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Augmentation des salaires !

Première grève du quinquennat : chez AAA, on se mobilise pour les salaires !

Chez AAA, comme dans de nombreuses autres boîtes dans le pays, les grèves pour les salaires ne laisseront pas d’état de grâce pour le nouveau quinquennat de Macron !

Joël Malo

26 avril 2022

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Le 26 avril marquait le dernier jour des NAO (Négociations Annuelles Obligatoires) chez AAA, sous-traitant aéronautique. La direction a jusqu’ici joué la carte du mépris et de la division, en proposant seulement 2% d’augmentation générale et 1% d’augmentation individuelle aux non-cadres pour l’année 2022 (pour les cadres, une augmentation individuelle de 3,1%). Après avoir supprimé 415 emplois lors d’un PSE en 2020, la direction propose désormais aux salariés d’accepter de perdre du salaire, grignoté par l’inflation.

Une situation acceptée par FO et la CFE-CGC qui ne revendiquent que des miettes en plus, et jouent le jeu des augmentations individuelles, qui permettent aux chefs de diviser les salariés à la tête du client. Bien entendu, la docilité de ces syndicats ne reflète pas l’état d’esprit des travailleurs qui refusent de se faire plumer sans rien faire.

C’est la section CFDT de l’entreprise qui a appelé à la grève et à un rassemblement sur les différents sites de l’entreprise (Toulouse, Saint Nazaire, Tarbes, Bordeaux, Nantes, Carquefou, Meaulte, Marignane, Biarritz).

A Toulouse, c’est une bonne centaine de grévistes qui se sont rassemblés. Beaucoup expliquent leur colère du mépris de la direction, qui les a remerciés d’avoir travaillé sans protection pendant le premier confinement en licenciant massivement, qui n’a fait aucun geste pour les salariés. Ils sont nombreux à avoir la sensation que leur travail sert à « engraisser des actionnaires ». Pourtant, « c’est eux qui font tourner l’aéro ! » lance un gréviste en montrant ses camarades sur le piquet de grève ce matin. Une évidence, puisque certaines prestations assurées par les salariés de AAA, comme la flight line de l’A320 sont bloquées du fait de la grève.

Les grévistes se sont joints à l’appel de la section CFDT pour revendiquer au moins 5 % d’augmentation générale. « Une question de principe quand il y a une inflation à 4 % » pour un mécanicien gréviste. « Il y a le côté salaire, mais il y a aussi le côté respect des salariés ».

« Aujourd’hui tout augmente sauf les salaires » lâche Arnaud, délégué syndical CFDT. Une colère qui a fait débrayer les salariés sur la plupart des sites de AAA, avec de bons taux de grévistes à Carquefou, à Méaulte ou à Tarbes, où la quasi-totalité de la vacation de jour a débrayé.

Certains salariés sont venus sur le piquet, bien qu’ils ne travaillent pas ce jour-là, pour être aux côtés de leurs collègues dans la grève. Une difficulté à prendre en charge en effet puisqu’en tant que prestataire de services, les salariés de AAA sont dispersés sur divers chantiers et ne travaillent pas tous au même endroit. A l’image finalement d’une industrie aéronautique dont l’activité est disséminée dans des centaines d’entreprises sous-traitantes. Ce qui offre un pouvoir de division et de mise en concurrence énorme au patronat du secteur. Si on voit fleurir des résistances et des actions de grève dans plusieurs entreprises du secteur sur les salaires, le fait que cette question soit traitée boîte par boîte dans les NAO de chaque entreprise disperse les forces combatives des salariés, et l’impact de leurs actions. La coordination à échelle de la filière aéronautique devient de plus en plus urgente.

C’est dans ce sens, pour tisser des liens, que des ouvriers de différentes entreprises aéronautiques étaient présents sur le piquet pour soutenir la lutte des AAA, notamment Simon Gazano, délégué syndical CGT aux Ateliers de Haute-Garonne, et militant à Révolution Permanente qui a rappelé l’importance de cette unité à construire entre sous-traitants, contre les tendances à l’isolement induites par les NAO.

Face à la pression des grévistes, la direction a décidé de revoir sa copie, en s’alignant sur les demandes de FO et de la CFE-CGC, qui en demandant une « hausse » inférieure à l’inflation défend… une baisse de salaire ! Ainsi, la direction a proposé 3 % d’augmentation générale et 0,6 % de la masse salariale d’augmentation individuelle (4 % pour les cadres). « Une proposition inacceptable » pour le délégué CFDT, qui ne se fait pourtant pas d’illusions sur le fait que les deux autres syndicats vont valider l’accord.

Les salariés ont lancé un signal d’alarme. Il y a des choses indéniables : après la crise du Covid, les licenciements et aujourd’hui l’inflation, les salariés savent qui est avec eux et qui est avec le patron ; aujourd’hui les salariés de l’entreprise ont montré qu’il existait une colère importante. Comme dans de nombreuses entreprises de l’aéronautique et du privé plus largement à travers tout le pays, il s’agit maintenant de faire converger tous ces foyers de colère pour gagner des augmentations de salaires qui ne pourront être obtenues que de haute lutte contre le patronat !


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