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Pourquoi Vidal et le gouvernement ne veulent pas de la validation automatique des partiels ?

Alors que la crise du coronavirus est loin d’être terminée, les présidences d’université, main dans la main avec le gouvernement, multiplient les coups de force pour imposer le passage des partiels en ligne. Il s’agit pour eux de préparer les attaques à venir contre la jeunesse.

Georges Camac

4 mai 2020

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« Il ne sera pas possible de neutraliser le second semestre, ni de mettre systématiquement des notes supérieures à 10/20. Et si d’aventure, certains étaient tentés de le faire, le ministère jouerait son rôle de régulateur et ne validerait pas les épreuves évaluées de cette manière. Il est demandé aux établissements, même dans les conditions actuelles, de garantir la qualité des diplômes » : ces propos, tenues par Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, le 21 avril dernier, illustrent bien le jusqu’au boutisme du gouvernement sur la question des examens, prêt à passer en force, y compris contre la supposée « autonomie » des universités.

Les coups de force se multiplient pour imposer le passage des examens

Sur le terrain, le message a bien été compris par les directions universitaires qui imposent la tenue des partiels en ligne, malgré le chaos des conditions de préparation de ces examens, et l’énorme inégalité entre les étudiants obligés de continuer à travailler et ceux qui peuvent réviser sereinement. Depuis lundi dernier, l’université de Lille a ainsi lancé une séquence de partiels en ligne… comme si de rien n’était. Dans de nombreuses autres universités, c’est la modalité du contrôle continu à distance qui a été retenu et les étudiants sont sommés de rendre des devoirs écrits.

Ce maintien des partiels a été dans plusieurs universités l’objet de véritables coup de force de la part des présidences universitaires contre la « démocratie universitaire », déjà assez fictive en temps normal. L’exemple le plus criant est celui de l’université Paris 1 où le président a fait invalider la décision de la CFVU qui avait voté la validation automatique des partiels, alors que cet organe est normalement compétent en matière de réglementation des examens. Ce vendredi, la présidence a même mis fin de manière autoritaire à la seconde séance de la CFVU après que celle-ci se soit vue mise en minorité.

Si elles sont moins spectaculaires qu’à Paris 1, ce genre de scènes s’est répété dans les conseils de plusieurs universités. A l’université du Mirail, la présidence a refusé de soumettre au vote la motion des élus étudiants demandant une note plancher pour les examens. Même chose à l’Université de Bordeaux où l’UNEF s’est vue refuser sa motion relative aux examens. A l’université de Bordeaux Montaigne, la présidence n’a même pas pris la peine de réunir les conseils pour décider de la mise en place d’un contrôle continu.

Le spectre d’une université encore plus élitiste, autoritaire et adaptée aux besoins du patronat

Ce jusqu’au boutisme du gouvernement, accompagné de manière complice par les directions d’université, a de quoi surprendre. La validation automatique des partiels, si elle est souvent fait à contre-cœur, n’est pas une nouveauté. Lors des grands mouvements de contestation, par exemple en 2007 et en 2016, plusieurs UFR dans différentes universités l’avaient accordé.

Mais cette fois-ci le contexte est bien différent. Cela fait plusieurs dizaines d’années que les gouvernements successifs tentent de mettre fin au modèle de l’université publique hérité de Mai 68. Mais face à la tradition des luttes étudiantes qui se maintient, ceux-ci n’y parviennent que partiellement et sont bien loin des ambitions des capitalistes français et de leur meilleur représentant, Emmanuel Macron, qui n’a jamais caché ses intentions de réforme de l’université.

Depuis son arrivée au pouvoir, celui-ci a fait passer plusieurs réformes dont la loi ORE/ ParcourSup qui introduit la sélection dès l’entrée à l’université. Mais celle-ci n’a atteint son objectif que partiellement : elle n’a pour l’instant pas permis de réduire les effectifs étudiants qui continuent d’augmenter d’année en année même si de manière plus réduite. Avec le coronavirus, la tendance pourrait bien changer car de nombreux étudiants vont se retrouver percutés par la crise et avoir plus de difficultés à obtenir les partiels. C’est le sens du jusqu’au-boutisme du gouvernement et des directions d’université : renforcer une université toujours plus élitiste et autoritaire sur fond de crise du coronavirus.

Macron prépare les futures attaques contre la jeunesse et l’université

Le gouvernement porte une responsabilité criminelle dans la grave crise sanitaire actuelle. Après avoir détruit les systèmes de santé, n’avoir pas préparé les tests et les masques dont nous avions besoin, celui-ci a poussé les salariés à reprendre le travail pour le seul profit des capitalistes. Mais plus que cela, Macron compte bien s’appuyer sur la crise actuelle pour faire passer de nouvelles attaques. Cela a déjà commencé avec les ordonnances qui attaquent le droit du travail, permettant de travailler jusqu’à 60h par semaine dans certaines branches. Et ce n’est que le début.

La jeunesse va être particulièrement touchée par ces attaques, y compris la jeunesse scolarisée quand on sait que 50% des étudiants travaillent à côté de leurs études sur l’année scolaire. Beaucoup d’entre eux, qui avaient des contrats précaires, ont déjà perdu leur travail ou doivent prendre des risques pour aller travailler sans les protections nécessaires. Et avec la grave crise économique qui se prépare, la situation va aller en s’aggravant car les capitalistes comptent bien nous la faire payer.

Cette situation va approfondir la situation de crise que connaît déjà l’université où de nombreux diplômés ne trouvent pas de poste correspondant à leur niveau d’études et accroître la pression du chômage qui pèse sur la jeunesse. Cela deviendra un coup sûr un argument pour faire passer de nouvelles attaques contre les universités, dans le contexte de l’austérité qui vient.

C’est pourquoi refuser le coup de force des présidences d’université et exiger la validation automatique pour tous avec une note plancher de 10/20 est aujourd’hui le premier pas d’une bataille à mener pour que ce soient les capitalistes qui payent pour la crise dont ils sont les premiers responsables.


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