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Coronavirus et retour en classe.

Près de 41 % des élèves et personnels d’un lycée de l’Oise infectés

Réalisée par l’Institut Pasteur, la première étude sur la circulation du COVID-19 en milieu scolaire révèle que 41 % des personnes fréquentant le lycée de Crépy-en-Valois, dans l’Oise, ont été infectées. Alors que le gouvernement a fait du retour en classe une priorité dans le cadre d’un déconfinement programmé « à partir du 11 mai », ces résultats s’ajoutent à la liste des éléments qui remettent en cause le bien-fondé d’une réouverture précipitée des écoles.

Tristane Chalaise

26 avril 2020

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Le choix du lycée de Crépy-en-Valois pour la première étude dédiée spécifiquement à la circulation du Coronavirus en milieu scolaire n’est pas anodin. L’Oise a été l’un des épicentre dans la diffusion de la maladie en France, et c’est dans cet établissement qu’enseignait la première victime française du coronavirus, un professeur de technologie de 60 ans décédé le 26 février 2020.

L’étude sérologique menée par l’Institut Pasteur entre le 30 mars et le 4 avril, dont les résultats simplifiés ont donné lieu à un communiqué de presse jeudi dernier, révèle un taux de contamination significativement plus élevé chez les personnes fréquentant le lycée que parmi leurs proches : tandis que le taux d’attaque est de 11 % dans les familles des lycéens, 41 % des personnes ayant fréquenté le lycée (lycéens, enseignants, personnel non enseignant) ont été infectées par le virus, qu’elles présentent au non des symptômes. Dans le détail, ce sont surtout les personnels non-enseignants (personnels administratifs, agents d’entretien) qui ont été les plus touchés (avec 59,3 % de positifs au SARS-CoV-2), puis les professeurs (43,4 % de positifs) et enfin les élèves (38,3 % de positifs). Dans le communiqué de presse, les chercheurs soulignent par ailleurs que « les vacances scolaires le 14 février, et le confinement de Crépy-en-Valois, le 1er mars, ont entrainé une forte baisse de la circulation du virus » au sein de la population.

Les résultats de cette étude viennent ainsi remettre en cause le discours rassurant porté par le gouvernement, qui tente, depuis l’annonce de la réouverture des écoles à partir du 11 mai, de rassurer enfants, familles et enseignant.e.s en minimisant les risques de la réouverture des crèches et écoles dans la propagation de l’épidémie. D’après l’étude de l’Institut Pasteur, le lycée de Crépy-en-Valois semble avoir été un vecteur important dans la transmission du virus dans l’Oise, non seulement parce que le taux d’infection y était plus fort que la moyenne dans le bassin de vie, mais aussi parce que la fermeture de l’établissement a eu un impact sur la baisse de la circulation du virus. C’est d’ailleurs ce que confirme la Conseil Scientifique COVID-19, qui, dans une note publiée le 24 avril, confirme que la fermeture de l’établissement a « eu un effet immédiat sur la transmission du virus ». S’appuyant sur des données scientifiques, cette note, consacrée aux « Enfants, écoles et environnement familial dans le contexte de la crise COVID-19 », souligne par ailleurs que « la proportion de cas positifs [au COVID-19] est la même que celle des adultes pour les enfants de 10 à 19 ans (autour de 15 %) », bien qu’elle soit plus faible (autour de 6 %) pour les enfants de moins de 10 ans. Bien qu’il ait été contraint de changer son fusil d’épaule suite aux annonces du gouvernement, on peut souligner que ce même Conseil Scientifique préconisait, dans une note rédigée le 20 avril, mais jamais publiée, la fermeture des écoles jusqu’en septembre, en raison du « risque de transmission important dans les lieux de regroupement massif que sont les écoles et les universités ».

Une fois encore, la réouverture des crèches et des établissements scolaires à partir du 11 mai apparaît une décision arbitraire et précipitée, qui va à l’encontre des préconisation des scientifiques et des médecins. Les préoccupations sanitaires, qui devraient être au centre du processus de déconfinement, sont loin d’être l’objectif du gouvernement, qui a choisi de privilégier la reprise de l’économie, au mépris de la santé de la population. L’objectif est avant tout de décharger les parents de la garde de leurs enfants, afin de les contraindre à retourner au plus vite au travail, quels que puissent être les risques pour leur santé, celle de leurs enfants et celle des personnels qui les accueillent. Une stratégie que le gouvernement risque de payer cher. Ces dernières semaines, le cas du Japon a en effet démontré l’absurdité et les dangers d’une réouverture trop rapide des écoles : le premier ministre, qui avait fait le choix de rouvrir les écoles au début du mois d’avril, a été contrait de les refermer au bout de deux semaines, suite à une recrudescence de cas. S’il est impossible, et même pas souhaitable, de poursuivre indéfiniment un confinement total, il est nécessaire d’opposer au déconfinement purement économique souhaité par le gouvernement un autre déconfinement, fondé sur des principes sanitaires et qui prenne en compte des données scientifiques indépendantes. Nos vies valent plus que leurs profits !


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