiger l’installation de filtres et de mesures d’aération et de ventilation pour commencer à freiner à la racine la transmission du virus. 

Des tests gratuits, massifs et pour tous et toutes : une nécessité à imposer

 

Mardi matin le gouvernement a annoncé une nouvelle « mesure » avec un arrêté du ministère de la santé : jusqu’au 31 décembre, les auto-tests seront vendus et disponibles en grande surfaces. Une décision, dont les PDG de plusieurs pontes de la grande distribution se sont réjouis, et qui révèle une fois encore les choix pro-patronaux du gouvernement qui décide de conserver le circuit du Medef pour répondre à la crise sanitaire. 

Or à l’heure où la demande de tests va se faire de plus en plus grande avec l’augmentation du nombre de cas contacts, et les risques de pénurie comme aux Etats-Unis augmenter en conséquence, il est nécessaire d’assurer un accès aux tests gratuits à tous et toutes, vacciné.e.s ou non. A rebours de la logique qui vise à mettre en avant des auto-tests - payants - pour répondre aux besoins, il est nécessaire d’augmenter la capacité de tests antigéniques et PCR - le seul à même de préciser les variants - tant en matériel qu’en personnels pour les réaliser.

Il est donc des sujets et des mesures que le gouvernement refuse d’aborder. Or pour affronter la nouvelle vague il va être nécessaire de les inviter à l’ordre du jour. Et pour rendre effectives chacune des mesures sanitaires évoquées précédemment il faudra des moyens. Des moyens pour préserver des vies que le patronat et le gouvernement ne sont pas prêts à fournir, tant ils ne sont pas dans leur intérêt. Pour les arracher il n’y a qu’un moyen possible, celui de l’auto-organisation, c’est la mobilisation et la grève pour imposer des moyens partout où il y en a besoin, dans le privé, le public, la santé et l’enseignement. 


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Philomène Rozan

Etudiante à l’Université Paris Cité , élue pour Le Poing Levé au Conseil d’Administration

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