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Edito

Réforme de l’assurance-chômage : en pleine crise, les directions syndicales autour de la table pour négocier la régression sociale

Mise entre parenthèse avec le confinement, la réforme de l'assurance chômage revient sur le devant de la scène. Alors que celle-ci vise à durcir les conditions d’indemnisation et constitue une attaque en règle contre le monde du travail en pleine crise économique, les directions syndicales ont choisi de se rendre ce mercredi aux négociations avec le patronat, dans la continuité de la logique de dialogue social qui s’est renforcée depuis le début de l’épidémie.

Julian Vadis

29 septembre 2020

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Ce mercredi 30 septembre signe le retour de la réforme de l’assurance chômage. Alors que le texte avait été mis entre parenthèse à l’occasion de la crise sanitaire, le gouvernement entend bien relancer son projet, et pour cela la Ministère du Travail convoque ce mercredi syndicats et patronats.

Si le gouvernement se dit prêt à amender le texte sans revenir sur sa substance, la réforme de l’assurance chômage s’annonce toujours comme une véritable chasse aux plus précaires. Une attaque historique qui aura pour conséquence une restriction des conditions d’accès aux indemnités de chômage ou bien encore une refonte du calcul du salaire journalier de référence, qui constitue la base du paiement du chômage. Face à cette attaque, l’agitation du fameux « bonus-malus » visant à sanctionner les entreprises qui « abuseraient » des contrats courts constitue la seule mesure visant le patronat. Une mesure que le MEDEF récuse totalement, et qui n’aurait de toute façon que des effets très marginaux sur la précarité qui frappe de nombreux travailleurs.

Malgré l’ampleur de l’attaque que promet la réforme de l’assurance-chômage, les directions syndicales ont cependant choisi une fois de plus de se rendre aux négociations. Rien de surprenant du côté de la CFDT qui, si elle affirme ne pas vouloir d’un texte ayant « pour effet de réduire les droits des demandeurs d’emploi », se dit ouverte à la « réflexion » sur le sujet par la voix de Marylise Léon, numéro deux de la centrale. Quant à Force Ouvrière et la CGT, leur ligne d’annulation de la réforme ne les empêche pas non plus d’accepter les négociations. « La protection accordée aux chômeurs ne doit pas être amoindrie, a fortiori durant une période où le nombre de personnes privées de travail flambe (…) Il faut revenir aux règles qui prévalaient avant les décrets de 2019 » a ainsi expliqué Michel Beaugas de FO, tandis que d’après Le Monde, la CGT « compte mettre à profit les discussions à venir pour défendre des propositions qui améliorent le sort réservé aux chômeurs. »

Refuser un bloc un projet, mais accepter malgré tout de s’asseoir à la table des négociations, voilà l’attitude qu’ont à nouveau choisi les directions syndicales. Une attitude d’autant plus scandaleuse que les très nombreuses rencontres qui ont eu lieu depuis octobre 2017 n’ont jamais permis d’infléchir les positions du gouvernement, sans parler de faire retirer le projet… A l’heure où le gouvernement aborde la rentrée affaibli par sa gestion catastrophique de la crise sanitaire, mais déterminé à continuer à mener l’offensive contre les droits des travailleurs, l’acceptation du cadre de ces négociations est une véritable trahison.

En ce sens, il est fondamental que la base des organisations syndicales exige de ses dirigeants une rupture claire et nette de ce cadre de négociations, et la rupture du « dialogue social » qui a pris une importance fondamentale ces derniers mois pour le gouvernement. A l’heure où les privatisations dans le secteur des transports se préparent et où les licenciements pleuvent sur l’ensemble du monde du travail, occasionnant une série de résistances pour l’heure éparses et minoritaires dans une série de secteur, de l’aéronautique jusqu’à la grande distribution, la cooptation des dirigeants syndicaux dans le dialogue social constitue la meilleure assurance de pouvoir attaquer les travailleurs sans résistance.

A l’inverse, ce ne sont pas de discussions avec nos pires ennemis dont nous avons besoin, mais d’un plan de bataille clair et pour lequel il vaille la peine de se battre. Contre la réforme de l’assurance chômage, les licenciements, les baisses de salaires et les privatisations, l’objectif est aujourd’hui de rassembler les luttes et les faire converger, réunir l’avant-garde actuellement en mouvement pour qu’elle entraine largement derrière elle des pans entiers de notre camp social qui ne sont, pour l’heure, pas dans la bataille. A ce titre, les exemples de rencontre, comme dans l’aéronautique le 17 septembre dernier à Toulouse, ou celle des transports à venir le 3 octobre prochain, sont des exemples à suivre et à reproduire largement. Pour que l’ensemble des travailleuses et travailleurs prennent leurs affaires en main, et imposent un rapport de force à la hauteur des enjeux actuels posé par la conjonction de la crise économique, sociale et sanitaire.


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