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Grèce

Première grève générale contre le gouvernement de Syriza

Josefina Martinez, Madrid. Les deux grandes centrales syndicales du public et du privé, ADEDY et la GSEE, appellent à la grève générale de 24h jeudi. Il s’agit de la première grève contre les mesures d’austérité du gouvernement Syriza-Anel.

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Ce jeudi il n’y aura pas de transports publics dans la région d’Athènes. Il n’y aura pas de métro, ni de train. Les bus et quelques lignes de trains urbains ne rouleront que pour quelques heures et le restant de la journée ils se joindront à la grève. Leurs syndicats ont adhéré à la grève convoquée par l’ADEDY et la GSEE.

L’une des mesures les plus contestées par les manifestants est la réforme du système de retraites qui implique de repousser l’âge de départ à la retraite et des réductions des montants reçus. Les syndicats contestent le fait qu’avec les nouvelles mesures, il faudra travailler jusqu’après les 67 ans pour pouvoir prendre sa retraite. Le président de la GSEE, Yannis Panagopoulos, a qualifié ces mesures de « monstrueuses » et « douloureuses », et a déclaré qu’elles détruiront le système de retraites.

La centrale du secteur public (ADEDY) appelle aussi à manifester et faire grève. Les travailleurs du secteur public avaient déjà fait une journée de grève générale en juillet quand le troisième mémorandum avait été voté. Aussi, le 21 octobre dernier ils se sont mobilisés au Ministère du Travail et de la Sécurité sociale pour s’opposer aux coupes dans les fonds de retraite des travailleurs du secteur public.

Le courant syndical PAME, lié au Parti Communiste (KKE), appelle aussi à la grève et à manifester dans plus de 50 villes du pays.

L’UE exige plus de réformes à la Grèce

Lors de la réunion de l’Eurogroup de lundi dernier, on a réitéré les exigences vis-à-vis d’Athènes pour que le gouvernement complète et accélère le processus de réformes du troisième mémorandum. Les membres de la zone euro ont bloqué le paiement d’une nouvelle tranche de deux milliards d’euros tant que la Grèce n’aura pas avancé dans les mesures qui « stimulent » la recapitalisation des banques, comme la réforme de la loi des hypothèques et les sanctions plus dures pour les « mauvais payeurs ».

La question des hypothèques est problématique, car le gouvernement voulait protéger d’éventuelles expulsions locatives 72% des hypothèques. Or, les membres de l’Eurogroupe prétendent que seulement 20% des hypothèques sont « protégées ». D’après la presse locale, le gouvernement serait prêt à descendre jusqu’à 55% d’hypothèques protégées des expulsions.

Un autre point conflictuel concerne la manière de remplacer les entrées d’argent que l’on espérait obtenir avec l’imposition d’une TVA de 23% pour l’enseignement privé, mesure qui a finalement été mise de côté. L’hypothèse que l’on envisage serait d’augmenter la TVA des jeux de hasard. Mardi dernier Tsipras a affirmé devant l’Eurogroupe que toutes les mesures seront prêtes la semaine prochaine, ce qui démontre sa disposition à appliquer coûte que coûte les exigences de la Troïka.

Les grèves générales et le gouvernement de Syriza

Entre 2009 et 2012, la Grèce a vécu près de 30 grèves générales, dont 25 dans la période qui va du début de la crise en 2010 jusqu’à 2012. Dans cette période on a vu des mobilisations de masse et des luttes partielles, des expériences d’occupation et de contrôle ouvrier dans des petites entreprises, des luttes ouvrières dures et longues, et des phénomènes étudiants et de la jeunesse, comme le « mouvement des places ». Mais les directions bureaucratiques ont joué un rôle déterminant afin que ces luttes ne se radicalisent pas et ne convergent pas non plus. C’est ce qui a empêché de vaincre les plans de la Troïka.

Depuis 2012, la forte progression électorale de Syriza a marqué un changement du climat politique. Les deux années qui ont suivi, même si la mobilisation sociale n’a pas complètement disparu, il y a eu un ralentissement dans son rythme en même temps que certaines illusions vis-à-vis d’un « gouvernement de gauche » de Syriza qui pourrait mettre un frein aux mesures d’austérité de la Troïka.

En janvier de cette année, Syriza a remporté les élections, mais toutes les expectatives ont été rapidement frustrées quand, six mois après, Alexis Tsipras capitulait sur toute la ligne face à la Troïka en devenant un instrument de l’application de l’austérité.

La signature du troisième mémorandum a eu un effet démoralisateur puisqu’il signait une défaite – sans bataille – pour les travailleurs et les classes populaires en Grèce. Et cela de la main du parti présenté comme le « modèle » de la gauche européenne qui prétendait lutter contre l’austérité.

L’appel à la première grève générale contre le gouvernement Syriza-Anel, avec d’autres mobilisations et luttes partielles, se produit dans une nouvelle période où les travailleurs et la jeunesse devront reconstruire leurs forces et formes d’auto-organisation pour s’affronter au gouvernement Syriza-Anel et ses attaques antipopulaires.


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