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Fin du monde fin du mois

Procès Grandpuits. Écologistes et raffineurs unis contre Total pour défendre l’emploi et le climat

Pour l'ouverture du procès contre le PSE de Total à la raffinerie de Grandpuits, la CGT Grandpuits a donné une conférence de presse aux côté de Greenpeace et des Amis de la Terre. Raffineurs, organisations écologistes et soutiens politiques, les intervenants étaient unanimes : « fin du monde, fin du mois, même combat » !

Louison Méry

30 août 2021

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François Chartier de Greenpeace et Anna Lenna des Amis de la Terre aux côtés des raffineurs de Grandpuits et leur avocate Savine Bernard, devant le tribunal administratif de Melun pour s’opposer au PSE de Total qui prévoit 700 suppressions d’emploi

Ce matin, devant le tribunal administratif de Melun, une dizaine de journalistes ont assisté à la conférence de presse organisée par la CGT Grandpuits à l’occasion du procès qui l’oppose, aux côtés des CSE et CSEC, à la direction de Total.

Juste avant l’audience, une table ronde a réuni raffineurs, organisations écologistes et soutiens politiques.

Les intervenants sont unanimes : « fin du monde, fin du mois, même combat » !

Pour commencer, Adrien Cornet, délégué syndical CGT a insisté sur les 700 suppressions de postes induites par le PSE tout en critiquant la prétendue dimension écologique du projet de reconversion. François Chartier, responsable pétrole de Greenpeace France, a de son côté expliqué le sens de sa présence ici « c’est inacceptable d’opposer la fin du mois et la fin du monde. Ce sont les causes d’un même système contre lequel il faut se battre et Total est tout sauf un acteur de la lutte contre le changement climatique ». Il a d’ailleurs rappelé que la délocalisation des activités de raffinage dans des pays comme le Mozambique ou l’Ouganda n’a absolument rien d’une transition énergétique. C’est dans le même sens qu’Anna-Léna Rebaud des Amis de la Terre a expliqué que si la présence de militants écologistes aux côtés de raffineurs peut surprendre de prime abord, il est indiscutable que « la transition écologique de Total n’a rien à voir avec la notre ». Celle des Amis de la Terre est « juste, sociale » et ne se fait pas sur le dos des travailleurs. Au contraire, ce sont eux, au plus près du métier, qui connaissent les produits, les techniques et les procédés et c’est avec qu’il faut décider de l’avenir écologique de leur usine. D’ailleurs, un projet de reconversion alternatif est en train d’être élaboré par les raffineurs et les militants écologistes.

Savine Bernard, avocate de la CGT, du CSE et du CSEC a de son côté insisté sur l’articulation entre les suppressions d’emploi et l’absence de plan de prévention des risques alors qu’il s’agit d’un site SEVESO seuil haut. Alors que le code du travail est clair et que selon lui, « le travail doit s’adapter à l’homme », la direction assume n’avoir rien prévu hormis des ateliers de « pensée positive ». Rien sur les risques industriels, biologiques ou chimiques. Au contraire, « la direction a fait un plan de prévention des risques qui tient sur une seule page. Elle dit elle-même qu’elle évaluera les risques plus tard ».

Gérard Filoche, ancien Inspecteur du travail et porte-parole de la gauche démocratique et sociale va dans le même sens et souligne la nature profondément politique du dossier : « Le rapport de force juridique sur l’homologation du PSE est très incertain. C’est la raison pour laquelle il faut s’appuyer sur le rapport de force social. En réalité, c’est le Ministre du travail qui donne la consigne de céder à Total ou pas, et ne pas céder à Total c’est montrer qu’il est possible de faire reculer la première entreprise de France ». Dans le contexte de la crise sanitaire, il ne fait aucun doute que donner raison aux raffineurs c’est envoyer le signal qu’il est possible de faire plier la multinationale et donner espoir à des millions de travailleurs.

Julie Garnier, députée FI de la Seine-et-Marne a de son côté rendu hommage à ces travailleurs de la première ligne : « On est là pour adresser un message politique. Ceux qui prennent le plus de risques, contrairement à ce que disait Macron, ce ne sont pas les actionnaires, ce sont les salariés mais c’est aussi vous, la population, les victimes de Lubrizol. Ceux qui sont en 1ere ligne ce sont des salariés et ceux qui sont en 2ème ligne, ce sont leur familles ».

Ainsi, ces différents intervenants constituent l’arc de force large qui s’est mis en place pour entourer de solidarité les raffineurs de Grandpuits qui poursuivent leur combat pour l’emploi et l’environnement. Si le délibéré de l’audience sera rendu demain, une chose est sûre, c’est par la mobilisation de tous et toutes qu’il est définitivement possible d’incarner dans la pratique le fameux : « fin du monde, fin du mois même combat ! »


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