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Edito

Refuser l’offensive autoritaire, pourquoi manifester contre la loi sécurité globale ?

Ce mardi 17 novembre, le texte de loi relatif à la sécurité globale sera examiné à l'Assemblée Nationale. Mais quel est l'objectif d'un tel projet de loi dont la portée liberticide est dénoncée jusque... l'ONU ? En jeu notamment pour l’exécutif : renforcer une institution policière particulièrement délégitimée, pour faire face aux prochaines vagues de contestations sociales.

Gabriel Ichen

16 novembre 2020

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Dans un entretien donné au Parisien dimanche 15 novembre, Gérald Darmanin a affirmé que le « cancer de la société, c’est le non-respect de l’autorité ». Des mots qui synthétisent plutôt bien ce pourquoi Darmanin a été nommé ministre de l’intérieur en juillet dernier, à savoir : relégitimer une police particulièrement fragilisée et mener la politique ultra-sécuritaire du gouvernement. En ce sens, le premier flic de France et le gouvernement n’ont pas chômé. Loi séparatisme islamophobe visant la communauté musulmane et ses associations, augmentation des moyens alloués à la police et à la répression, loi sécurité globale, loi LPR criminalisant les luttes étudiantes etc.
 
Ce mardi 17 novembre, le texte de loi relatif à la sécurité globale passe en première lecture à l’Assemblée nationale. Cette loi, qui propose notamment d’interdire de filmer des policiers en exercice, entérine un tournant autoritaire de la part de l’État français, palpable depuis maintenant plusieurs années. Dans la continuité de cette loi, dimanche dernier le Ministère de l’Intérieur a publié son « Livre blanc de la sécurité intérieure » dans lequel sont données les futures orientations du gouvernement en matière sécuritaire et qui confirme l’orientation actuelle vers toujours plus de répression. Dans un article, Mediapart a analysé le contenu de ce rapport. Au programme : surveillance accrue, contrôle de l’information, affermissement idéologique pro-flic, renforcement de l’impunité policière et recours accru aux sociétés de sécurité privée. Ce rapport devrait servir de cadre pour une prochaine loi d’orientation et de programmation de la sécurité intérieure prévue pour 2022 (LOPSI 2022). Ça promet…
 
La loi sécurité globale en étendant les pouvoirs des forces de police, représente une véritable attaque contre les droits démocratiques. Ainsi pour les journalistes notamment, diffuser des images de policiers en exercice pourrait coûter 1 an d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. La loi prévoit aussi l’élargissement des prérogatives de la police municipale. Cependant, une large opposition à cette loi s’est faite entendre. Par exemple, pratiquement tous les médias mainstream de BFM au Figaro, en passant par Le Monde, Libération et des chaînes du service public, ont signé une récente tribune contre l’article de la loi qui interdit de filmer les policiers en exercice.
 
Cet agenda ultra-sécuritaire confirme ainsi que ce sera bien par la matraque que le pouvoir en place compte répondre à la profonde crise politique qu’il traverse, sur fond de crise économique accélérée par la crise sanitaire. La dernière séquence introduite par la crise sanitaire n’a fait qu’intensifier les conditions de potentielles explosions sociales. Le premier confinement, qui avait révélé que c’est bien la classe ouvrière et ceux d’en bas qui font tourner la société, avait été particulièrement dur et violent pour les classes populaires, précarisant toujours plus ces dernières. Dans les quartiers populaires ce confinement a impliqué une répression nettement intensifiée et meurtrière. Une dizaine de personnes décédaient des mains de la police. Cette situation avait ainsi débouché sur des débuts de révoltes dans différents quartiers populaires en Île-de-France et dans différentes villes de provinces. Situation qui continue aujourd’hui où les classes populaires continuent de payer durement la facture d’une gestion catastrophique de la crise sanitaire par le gouvernement.
 
A la sortie du premier confinement, un mouvement massif contre le racisme et les violences policières avait éclaté. D’ampleur international, le mouvement mené par le Comité Adama en France avait approfondi la crise de l’institution policière, en dévoilant son caractère fondamentalement raciste et oppressif. En réponse à ce mouvement le gouvernement, Darmanin et Schiappa en tête, contre-attaquait sur un terrain sécuritaire avec comme objectif de renforcer une police déligitimée.
 
Récemment, c’est le corps enseignant ainsi que les lycéens qui ont exprimé leur colère à travers l’organisation de grèves et de blocages contre l’absence de protocole sanitaire dans les établissements scolaires. Une nouvelle fois les lycéens ont fait l’objet d’une répression particulièrement violente où des jeunes de 16 ans avait été matraqués, gazés et embarqué en garde-à-vue. Cette explosion pourrait bien en annoncer d’autres dans un contexte où les attaques contre les travailleurs s’intensifient avec la multiplication de plans sociaux massifs ou de fermeture d’usines comme celle de Bridgestone à Béthune, qui ont déjà détruits plusieurs centaines de millier d’emplois en quelques mois.
 
En ce sens, de nombreux éditorialistes et politologues proches du régime comme Pascal Perrineau, s’inquiètent et craignent, à juste titre, que la dernière séquence introduite par la crise sanitaire ne vienne que renforcer cette crise profonde et débouche sur une « nouvelle « gilet-jaunisation » de la France ». La stratégie du gouvernement de répondre à cette crise sur un terrain principalement répressif et en attaquant les droits de démocratiques illustre un renforcement répressif préventif ainsi cette peur de futures explosions sociales mais aussi l’incapacité à y faire face autrement.
 
N’ayant plus rien à offrir aux exploités et aux opprimés depuis un moment, les classes dominantes et leur gouvernement sont donc aujourd’hui contraintes de devoir renforcer l’un de leurs principaux pilier : l’appareil répressif et la coercition. Face à ce tournant autoritaire et la multiplication des attaques contre les droits démocratiques, il est impérieux d’organiser une réponse à la hauteur de ces attaques en construisant un rapport de force large par la base, entre les différentes associations ciblées par ces attaques, les organisations de jeunesses et les organisations du mouvement ouvrier. Un rapport de force qui puisse être la base pour imposer une autre réponse à la crise que celle que tente de mettre en place le gouvernement et les capitalistes et qui n’augure que plus de répression et de précarité.

En ce sens nous appelons à venir massivement au rassemblement qui se tiendra devant l’Assemblée Nationale à 18h contre la loi Sécurité Globale.


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