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Bataille du rail

Pression, lock-out, diffamation… Jusqu’où ira la SNCF pour casser la grève des cheminots ?

Alors que les cheminots sont massivement descendus dans la rue jeudi dernier et qu'ils ont prévu de se mettre en grève à partir du 3 avril contre la réforme du rail, la SNCF s'organise de son côté afin de mâter la contestation qui commence à s'exprimer. Pressions, intimidations, diffamations, pratiques illégales, tous les coups sont permis pour tenter de tuer dans l’œuf la contestation naissante et de casser la grève.

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La direction de la SNCF est aux abois, et il faut dire qu’il y a de quoi. En effet, depuis l’annonce de la réforme du rail qui va détruire le statut des cheminots et privatiser la SNCF, la colère des cheminots ne retombe pas. Le 22 mars, ils étaient nombreux dans la rue, le taux de gréviste s’élevant quant à lui à 35 % alors que seul Sud Rail, suivi de l’Unsa, avaient appelé à la grève. De quoi mettre la pression sur le gouvernement qui, face à cette configuration, joue dorénavant davantage la carte du dialogue social et des négociations qu’auparavant. Face à cette pression mise sur le gouvernement, qui est toujours aussi « déterminé à mener cette réforme essentielle », la direction de la SNCF tente d’organiser une riposte et de briser la contestation naissante des cheminots et leur grève.

Méthode classique, celle-ci commence à remuer du côté des cadres pour que ces derniers remplacent les grévistes. La direction pousse en effet des cadres, qui n’y connaissent rien en trains, à suivre des formations techniques, allant de quelques heures à quelques jours. Leur rôle sera entre autre d’« encadrer » les conducteurs et autres personnels non grévistes. La SNCF a dès lors distribué massivement un « Appel à la candidature ».
Cependant, on peut se poser la question de l’efficacité de cette stratégie de sabotage de grève, à l’heure où, chose plus ou moins historique, une part non négligeable de cadres est mobilisée contre la casse du statut de cheminot. Leur taux de grévistes était en effet important jeudi dernier. Face à cette réalité, qui met une fois de plus la SNCF en difficulté, la direction ne recule pas et joue à l’intimidation et à la pression auprès des cadres pour qu’ils ne se mettent pas en grève, comme le dénonce la CGT-cheminots, qui parle même de la mise en place de lock-out de bâtiments de la direction dans le but d’imposer aux cadres de remplacer les grévistes.

Autre pratique de sabotage de la grève, la direction a fait venir au technicentre du Landy, en Seine Saint-Denis – bastion très combatif qui a organisé une Assemblée Générale le 22 et a voté la reconductible à partir du 3 – des travailleurs de la filiale anglaise pour remplacer les grévistes sur l’Eurostar. Une pratique courante bien que totalement illégale, qui va à l’encontre du principe du droit de grève ! Le tout accompagné de mensonges, puisque la direction de la SNCF a nié totalement ces faits.

Le 22, cette même direction a également tout fait pour limiter la présence des cheminots dans le cadre de la montée nationale appelée par la CGT. Arrêt de lignes permettant de rejoindre les grands axes, suppression des trains amenant les grévistes sur Paris...

A côté de ça, les menaces financières. Ainsi, dans le cadre de la grève perlée, deux jours sur cinq, appelé par la CGT, l’Unsa et la CFDT, la direction considère celle-ci comme une seule et unique grève, et non plusieurs. Ainsi, les jours de repos en période de grève seront systématiquement décomptés, même s’ils font suite à des jours travaillés. La SNCF enlèvera alors les repos comme si c’était une reconductible.

A côté de toutes ces pratiques, la bataille du côté de l’opinion publique se poursuit. Le cheminot bashing, avec la récente campagne de publicité mensongère contre les soi-disant privilèges des cheminots, représente lui aussi une attaque visant à discréditer et à briser la contestation cheminote. Une propagande pas directement lancée par la SNCF, mais approuvée par un silence complice. Lors des différents conflits, les cheminots ont été habitués à la violence de la direction de la SNCF, qui, encore une fois, remet ces pratiques sur la table. Des pratiques qui témoignent de l’importante fébrilité et de la difficulté dans laquelle la direction de la SNCF, mais aussi le gouvernement, se trouvent.
Dans ce bras de fer et face à ces difficultés, leur réponse est toujours la même, répressive. Une logique à laquelle se heurtent tous ceux qui tentent de relever la tête et qui se mobilisent contre ce gouvernement et ses contre-réformes - la répression qui se mène actuellement dans les universités en témoigne. Mais à l’image des étudiants, qui depuis la répression de leur mouvement par le gouvernement, les forces de l’ordre et même des groupuscules fascistes se mobilisent de plus en plus, en témoignent les assemblées générales massives dans les facs, la logique répressive pourrait avoir un effet contraire sur les cheminots que celui escompté par le gouvernement et la SCNF. Gageons que leurs AGs seront massives elles aussi au matin du 3 avril.


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