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Qui est Sergio Mattarella, le Président italien, qui doit former un nouveau gouvernement ?

Après la démission du Premier ministre hier annoncée au Parlement, c'est désormais au tour de Sergio Mattarella, le Président de la République, de prendre les choses en main, autrement dit la crise gouvernementale énorme que traverse aujourd'hui l'Italie, depuis le 8 août dernier avec la volonté de Salvini de briser la coalition M5S-Ligue qu'il y avait depuis 14 mois, pour diriger seul.

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Salvini en tête des sondages, est pressé des élections

Dans ses discours et son attitude, Matteo Salvini ne cache pas ses ambitions d’accéder, seul, au pouvoir. S’il est le principal partisan d’une mise en place le plus rapidement possible d’élections législatives, c’est parce qu’il voudrait capitaliser sur sa popularité actuelle, la Ligue étant à ce jour créditée de 36,8% dans les intentions de vote dans un sondage daté du 1er août. Un résultat proche des 34,4% de la Ligue aux dernières élections européennes. Mais en réalité, si celle-ci représente ce taux d’environ 36% d’intentions de vote, la Ligue n’a que 17% de sièges au Parlement : pour cette raison Matteo Salvini est pressé, et a répondu à Conte qui l’avait qualifié d’ "irresponsable" et d’ "opportuniste" mardi au Parlement en disant qu’il demanderait au Président "la voie royale" du retour aux urnes car "en démocratie la chose la plus belle c’est voter".

Si tout se passait comme dans ses rêves, les élections pourraient être convoquées pour fin octobre, selon les délais constitutionnels. Mais le Président de la République, dont on a pour l’instant peu entendu parler, Sergio Mattarella, semble s’y opposer frontalement : pour lui, c’est la période qu’il devra dédier avec le gouvernement à la préparation du budget pour l’année 2020, c’est-à-dire qui fera l’objet de tractations avec l’Union Européenne.

Si les élections sont repoussées, quel gouvernement pour l’Italie ?

Repousser ces élections, avec quel gouvernement de transition, si celui de la coalition "jaune-vert" est aujourd’hui éclaté ? L’hypothèse la plus probable pour le chef de l’État serait de demander à Giuseppe Conte de rester à la tête de ce gouvernement pour un temps. En effet, il a évoqué sa crainte d’une spirale économique négative, et il pourrait gérer ce budget délicat s’il maintenait un gouvernement que les médias appellent "Conte bis".

Pendant que Salvini rêve seul de ses grands projets personnels, ses opposants s’activent. Matteo Renzi, l’ex-président du Conseil, et du Parti Démocrate, propose une nouvelle coalition avec ses anciens grands ennemis, le Mouvement 5 Étoiles. Au sein de son parti, Matteo Renzi reste très influent, et il est par ailleurs arrivé en deuxième position aux élections européennes. Du coté du Mouvement 5 Étoiles, plusieurs réponses émergent, dont celle très étonnante de Beppe Grillo, le comédien fondateur du M5S, qui appelle à un "front républicain" pour empêcher "les barbares d’arriver au pouvoir". Une chose est sûre, c’est que si ces deux partis veulent bien se mettre d’accords pour faire front contre la Ligue, ils lui ont pourtant prêté main forte. Hypocrites à pertes de vue, les deux poids de cette hypothétique nouvelle coalition ne semblent pas se souvenir des mesures ou soutiens ultra réactionnaires auxquels ils ont participé : que ce soit Renzi, qui était chef du gouvernement lorsque le ministre Minniti faisait des accords avec le gouvernement Libyen pour maintenir les migrants dans des camps de rétention sur les côtes du continent africain ; ou encore Giuseppe Conte, produit du M5S, qui, malgré son discours dur envers Salvini mardi au Parlement, n’a pas sourcillé depuis le mariage qu’ils ont fait il y a 14 mois, en portant des politiques xénophobes dont le décret sécurité immigration bis qui a été adopté début août, comme l’a rappelé Roberto Saviano [personnalité italienne de gauche qui lutte contre la mafia et la corruption] dans un tweet : " Un dangereux hypocrite, ainsi aurait dû être défini Giuseppe Conte, qu’on loue aujourd’hui comme s’il était un père de la patrie. Président, le ministre Salvini siégeait à vos cotés et vous n’avez pas empêché ce qu’il s’est passé cette dernière année. C’est tout ce dont on se souviendra de vous. "

Une autre alternative a été proposée par un autre ancien dirigeant du Parti Démocrate, Romano Prodi - ex-président de la Commission européenne - il appelle à former une coalition pro-européenne, avec le PD, le M5S et...Forza Italia, l’allié de Salvini dont le chef de file est Berlusconi. Mais cette coalition semble peu probable de tenir la route, même si elle a déjà un nom, coalition "Ursula", du même prénom de la nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dont l’élection avait fracturé la coalition, la Ligue ayant voté contre, et le M5S pour.

Enfin, Salvini avait été à l’initiative de proposer une alliance à Silvio Berlusconi et son parti Fratelli d’Italia, qui aurait pu obtenir une majorité absolue et inédite de plus de 50%, mais qui a avorté au profit d’une liste unique, avec les doutes de Berlusconi qui craignait une disparition de son parti.

La balle est désormais dans le camp du Président. Mais qui est ce Sergio Mattarella ?

Le Président italien Sergio Mattarella, un homme que les médias nomment "de principe très à cheval sur ses prérogatives", revient depuis mardi sur le devant de la scène comme arbitre de la crise politique qui vient d’éclater au sein du gouvernement.

Mattarella, un sicilien de 78 ans, avait été élu début 2015, au suffrage universel indirect : il est issu de la Démocratie Chrétienne (DC), et s’il est aussi peu connu, c’est que son rôle n’est sûrement presque qu’honorifique, mais il devient maître de la situation notamment lors des crises gouvernementales. Ainsi aujourd’hui, c’est pour cela que la balle est dans son camp. Sergio Mattarella va donc devoir faire le tri, parmi toutes ces propositions de coalition, pour former un nouveau gouvernement, ou maintenir l’ancien en demandant à Conte de rester pour un moment. Mercredi et jeudi de cette semaine vont être de lourdes journées pour le Président qui va recevoir l’ensemble des groupes parlementaires, pour conclure jeudi par le plus important, en termes de chiffres à 32% des voix aux dernières législatives, le M5S. Il initie ses consultations par un appel téléphonique avec son prédécesseur, Giorgio Napolitano (94 ans), et devrait donner une réponse au plus tard vendredi, pour cette crise politique.

Crédits photo : ©Vincenzo PINTO, AFP


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