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Edito

Reconfinement, épidémie hors de contrôle : le gouvernement nous mène droit dans le mur !

Alors que Macron annoncera, ce mercredi, un probable reconfinement national, la situation devient de plus en plus incontrôlable. La faute à une gestion catastrophique de l'épidémie par le gouvernement.

Nathan Deas

28 octobre 2020

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Crédits photo : LP Olivier Corsan

Un tableau sanitaire toujours plus sombre

L’épidémie du coronavirus est à nouveau hors de contrôle. Le nombre de cas positifs est chaque jour supérieur à 40 000 depuis jeudi dernier. Selon les chiffres quotidiens de Santé Publique France, un bien triste record était atteint ce dimanche puisque 52 000 cas étaient recensés en seulement 24 heures. Ce mardi 523 décès étaient recensés, soit le nombre le plus important depuis avril. Selon Jean-François Delfraissy, le président du Conseil Scientifique, l’augmentation quotidienne du nombre de contaminations serait bien supérieure, puisqu’il affirmait lundi matin sur RTL, qu’elle se situerait « autour de 100 000 par jour ». Gilles Pialoux, responsable du service des maladies infectieuses à l’hôpital Tenon à Paris, tirait à son tour la sonnette d’alarme sur le plateau de BFMTV ce mardi et jugeait que l’épisode en cours est « plus critique, plus précoce, plus fort et plus impactant sur la vie de l’hôpital que ça l’était » au printemps. « On a perdu le fil de la circulation du virus, probablement dès le mois d’août. Elle est hors de contrôle. Il va falloir faire avec des semaines qui seront plus que difficiles ».

Le nombre d’hospitalisations ne cesse de grimper, la saturation des services hospitaliers et en particulier de réanimation crainte par les soignantes depuis les premiers signes d’une seconde vague épidémique n’est plus un horizon pressenti avec inquiétude mais une réalité. Une nouvelle fois c’est la continuité des soins au-delà des seuls malades du coronavirus, et l,es personnels hospitaliers déjà épuisés par la première vague et qui vont devoir affronter cette situation d’urgence sans plus de moyens, qui devraient en pâtir. Ainsi dans de nombreuses régions en France, des hôpitaux activent d’ores et déjà leur dispositif de crise. Le 26 octobre, le Grand-Est déclenchait le « plan blanc », en Ile-de-France, à partir de vendredi, ordre a été communiqué de « déprogrammer toutes les activités chirurgicales ( y compris ambulatoires) et médicales dès lors qu’ elles sont consommatrices de ressources humaines qui pourraient être utilement affectées dans les services de soins critiques et de médecine Covid ». A la suite de l’Auvergne-Rhône-Alpes, 80 % donc de l’activité hospitalière habituelle est mise à l’arrêt. Un dispositif qui pourrait rapidement être élargi à de nombreuses régions alors que selon les estimations des épidémiologistes, cette deuxième vague sera plus terrible encore que la première. Aux difficultés propres à la période hivernale et corrélativement à la baisse des systèmes immunitaires s’ajoute celles d’un virus hors de contrôle et présent sur l’ensemble du territoire.

Vers un nouveau confinement

Face aux nouvelles données, le gouvernement, totalement dépassée, aurait décidé de recourir non pas à un renforcement du couvre-feu, mais à un second confinement.

En ce sens deux réunions ont été convoquées par l’exécutif. Mardi matin, un conseil de défense sanitaire s’est réuni à l’Elysée « pour poser un diagnostic sur la situation » selon un membre de l’entourage d’Emmanuel Macron. À l’ordre du jour était prévue une discussion sur l’efficacité des mesures de couvre-feu introduites le 17 octobre dernier et réalisées sur deux-tiers du territoire français. L’après-midi, le premier ministre Jean Castex, a sollicité les dirigeants des partis politiques et des groupes parlementaires avant de convier dans la foulée les partenaires sociaux afin de préparer le terrain et l’annonce des prochaines mesures qui seront décidées mercredi matin, à l’occasion d’un nouveau conseil de défense sanitaire. Ce qui ressort donc de ce marathon des réunions, c’est le constat d’un bilan proprement catastrophique de la stratégie du couvre-feu, qui, de façon prévisible, n’a en aucun cas permis de réduire un temps soit peu la progression de l’épidémie. Dans ce cadre, le gouvernement semble tabler sur l’escalade répressive, avec ce scénario de reconfinement.

Selon les informations de France Inter l’exécutif aurait mis sur la table ce tour de vis autoritaire à échelle nationale, avec des dérogations professionnelles et des écoles et collèges qui resteraient ouvertes. La question des lycées est pour l’instant en balance, tandis que les universités devraient tenir leur cours en visioconférence. Plus encore, les principales victimes de ce reconfinement annoncé devraient être les petits commerçants, en particulier les restaurateurs, patrons de bar et autre petits commerces, déjà largement impactés par la crise, et qui pourrait être contraints à la fermeture. Une fois encore, les pistes du gouvernement se focalisent donc sur l’aide au grand patronat, laissant les petits commerçants et les travailleurs dans une situation critique. Les annonces de Macron, ce mercredi soir, devraient, selon différentes sources, valider cet ensemble de mesures, et en clarifier d’autres.

Huit mois après le début de la pandémie, toujours la même gestion : austéritaire et pro-patronale

Lorsque la première vague avait démontré l’impréparation des hôpitaux pour faire face à une épidémie de cette ampleur, du fait des décennies de casse de l’hôpital public, l’entrée dans la deuxième vague révèle que le gouvernement persiste sur sa ligne. Gilles Pialoux faisait ce matin sur BFM ce constat : « Je peux déjà écrire le deuxième tome » (il avait publié après la première phase un ouvrage intitulé Nous n’étions pas prêt) « On est toujours pas prêts. Il y a des choses qui étaient prévisibles. On paye un certain nombre de choses. On ne s’en sortira pas avec des demi-mesures. On a perdu le fil. (…) Il faut laisser de côté l’économie, l’économie c’est rattrapable, la réanimation loupée ça n’est pas rattrapable. Il faut arrêter d’opposer la santé à l’économie » (…) Moi mon opinion c’est que cette rentrée a été catastrophique et elle était prévisible. La politique c’est aussi prévenir et c’était quand même prévisible qu’il y aurait un brassage dans le monde du travail, dans le monde estudiantin et qu’en plus il ferait froid en octobre.(…) Le coercitif si vous ne l’accompagnez pas d’une politique de santé. On attend des mesures qui vont être difficiles mais qu’elles soient accompagnées de politiques sanitaires claires en France. On a pas de politique claire de dépistage en France (…) On a pas de réserve sanitaire. Le système dans lequel va se débattre l’hôpital public dans les mois à venir ne date pas seulement des dernières élections, ça fait quinze ans qu’on ferme des lits, cela fait 75000 lits de fermés. Il y a une responsabilité des politiques successives. Ça a évidemment une responsabilité par à l’état dans lequel on se trouve actuellement, on avait pas les moyens ».

La première vague avait révélé l’incurie des politiques imposées à l’hôpital depuis des décennies. Il avait manqué de tout, de masques, de lits, de médicaments, de personnels, de blouses, de respirateurs et de tests. Malgré les effets d’annonce du gouvernement quant à un Ségur historique la donne est inchangée. Il manque toujours des lits, en Ile de France, 73 % des lits de réanimation sont déjà occupés. Dans les Hautes-Alpes, le taux d’occupation des lits de réanimation atteint 137%. Dans la Loire et en Seine et Marne il grime à 109%. Dans le Gard, la Drôme, l’Isère et le Vaucluse le taux de saturation est supérieur à 90% selon Franceinfo. A l’échelle du territoire, plus de 50% des lits qui sont déjà indisponibles. Ce que révèlent de tels chiffres c’est l’état terrible dans lequel se trouvent les hôpitaux, qui avant même le Covid-19 fonctionnaient à flux tendus. Ce que rappelaient, la semaine dernière, les soignants de la région toulousaine dans un communiqué intersyndical : « Depuis 20 ans ce sont plusieurs dizaines de milliers de lits qui ont été supprimés, 8000 sur les 2 dernières années. Les "12500 lits de réanimation" annoncés par le ministre de la santé sont un mythe : pas un lit n’a été créé, il s’agit de lits existants pouvant être transformés, mais à quel prix ? Il est intolérable que pour la seconde fois de nombreux patients souffrant d’autres pathologies, parfois graves, se voient refuser l’accès aux soins à l’hôpital. Selon les premières estimations plusieurs milliers en mourront et plusieurs dizaines de milliers subiront une dégradation de leur état de santé ».

Parallèlement le gouvernement aura donné des milliards au patronat et annonçait le 3 septembre dernier un plan de relance de 100 milliards d’euros. Sur le plan sanitaire, la priorité aura toujours été accordée à l’économie, au maintien du grand capital et de l’activité, au prix de la santé des travailleurs et au maintien de clusters importants, sur les lieux de travail et dans les transports. 

Avant même les annonces de Macron ce mercredi soir, les grandes lignes sont donc claire : restrictions des libertés, mesures autoritaires, mise sous pression du personnels hospitaliers, étranglement des petits commerçant et mise en danger de la vie des travailleurs, en « restant souple » sur les mesures pour tout ce qui concerne le maintien de l’activité, y compris dans des secteurs non-essentiels à la lutte contre l’épidémie. Une souplesse et des cadeaux au grand patronat qui, on l’a vu avec la première vague, n’empêcheront pas les centaines de milliers de licenciements.

Dans cette situation dramatique, les directions syndicales continuent globalement de rester l’arme au pied, en se maintenant dans la logique du dialogue social. Alors que le gouvernement a maintes fois démontré son incapacité à gérer la crise, il s’agirait pourtant de se doter d’un plan de bataille pour imposer un programme sanitaire à la hauteur de la crise. Mais en l’absence d’un tel programme, et face à la forte reprise de l’épidémie, les travailleurs et travailleuses, les étudiants, vont de toute façon devoir prendre rapidement la situation en main pour éviter la catastrophe. Comme lors du premier confinement, il faudra arracher aux directions d’entreprises des équipements de protection, la transparence sur les cas de Covid sur leurs lieux de travail ou encore la fermeture des productions non-essentielles. Ce deuxième confinement pourrait ainsi démontrer à nouveau que ceux qui font tourner la société au quotidien sont les mieux à mêmes de combattre l’épidémie, en refusant de subordonner cette question à la réalisation de profits comme le font le patronat et ses alliés du gouvernement.


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