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Chasse aux sans-papiers dans la capitale

Réfugié-e-s. La traque des socialistes continue

Maria Chevtsova Mardi 9 juin, les « migrants de la Chapelle » entament leur journée après avoir dormi une nuit de plus dans la rue, dans des conditions de grande précarité, partageant les quelques matelas et couettes dont ils disposent. Une nuit de plus… c'est une nuit de trop ! C'est ce dont sont venus témoigner les 600 personnes présentes au rassemblement de 18h, à la Halle Pajol, indignées par la façon dont sont traités les migrants, expulsés par les CRS de leur campement de La Chapelle dans le 18ème arrondissement, puis de Saint-Bernard, et réprimés à nouveau hier. La solidarité grandit, et c'est bien cela qui dérange le gouvernement, qui ne voit d'autre solution que d'intimider et de réprimer le mouvement naissant pour éviter « un nouveau Saint-Bernard », du nom de l’opération de police ayant expulsé les sans-papiers de ce lieu de culte, en 1996, sous la droite. Face à l’obstination de Valls et de ses flics, qui ne valent pas mieux que ceux de Jean-Louis Debré, il va falloir continuer à se mobiliser et élargir le mouvement pour obtenir une victoire, c'est-à-dire des logements et des papiers pour tous les réfugiés.

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Une solidarité qui s’amplifie

Dans l’après-midi du mardi, une soixantaine de migrants se sont réfugiés au jardin du Bois Dormoy, situé à quelques mètres du métro La Chapelle. L’association du Bois Dormoy, qui gère le lieu, a accepté de recevoir les réfugiés pour une courte période, en attendant que la mairie se décide à ouvrir un lieu temporaire permettant de loger l’ensemble des personnes. Ce répit permettrait aux réfugiés de passer quelques nuits sans l’angoisse d’être expulsés, et ainsi de retrouver des forces pour continuer leur lutte. Car c’est un véritable combat qu’ils mènent depuis plusieurs jours.

À 18h, ce sont 600 personnes qui sont venues au rassemblement de soutien appelé par la Ligue des Droits de l’Homme, le Collectif des Sans voix, la Coordination des Sans-Papiers 75, EELV18, Ensemble 18ème, le NPA 18ème, le PCF et le Parti de Gauche Paris. Après 40 minutes de discours, la quasi-totalité des personnes présentes est partie en manifestation spontanée en scandant les slogans « De l’air ! De l’air ! Ouvrez vos frontières » et « Solidarité avec les réfugiés », sans que les plus modérés puissent nous faire faire machine arrière. La destination : le pont de la Chapelle. Le cortège, en voulant faire déborder la solidarité dans les rues du quartier, a contraint les cordons de CRS à reculer, visiblement dépassés par la détermination des manifestants qui ont ainsi symboliquement « reconquis » le pont, évacué il y a quelques jours. Beaucoup de manifestants se sont ensuite rendus au jardin du Bois Dormoy, où logent les migrants pour la nuit.

Cette manifestation à 600 personnes est la preuve que la solidarité s’amplifie : les partis de gauche et les collectifs se mobilisent. Contrairement à ce que relaient les médias, les habitants du quartier sont solidaires des réfugiés : ils dénoncent les expulsions qu’ils jugent scandaleuses et applaudissent au passage de la manifestation, reprenant même quelques slogans.

Un nouveau Saint-Bernard ?

Le gouvernement, qui assure effrontément aux médias avoir relogé tous les réfugiés, craint de voir émerger un nouveau « Saint-Bernard ». Il y a vingt ans, c’est la droite qui avait expulsé violemment de l’église Saint-Bernard plus de 200 sans-papiers africains organisés en collectif. « Saint-Bernard », dont la porte avait été défoncée à la hache par les CRS de Chirac et Debré, était alors devenu un symbole, et les socialistes, à l’époque dans l’opposition, avaient crié « plus jamais ça ! ». Il serait bien gênant pour le gouvernement PS, vingt ans plus tard, que les réfugiés trouvent un nouveau lieu hautement symbolique acceptant de les héberger, et qu’en même temps ils reçoivent un soutien de plus en plus massif. La question des logements et des papiers, plus actuelle que jamais, met le gouvernement en défaut. D’où la répression acharnée des forces de police sur les 180 migrants de La Chapelle, et leur volonté d’invisibiliser le soutien qui se crée.

Et après ?

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Entre d’un côté la répression acharnée du gouvernement et de l’autre les déclarations calomnieuses de la droite et de l’extrême-droite, quelle perspective pour la mobilisation ? Il faut que le mouvement de soutien s’amplifie, soit visible, fasse du bruit. Tous les migrants ont besoin de notre soutien, à la fois matériel et politique. Matériel, parce que nous sommes nombreux à rester à leurs côtés, ou à leur amener duvets et nourriture. Politique, également, car c’est la clef de leur lutte qui fait apparaître tout l’infamie de ce gouvernement dont Pétain n’aurait pas à rougir. Dans un premier temps, le mouvement doit exiger de la mairie de Paris qu’elle ouvre des logements décents, pendant le temps nécessaire à la régularisation de tous les réfugiés. C’est l’unique manière pour les associations et les collectifs d’aide aux sans-papiers de reprendre un travail sérieux sur le terrain auprès des migrants. Dans les jours à venir, le sort des migrants ne doit surtout pas être traité au cas par cas, au risque de briser la solidarité qui s’est installée. C’est un logement et des papiers pour tous les réfugiés qu’il faut exiger !

Pour un maximum de visibilité, il faut se donner rendez-vous devant les yeux officiels de la mairie de Paris, place de l’Hôtel de Ville, à savoir du gouvernement. Anne Hidalgo avait le culot d’affirmer mardi soir à BFM TV qu’il « n’est pas digne pour les migrants de dormir dehors, alors que des places en centre d’hébergement sont libres ». Une mobilisation la plus large, aux côtés des organisations syndicales et politiques du monde du travail et de la jeunesse, serait en capacité d’arracher ces revendications élémentaires : des papiers et un logement. Si les réfugiés font reculer la répression, c’est-à-dire le gouvernement, c’est tous ensemble que nous gagnerons.

10/06/2015


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