Toujours la même rengaine sur l’Université
C’est par une conférence de presse relativement bien relayée dans les médias que les dirigeants de la Cocarde ont lancé leur rentrée. Selon leurs dires, seize sections à travers la France réuniraient quelques 200 étudiants. Programmatiquement proche de la vieille association étudiante conservatrice qu’est l’UNI, la Cocarde réclame essentiellement dans sa propagande la fin de "l’égalitarisme", c’est à dire l’officialisation et le durcissement de la sélection (sociale) à l’entrée des facs, et le désinvestissement de l’Etat dans le budget du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche par l’accélération de l’autonomisation budgétaire des Universités. De quoi accompagner, en râlant même sur les lenteurs et les résistances, les réformes de l’ESR engagées avec succès sous Sarkozy et poursuivies sous Hollande, alors que leurs premiers effets en terme de manque de places se font ressentir en cette rentrée.
Alors que les corporations étudiantes fleurissent et prennent de plus en plus de place dans les élections universitaires face à l’UNEF, la place des "syndicats" de droite comme l’UNI, ou la Cocarde est plus marginal. Les liens existent entre ces associations de filières alliées en corporations et les militants plus souvent encartés de la droite universitaire. Le vote pour les corporations exprime une tendance à la perte d’influence de la gauche et du mouvement ouvrier dans les universités, et à l’organisation des étudiants des filières les plus traditionnellement à droite (comme le droit, la médecine, l’économie) pour imposer la défense de leurs potentiels futurs intérêts de classe au reste de la faculté.
A l’école des politiciens de droite
La Cocarde nous en dit long aussi sur les recompositions dans la jeunesse de la droite. Le départ de l’UNI de Maxime Duvauchelle et de sa clique est révélateur de la place que gagne le FN dans les rangs des jeunes militants appelés à devenir les candidats de la droite de demain, le contexte de reflux des luttes étudiantes depuis cinq ans facilitant cette dynamique. Si la Cocarde n’est pas entièrement sous contôle du FNJ, elle est clairement soutenue par le bras droit de Marine Le Pen, Florian Philippot. Ce triumvirat de partis dirigeant la Cocarde accorde une place égale à Debout La République et aux partisans du FN et de LR. Une configuration qui montre que chez les apprentis politiciens aux dents longues d’Assas, la carrière à l’extrême droite devient un débouché sérieux.
A l’instar de sa tentative d’implantation à Science-Po, le FN progresse en cette rentrée vers une insertion plus profonde dans les écoles de la bourgeoisie française. Un travail mené depuis quelques années avec sérieux par un parti qui manque encore de cadres et de relais locaux pour porter sa propagande dans les élections. Une tâche de banalisation aussi, pour incruster l’extrême droite, sa xénophobie, son élitisme de classe, son homophobie et son sexisme, dans le paysage idéologique de la jeunesse.
Face aux attaques contre l’Université, aux nouveaux relais étudiants de la droite dure, la reconstruction d’un syndicalisme étudiant de lutte, sur des bases démocratiques, anticapitalistes et antisexistes est plus que jamais à l’ordre du jour.
