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Extrême-droite

Portugal. Un néo-nazi sous contrôle judiciaire autorisé à partir combattre en Ukraine

Mario Machado, leader néonazi portugais, responsable de plusieurs crimes racistes et condamné pour appel à la haine et détention d’armes, vient de voir sa sanction judiciaire actuelle levée par la justice portugaise pour des « raisons humanitaires » : il souhaite en réalité aller combattre en Ukraine. Un symptôme de la tolérance des pays impérialistes avec l’extrême droite qui agit en Ukraine, pourvu qu’elle appuie leurs intérêts.

Olga Hagen

22 mars 2022

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Il devait se présenter tous les quinze jours à la police pour « possession d’arme illégale, discrimination raciale et incitation à la haine sur Internet ». Pourtant le tribunal portugais vient de céder à la demande de Mario Machado, militant néonazi, d’être libéré de son obligation pénale, afin de lui permettre de se rendre en Ukraine.

Mario Machado est directement relié à de multiples crimes racistes, dont celui d’Alcindo Monteiro, portugais d’origine capverdienne sauvagement assassiné la nuit du 10 juin 1995, où plusieurs lynchages de personnes noires avaient eu lieu dans le quartier de Bairro Alto à Lisbonne. Il avait pour cela écopé de quatre ans et trois mois de prison.

Dans un communiqué condamnant cette décision, l’organisation anti-raciste SOS Racismo,, souligne que « ses liens avec l’extrême droite européenne, y compris ceux avec le mouvement néo-nazi en Ukraine, sont bien connus ». En effet, il est célèbre pour avoir été membre de différents groupes d’extrême droite, notamment « Fraternité Aryenne », le « Mouvement d’Action Nationale » ou encore « Hammerskin Nation », la branche portugaise de l’un des principaux groupes néonazis et suprémacistes blancs américain. Il a également fondé et dirigé les organisations « Nova Ordem Social » et « Frente Nacional ».

La guerre en Ukraine et le risque de renforcement des groupes d’extrême-droite

La relaxe a été faite « compte tenu de la situation humanitaire en Ukraine » d’après un juge du Tribunal Central d’Instruction Criminelle (TCIC). Or étant donné le profil et le passif de Machado, il n’est pas question pour lui d’aller « faire de l’humanitaire », mais bien d’utiliser l’Ukraine pour rejoindre sur place des groupes armées d’extrême droite , dont il est proche politiquement.

L’extrême droite ukrainienne, en l’occurrence des groupes authentiquement fascistes comme le bataillon Azov, s’est en effet considérablement renforcée à la faveur du conflit avec la Russie, avec l’afflux de militants venants de l’étranger.

Avant 2014 et l’invasion de la Crimée par Poutine puis la création des républiques séparatistes pro-russe de Donetsk et Lougansk dans le Dombass, Azov était un bataillon paramilitaire ukrainien, au noyau nazi, composés d’environ 800 hommes. Aujourd’hui, il s’agit d’un régiment militaire institutionnalisé qui contiendrait entre 3 500 et 4 000 hommes venus de toute l’Europe pendant cette guerre.

Le séjour de militants néonazis en Ukraine est dès lors particulièrement inquiétant, d’autant que beaucoup en profitent pour se former et s’entraîner au combat, avant de retourner dans leur pays d’origine pour continuer leurs actions, à l’image du leader des Zouaves, qui s’était rendu en Ukraine en 2019. Un risque qui pourrait s’accroître à mesure que le conflit se poursuit.

… Avec la complicité des pays impérialistes

En effet, comme évoqué dans notre article sur l’extrême-droite en Ukraine, il apparait comme fort probable que cette extrême-droite armée et entraînée va jouer un rôle politique dans le futur de l’Ukraine et à l’international, quel que soit le résultat de la guerre en cours. Les Etats impérialistes en Occident, et donc le Portugal également, sont bien conscients de l’activité militaire et politique des organisations d’extrême-droite en Ukraine, sans que cela ne modifie leur politique.

Ainsi 2016, après avoir dans un premier temps déclaré, conjointement avec le Canada que « leurs propres forces ne soutiendraient ni n’entraîneraient le régiment Azov », en raison de la présence de néonazis, Washington a fini par lever cette interdiction sous la pression du Pentagone.

Aujourd’hui, si le Portugal cède aux demandes d’un néonazi pour qu’il aille se rendre en Ukraine, malgré la très forte probabilité qu’il y rejoigne des groupes fascistes, c’est bien parce que les pays impérialistes et membres de l’Otan savent que dans le conflit actuel, l’extrême-droite ukrainienne armée agit dans le sens des intérêts de l’OTAN.

Une telle tolérance est un signal alarmant, tandis que certains secteurs de l’alliance atlantique, notamment aux Etats-Unis estiment qu’ à défaut d’intervenir directement, il faut organiser le pourrissement du conflit ; un scénario qui serait désastreux pour la population ukrainienne.
Ces tendances au sein de l’appareil d’Etat des USA montre une nouvelle fois que l’OTAN ne peut être un allié pour garantir l’indépendance de l’Ukraine, surtout quand on connaît son passif d’aider et d’armer les groupes les plus réactionnaires, pour affaiblir un de leurs alliés, comme cela a pu être le cas au Moyen-Orient pendant la guerre froide.

A l’inverse, si Poutine cherche à amplifier la réalité de la présence de néonazi en Ukraine pour alimenter sa propagande et justifier sa politique réactionnaire, ce sont ses interventions militaires qui renforcent ces franges armées. Ces dernières risquent ainsi de gagner du terrain du fait de la guerre, et les classes populaires ukrainiennes seront les premières à en subir les conséquences.

En cela, il faut dénoncer cette guerre réactionnaire menée par Poutine, sans placer d’espoirs dans l’OTAN qui a semé les graines du conflit actuel à travers sa politique d’encerclement de la Russie et de réarmement des pays voisins, et qui tolère aujourd’hui des groupes néonazis dans ses alliés.

Contre Poutine et l’OTAN, seule une politique de classe et internationaliste, indépendante des groupes réactionnaires et nationalistes et de l’Etat ukrainien, est capable de permettre une Ukraine véritablement indépendante


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